Après le sud de la France, c’est au tour de l’Espagne de vivre l’une des plus grandes catastrophes météo de son histoire : des orages surpuissants ont déversé des quantités hors-normes de précipitations en peu de temps. En cause, une situation météo de blocage et un type particulier d’orages.


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    Plus de 60 victimes sont à déplorer ce mercredi, et le bilan ne cesse de s'aggraver d'heure en heure. L'épisode pluvieux qui vient de ravager la région de ValenceValence est l'un des trois plus importants enregistrés depuis le début des relevés météométéo selon le service météo espagnol.

    Après ceux de 1982 et de 1987, les intempéries de cette fin octobre 2024 ont été causées par des cumuls incroyables de précipitations : alors que le cumul moyen de pluie sur une année entière est de 400 à 800 mm dans la région de Valence, il est tombé plus de 340 mm en 4 heures dans certaines villes (comme à Chiva) et près de 500 mm en une journée. Ce n'est pas l'équivalent d'un mois ou deux de pluie qui est tombé, comme dans les épisodes méditerranéens classiques, mais l'équivalent d'un an de pluie ou presque en seulement une journée ! Pour autant, le record du 3 novembre 1987 n'a pas été battu, avec 800 mm en 24 heures !

    Des orages en V dévastateurs dignes des grandes plaines américaines

    Le service météo espagnol avait bien placé plusieurs zones en alerte rouge en raison du phénomène Dana, un type de goutte froide très redouté sur la péninsule ibérique, mais l'intensité des orages a été encore plus forte que prévue. Les gouttes froides, des dépressions avec de l'airair froid en altitude, sont bien connues pour être responsables de graves intempéries en Europe. Mais celle qui a concerné l'Espagne est restée bloquée sur la zone, coincée entre l'anticyclone des Açores sur la France et un autre anticyclone sur le Maghreb.

    Sous cette goutte froide, il est classique que de violents orages très pluvieux se forment et la France en a déjà fait les frais dans le passé. Mais dans le cas de l'Espagne, ce sont des orages bien particuliers qui ont mené au désastre : des orages en V, comme leur forme l'indique sur les images satellites.

    Ces orages sont renforcés par la présence du jet stream et par la présence de reliefs montagneux. Ils s'élèvent très haut dans l'atmosphère (plus de 18 kilomètres, comme aux États-Unis), sont chargés d'humidité, sont stationnaires et s'auto-alimentent : les courants qu'ils produisent leur permettent d'aspirer de l'air chaud et humide pendant plusieurs heures, ce qui leur permet ensuite de déverser des précipitations diluviennes sur la même zone bien plus longtemps et de manière bien plus intense qu'un orage classique.

    La chaleurchaleur de l'eau de la mer Méditerranéemer Méditerranée a clairement joué un rôle :

    • en créant un immense contrastecontraste de masses d'airmasses d'air avec le froid de la dépression. Avec une température de l'eau d'environ 21 °C au large de l'Espagne, le contraste a été explosif et c'est ainsi que les orages se sont formés ;
    • en apportant une grande quantité d'énergieénergie (sous forme d'humidité liée à l'évaporation de l'eau) qui a alimenté les orages en V.

    Plusieurs tornadestornades se sont même formées sous certains orages (voir ci-dessous).

     

    Des grêlons géants ont également donné lieu à de nombreux dégâts.

    La goutte froide va faire de la résistancerésistance jusqu'à vendredi à samedi et va continuer à engendrer des phénomènes violents sur plusieurs régions de l'Espagne et du Portugal.