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Article paru le 31/5/2016
Le weekend dernier, sous la pluie parisienne, climatologues et météorologuesmétéorologues se sont rencontrés et ont dialogué avec le public au forum Météo et climat. On a croisé des présentateurs célèbres mais aussi Jean Jouzel, climatologueclimatologue, vice-président du Giec et par ailleurs président de l'association Météo et climat, organisatrice de l'évènement, ou encore Valérie Masson-Delmotte, coprésidente du Giec, bien connue de nos lecteurs et Hubert ReevesHubert Reeves, le parrain de la rencontre.
Le sujet est devenu crucial aujourd'hui. Quand un épisode extrême survient, comme une canicule ou un niveau de pluviosité exceptionnel, la question se pose systématiquement de savoir si le changement climatiquechangement climatique en cours est en cause ou non. Les climatologues répondent toujours qu'on ne peut rien conclure d'un seul évènement mais préviennent pourtant que la fréquence et l'ampleur de ces phénomènes extrêmes vont augmenter dans les années et les décennies à venir.
Comment lier ces deux activités ? Ces épisodes extrêmes vont-ils venir brouiller les prévisions météorologiques ? Ce sont les questions que nous avons posées à Aude Lemonsu, du CNRS et de Météo-France, qui participera à ce forum. Pour cette spécialiste de la météorologie en milieu urbain, les simulations continueront à évoluer, et ce pour plusieurs raisons.
Lorsqu'on produit du courant électrique, il faut s'appuyer sur les prévisions météo pour anticiper la demande. EDF a créé en 2014 un service climatique chargé d'analyser les masses colossales de données météo et de « bâtir un référentiel unifié de projections climatiques régionalisées au plus près des territoires ». © EDF, YouTube
Futura-Sciences : Sera-t-il possible de prévoir des canicules en Europe ?
Aude Lemonsu : Il faut comprendre que climatologie et météorologie concernent des échelles de temps et d'espace très différentes. Les modèles climatiques travaillent sur de très grandes échelles. La résolutionrésolution spatiale est de l'ordre de 100 km. C'est-à-dire que la simulation s'arrête à des carrés de cette taille. Pour les prévisions météorologiques, nous travaillons à l'échelle de l'Europe, ou de la Métropole. Nous pouvons prendre en compte les effets d'une chaîne de montagnes ou d'une ligne côtière. Dans l'outil de simulation Arome, utilisé par Météo-France, la résolution est de 2,5 km. Les canicules, et les phénomènes extrêmes, s'étudient sur des décennies et on ne peut que donner des probabilités de survenue.
Les outils de simulation devront-ils évoluer ?
Aude Lemonsu : Ils évoluent en permanence ! Les équationséquations ne changent pas, mais les paramètres peuvent bouger. Les laboratoires de recherche travaillent continûment à améliorer ces modèles et les données de la climatologieclimatologie servent à cela. Les outils de simulation évoluent aussi avec l'augmentation de puissance des ordinateursordinateurs. Et nous vérifions également, après coup, l'accord entre prévisions et réalité, ce qui permet d'affiner.
Quel genre d’améliorations peut-on attendre ?
Aude Lemonsu : L'augmentation de la résolution, notamment, avec une meilleure prise en compte des particularités locales. Pour les canicules, nous cherchons par exemple l'effet du milieu urbain. Avec l'artificialisation des sols, des îlots de chaleurchaleur se créent, avec des températures plus élevées, surtout la nuit. Or, la fraîcheur nocturnenocturne est utile au corps pour récupérer. Météo-France a une mission d'alerte et les demandes sont fortes, de la part des collectivités locales, par exemple, pour les plans d'urbanisme mais aussi des entreprises, des fournisseurs d'énergieénergie, etc. Pour poursuivre ces améliorations, nous avons donc besoin d'une bonne puissance de recherche en amont.