Ces dernières semaines, la France a été touchée par plusieurs vagues orageuses qui ont généré des grêlons aux dimensions incroyables, de 8 à 10 cm de diamètre. Comment un tel phénomène peut-il se produire et est-il inédit ?
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Les orages les plus violents sont capables des phénomènes dignes des films catastrophe hollywoodiens : tornade, vents soudains à plus de 100 km/h, pluies diluviennes qui inondent les villes en l'espace de quelques minutes, mais aussi, des grêlons géants. Le phénomène n'est pas rare dans les régions du monde connues pour abriter les orages les plus violents de la Planète : les États-Unis, l'Amérique du Sud, l'Australie ou encore l'Afrique. Entre 2010 et 2020, environ 10 chutes de grêle dans le monde ont produit des grêlons de plus de 15 centimètres, selon les observations rapportées à l'American Meteorological Society.
Le record mondial du plus gros grêlon jamais observé date de février 2018 : un grêlon de 23,7 centimètres (soit la taille d'un ballon de volley) serait tombé dans la ville de Villa Carlos Paz, en Argentine, lors d'un violent orage. En 1959, un grêlon d'1,9 kgkg aurait été relevé au Kazakhstan. Aux États-Unis, le record est détenu par le Dakota du Sud, avec un grêlon de 20,3 cm attesté en 2010. Plus récemment, la ville de San Antonio au Texas a été ravagée par des grêlons de 16,2 cm le 28 avril 2021. Le record américain du plus gros grêlon est, en revanche, détenu par un autre État, le Dakota du Sud, avec un diamètre de 20,3 cm observé en 2010.
Un contraste de températures à l'origine de la grêle géante
Dans les supercellules, les nuages d'orages les plus violents, de forts courants ascendants se produisent. La vapeur d'eau se condense jusqu'à former des gouttelettes d'eau qui s'élèvent en altitude. Cette grêle géante se produit donc sous des orages caractérisés par de forts courants ascendants chargés d'humidité : ces courants propulsent la grêle vers le sommet du nuage plusieurs fois de suite et la glace s'agglutine à chaque rebond dans le nuage, jusqu'au moment où elle devient tellement lourde qu'elle finit par tomber. Pourquoi certains orages produisent des grêlons géants et d'autres des chutes de grêle plus classiques ? Plus la différence de température entre le sol (chaud) et le sommet des nuages (glacial) est importante, plus les nuages s'élèvent : la taille extrême de ces grêlons témoigne à la fois de l'immense hauteur du nuage d'orage, et des violents courants qui étaient présents à l'intérieur.
S'il n'est pas possible de prévoir avec précision la taille des grêlons qui vont tomber lors d'une dégradation orageuse, les services de prévision météométéo peuvent tout de même émettre la possibilité d'un risque de grêle géante. En France, ce risque-là est bien présent lorsque les sols sont surchauffés à la fin du printemps ou en été, et qu'une dépression apporte de l'airair plus frais venu de l'Atlantique : c'est la raison pour laquelle le risque de grêle destructrice est surtout présente sur la ligne qui s'étire du sud-ouest au nord-est du pays.
La grêle géante n'est pas un phénomène récent en France
Entre l'espace d'un mois, de début mai à début juin 2022, l'organisme Keraunos a recensé environ 2.000 chutes de grêle avec un diamètre supérieur à 2 cm, et 150 autres avec un diamètre supérieur à 5 cm. Le lien avec le changement climatiquechangement climatique est étudié, mais n'a pas encore été prouvé en ce qui concerne les orages de grêle.
Même si de nombreux épisodes de grêle impressionnants se sont succédé ces dernières semaines, le phénomène n'est pas nouveau en France. Le record du plus gros grêlon observé dans l'Hexagone date du 11 août 1958, sous une dégradation orageuse que certains journaux de l'époque avaient surnommé « l'apocalypse du 11 août » : un grêlon de la taille d'un poing pesant 972 grammes a été récupéré près de Strasbourg ce jour-là. En remontant encore plus loin dans le passé, l'épisode orageux du 13 juillet 1788 a marqué l'Histoire de la météo : d'après les signalements de l'époque, la grêle s'est accumulée sur 60 à 80 cm d'épaisseur dans le département de l'Essonne et des grêlons de 10 cm, avec un poids de 700 grammes, auraient été observés.