L'OMM vient de confirmer le retour du phénomène climatique El Niño pour l'été 2023. El Niño, qui signifie « l'enfant » en espagnol, est-il uniquement un mauvais garnement ? Pas totalement, car malgré une majorité de points négatifs, l'enfant terrible du Pacifique a aussi des impacts bénéfiques sur certaines régions du monde.


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    Dans son dernier bulletin émis le 3 mai, l'Organisation météorologique mondiale (OMM) est désormais claire : « préparons-nous à El NiñoEl Niño ». Il n'y a effectivement quasiment plus aucun doute que cette anomalieanomalie chaude d'une partie du Pacifique sera de retour cet été, ou au plus tard, cet automne. « Il est probable à 60 % que les conditions ENSO neutres laissent la place à un épisode El Niño entre mai et juillet, et cette probabilité augmente pour atteindre environ 70 % entre juin et août et 80 % entre juillet et septembre », rapporte l'OMM. Le phénomène a des impacts sur le climat mondial, en particulier sur l'Amérique, l'Australie, l'Asie et l'Afrique. Il est notamment connu pour assécher davantage la forêt amazonienne, et provoquer des canicules, avec un risque de méga-feux en Australie. Mais comme le précise le secrétaire général de l'OMM, Petteri Taalas, le problème d'El Niño est qu'il « entraînera très probablement une nouvelle flambée des températures mondiales et augmentera le risque de battre des records de chaleurchaleur ». 2023 sera certainement plus chaude encore que 2022.

    Une agriculture et une économie boostées dans certains pays

    Certains pays ne voient pas du tout d'un mauvais œilœil le retour du phénomène. Celui-ci va aussi engendrer quelques phénomènes positifs au niveau régional. 

    Un nombre d'ouragans limité dans l'Atlantique

    Si la chaleur du Pacifique équatorial décuple le risque de cyclones sur la côte est du Mexique, l'effet est inverse dans l'Atlantique et le golfe du Mexique. La force et la direction des vents qui circulent dans l'océan Atlantique Nord ne permettent pas aux phénomènes cycloniques de facilement se développer, et encore moins de s'élever dans l'atmosphère pour gagner en puissance. Lors des années El Niño, la saisonsaison cyclonique de l'Atlantique est donc moins intense. Cependant, plus les océans se réchauffent en raison des émissionsémissions de gaz à effet de serregaz à effet de serre, et plus les prévisions sur les ouragansouragans sont compliquées : l'effet atténuant d'El Niño sur la saison cyclonique pourrait être moins marqué que prévu à cause de toute l'énergieénergie (la chaleur de l'eau) dont les cyclones disposent pour se renforcer.

    En orange à gauche, la zone où les cyclones sont plus fréquents en cas d'année El Niño, en bleu à droite, la zone où ils sont moins fréquents lors de la même phase. © Climate.gov, Gerry Bell
    En orange à gauche, la zone où les cyclones sont plus fréquents en cas d'année El Niño, en bleu à droite, la zone où ils sont moins fréquents lors de la même phase. © Climate.gov, Gerry Bell

    Moins de tornades aux États-Unis

    Les années El Niño se caractérisent par un moins grand nombre de tornadestornades, d'oragesorages violents et de grêle dans les grandes plaines américaines, alors que ces phénomènes dévastateurs sont plus fréquents en phase La Niña. Il existe des variations régionales (comme la Floride qui est davantage touchée par les tornades) mais d'une manière générale, les habitants de la Tornado Alley s'exposent à moins de phénomènes violents. Pourquoi ? Car la circulation du courant-jetcourant-jet est différente : en phase El Niño, les vents ne sont pas assez forts, et pas à la bonne place, pour faire remonter en assez grande quantité l'airair chaud et humide du golfe du Mexique. Et c'est justement cet air humide qui constitue le carburant principal des orages violents.

    En haut, la différence du nombre de tornades lors d'une phase El Niño et La Niña : en bleu, davantage de tornades ; en marron, moins. Même concept pour les cartes du bas représentant le risque de grêle. © Climate.gov
    En haut, la différence du nombre de tornades lors d'une phase El Niño et La Niña : en bleu, davantage de tornades ; en marron, moins. Même concept pour les cartes du bas représentant le risque de grêle. © Climate.gov

    Une atténuation de la sécheresse dans l'ouest américain et certains pays d'Amérique du Sud

    El Niño apporte des pluies plus régulières que son homologue froid La NiñaLa Niña dans le désertdésert américain. La sécheressesécheresse est donc moins marquée en Californie lors d'une phase El Niño et l'agricultureagriculture se porteporte mieux : les cultures de citrons, d'amandeamande et d'avocatsavocats bénéficient de meilleures conditions météométéo. De même, les précipitationsprécipitations permettent aussi à l'Argentine de produire davantage de sojasoja.

     Lors d'une phase El Niño, l'ouest américain souffre moins de la sécheresse. © 24Novembers, Adobe Stock
     Lors d'une phase El Niño, l'ouest américain souffre moins de la sécheresse. © 24Novembers, Adobe Stock

    Une croissance économique dans certains pays

    Une étude du Fond Monétaire International explique que l'économie des États-Unis, de l'Argentine, du Canada et du Mexique se porte bien lorsque l'agriculture bénéficie des conditions météo qu'entraîne El Niño. Plus étonnant encore, l'économie européenne se porte également mieux lors d'une phase El Niño, alors même que le phénomène n'a aucun impact météo sur l'Europe. La croissance économique européenne est tout simplement boostée par les retombées positives des échanges sur les marchés financiers. D'une manière générale, précisons qu'au niveau mondial, El Niño provoque souvent une inflation des prix. Mais là aussi, certains pays en tirent des bénéfices, comme le Canada qui vend alors plus cher son pétrolepétrole.

    En orange, les pays dont la croissance économique souffre d'une phase El Niño ; en bleu, ceux qui en bénéficient. © FMI
    En orange, les pays dont la croissance économique souffre d'une phase El Niño ; en bleu, ceux qui en bénéficient. © FMI

    Les conséquences positives que peut avoir le phénomène El Niño sur certaines régions du monde restent globalement minoritaires comparées à ses effets négatifs sur le plan mondial. De plus, l'accélération du réchauffement climatiqueréchauffement climatique perturbe l'atmosphère et les océans, et les conséquences attendues d'El Niño pourront donc s'en trouver modifiées.