Les quantités ahurissantes d'eau qui ont noyé les rues de Dubaï ont bien évidemment suscité des interrogations quant à leur origine. Les deux hypothèses qui ont le plus été citées sont, une aggravation des pluies liée au réchauffement climatique, et celle d'une expérience de géingénierie qui aurait mal tourné. Et pourtant, de l'avis du gouvernement, comme de l'avis des scientifiques, ces deux hypothèses seraient peut-être... à écarter !


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    Une semaine après les inondations catastrophiques qui ont touché Dubaï, la ville peine toujours à évacuer la totalité des eaux et à faire face aux dégâts dans les rues et à l'intérieur des bâtiments. Il est tombé l'équivalent d'un an et demi, à deux ans de pluie, localement sur certaines zones du désert. Il n'a jamais autant plu en l'espace de 24h aux Émirats arabes unis. De quoi penser à une origine non naturelle, surtout dans un pays qui pratique régulièrement la géoningénierie. Et pourtant, le Centre national de la météorologie aux Émirats arabes unis a déclaré à CNBC qu'aucune expérience d'ensemencement des nuages n'avait été menée dans les jours ou heures qui ont précédé les violents orages.

    Pas de preuve que le changement climatique ait joué un rôle

    De son côté, l'organisme Climameter, dont le but est de déterminer les causes des phénomènes météo extrêmes, a publié son analyse. Cet événement est qualifié d'unique, et surtout, les chercheurs estiment qu'il n'y a pas de preuve que les pluies diluviennes aient été nettement aggravées par le changement climatique d'origine humaine. Ils ont tenté de comparer l'intensité de ces orages pluvieux à d'autres événements similaires du passé (1979-2001) pour comprendre les différences. Les dépressions de ce type sont légèrement plus creuses de nos jours (entre 2001 et 2023) qu'elles ne l'étaient dans le passé, et très faiblement plus pluvieuses (3 mm de plus). Les températures ont gagné en moyenne +1 °C et les conditions météo sont de plus en plus sèches d'une manière générale sur la région. Aucun élément ne permet clairement d'affirmer que le réchauffement a conduit à plus de précipitationsprécipitations dans cette situation, même si cela reste possible.

    Un événement tellement unique qu'il est difficile de tirer des conclusions

    Par contre, les auteurs pensent que des paramètres naturels, comme l'oscillation décennale du Pacifique et l'oscillation Atlantique multidécennale (des variations de la température de la surface des océans) ont certainement joué un rôle. La variabilité naturelle a donc probablement engendré une dépression très intense, une goutte froide très pluvieuse, également, peut-être un peu aggravée par le réchauffement, mais sans certitude.

    Cependant, précisons que les auteurs de l'étude estiment tout de même que leurs conclusions ne sont pas totalement fiables en raison du caractère unique des pluies diluviennes sur la zone. C'est justement lorsqu'un phénomène tend à se reproduire dans le temps qu'il est possible de tirer des conclusions et de relier à la catastrophe des causes connues, or  dans le cas de Dubaï, l'événement s'est produit de manière complètement isolé dans le temps.


    Les pluies diluviennes à Dubaï sont-elles liées une expérience qui a dégénéré ?

    Article de Karine DurandKarine Durand, écrit le 17 avril 2024

    L'équivalent de près de deux ans de pluie est tombé dans une partie des Émirats arabes unis ce mardi de manière fulgurante. Le désert, la ville et l'aéroport de Dubaï ont été submergés par l'eau. Si certains pointent du doigt l'influence du changement climatique, d'autres soulèvent la question de l'ensemencement des nuages.

     

    La ville de Dubaï a été engloutie sous des précipitations diluviennes ce mardi : 127 mm de pluie sont tombés en 24 heures, soit l'équivalent de plus d'un an et demi de pluie, et localement deux ans de pluie pour d'autres villes (plus de 250 mm).

    En regardant les images satellites, on peut voir que plusieurs orages à la suite ont traversé les Émirats arabes unis. Ces cellules ultra-violentes ont puisé leur énergieénergie dans les eaux anormalement chaudes du golfe persique.

    Ces orages se sont formés en lien avec une dépression bloquée sur la zone, une goutte froide, elle-même coincée par les ondulations du jet streamjet stream pendant plusieurs jours.

    La question d'une expérience qui aurait dégénéré

    Il est désormais admis par la communauté scientifique que le réchauffement climatiqueréchauffement climatique augmente la quantité de pluie dans les dépressions et dans les nuages d'orage, il est donc fortement probable que la hausse globale des températures ait aggravé le phénomène.

    Mais les Émirats arabes unis sont également connus pour leurs nombreuses expériences d'ensemencement des nuages. Le gouvernement utilise en effet régulièrement cette technique controversée qui consiste à injecter des produits dans des nuages déjà existants, pour provoquer davantage de pluie dans les zones les plus sèches.

    Les effets sont variables et les résultats pas toujours au rendez-vous. Ces précipitations diluviennes seraient-elles donc liées à un ensemencement des nuages qui aurait dégénéré ? Sans une confirmation du gouvernement, il n'est pas possible de l'affirmer.

    Le sable ensemence aussi les nuages

    Rappelons que même si l'événement de ce mardi est exceptionnel, les Émirats sont souvent concernés par des orages très pluvieux, un phénomène en partie lié aux particules de sablesable du désert qui jouent également un rôle d'ensemencement des nuages de manière naturelle. La veille, l'Algérie avait d'ailleurs aussi été concernée par des pluies exceptionnelles liées à la même situation météo avec, là aussi, aussi l'équivalent d'un an de pluie tombé à Ghardaia et Ouargla.