Un nouveau rapport alerte sur les risques d'effondrement, voire de mortalité, des athlètes dus la chaleur estivale durant les prochains Jeux olympiques de Paris 2024. Si les probabilités de canicule se précisent, ce serait un défi supplémentaire que les sportifs devront affronter. À l'aune du changement climatique, et de cette « nouvelle norme », peut-être faudra-t-il envisager de revoir le calendrier des Jeux olympiques ?


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    Un nouveau rapport rédigé par des climatologuesclimatologues et des athlètes a mis en garde mardi contre les dangers de températures extrêmes pendant les Jeux olympiques de Paris cet été. « Une chaleurchaleur intense au cours des Jeux olympiques de Paris en juillet et août 2024 pourrait entraîner l'effondrementeffondrement de certains athlètes, voire leur décès », alerte le rapport Rings of fire (anneaux de feufeu), co-écrit par l'ONG Climate Central, des universitaires britanniques de Portsmouth et 11 athlètes olympiques, 

    Les Jeux olympiques de Paris se dérouleront du 26 juillet au 11 août. Ces dernières années, la ville a été frappée par des vagues de chaleur et canicules. L'été dernier, plus de 5 000 personnes sont décédées en France en raison de la chaleur, selon les données de Santé publique France. Une étude publiée en mars dans la revue Lancet Planet Health a révélé que Paris avait le taux de mortalité dû à la chaleur le plus élevé parmi 854 villes européennes, en raison de la densité de sa population et de son peu d'espaces verts.

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    Le rapport Rings of fire invite les organisateurs des grandes compétitions telles que les Jeux ou la Coupe du monde de football, qui se déroulent habituellement au plus fort de l'été dans l'hémisphère Nord, à repenser leur calendrier. L'étude encourage également les comités d'organisation à améliorer les plans de réhydratation et de refroidissement des athlètes et des supporters afin d'éviter le risque de coup de chaleur.

      Le 25 juillet 2019, la température a grimpé jusqu'à 42,6 °C dans Paris, un record absolu. © Miguel MEDINA, AFP
      Le 25 juillet 2019, la température a grimpé jusqu'à 42,6 °C dans Paris, un record absolu. © Miguel MEDINA, AFP

    Adapter les programmes des épreuves 

    Plus que les températures élevées, ce sont les pluies incessantes qui préoccupent actuellement les organisateurs, les averses régulières de mai et juin ayant entraîné des courants inhabituellement forts dans la Seine et une mauvaise qualité de l'eau. Les organisateurs de Paris 2024 affirment avoir intégré une certaine flexibilité dans leur programme afin de pouvoir déplacer des épreuves telles que le marathon ou le triathlon pour éviter les pics de chaleur de la mi-journée.

    Mais les spectateurs se rassembleront pour l'essentiel dans des tribunes temporaires qui ne seront pas ombragées, tandis que le village olympique a été construit sans climatisationclimatisation afin de réduire son empreinte carbone.

    Un nombre croissant de sportifs a appelé à une adaptation de leurs programmes afin de prendre en compte les contraintes physiquesphysiques liées à l'augmentation des températures causée par le réchauffement climatique, selon l'étude. « La perturbation du sommeilsommeil due à la chaleur a été citée dans la préparation des Jeux de 2024 comme une préoccupation majeure des athlètes, en particulier en raison de l'absence d'air conditionnéair conditionné dans le village olympique », indique le rapport. Les équipes olympiques se sont vu offrir la possibilité d'installer des unités de climatisation portables dans leur logement, ce que beaucoup ont accepté.

    Concourir dans des conditions climatiques très dures [est] la nouvelle norme

    S'adapter à la « nouvelle norme »

    La triathlète indienne Pragnya Mohan, citée par le rapport, a affirmé avoir quitté son pays d'origine pour fuir les températures élevées. « Avec le changement climatique, la chaleur a considérablement augmenté, a déclaré Pragnya Mohan à la presse. Je ne peux pas m'entraîner dans mon pays. C'est l'une des raisons pour lesquelles je me suis installée au Royaume-Uni ».

    Lors des Jeux olympiques de Tokyo, considérés comme les plus chauds jamais enregistrés, les températures dépassaient régulièrement 30 °C avec une humidité de 80 %. Les organisateurs avaient déplacé les épreuves de marche et les deux marathons à 800 km au nord de la capitale japonaise dans l'espoir d'un temps plus frais.

    Malgré une série de mesures anti-chaleur, dont des stations de brumisation, de nombreux athlètes ont souffert, comme le joueur de tennis russe Daniil Medvedev qui s'est demandé à voix haute sur le court s'il n'allait pas mourir. Après Tokyo, le président de l'Association internationale des fédérations d'athlétisme, Sebastian Coe, qui a écrit une préface pour le rapport, a averti que concourir dans des « conditions climatiques très dures [était] la nouvelle norme ».


    On en sait plus sur les risques de canicules pour les JO de Paris

    Article de Karine DurandKarine Durand, publié le 15 avril 2024

    Que sait-on à l'heure actuelle du risque de canicule pendant la période des Jeux Olympiques 2024 ? Pour tenter d'avoir une idée des conditions météométéo à trois mois d'échéance, il existe plusieurs méthodes : tout d'abord, les statistiques, et ensuite, les prévisions météo à long terme.

    Statistiquement, les Jeux Olympiques 2024 ont lieu pendant la période la plus chaude de l'année en France : entre fin juillet et mi-août. À Paris, la température moyenne de l'après-midi à cette période est de 25 à 26 °C l'après-midi, et 16 °C le matin. Mais rappelons que des températures extrêmes ont été enregistrées ces dernières années fin juillet, à l'instar des 42,6 °C le 25 juillet 2019 ! 

    Les grandes canicules historiques se sont souvent produites fin juillet-début août : celle de 1983, 2003, 2006, 2018, 2019 et 2022. Une étude de l'IPSL sortie il y a quelques mois explique d'ailleurs que dans le contexte de réchauffement climatique actuel, il est tout à fait possible de connaître une canicule en 2024 avec des températures 4 °C plus élevées qu'en août 2003 à Paris. Cette année-là, le mercuremercure était monté jusqu'à 39 °C, mais s'était surtout maintenu à plus de 35 °C pendant neuf jours. Au niveau statistique, le risque de canicule pendant les Jeux Olympiques 2024 est donc important.

    Les Jeux Paralympiques se produiront ensuite entre fin août et début septembre, une période moins favorable aux canicules (avec 22 à 24 °C en moyenne l'après-midi et 14 à 16 °C le matin à Paris), sauf que la situation a évolué ces dernières années. En 2023, une canicule tardive s'est justement produite en septembre, avec 35,5 °C à Paris.

    Des prévisions saisonnières très incertaines sur la possibilité de chaleur extrême en Ile-de-France

    Mais en ce qui concerne les prévisions saisonnières, les premières données disponibles n'envisagent pas d'anomalieanomalie très marquée de températures, en tout cas pour le moment. Les prévisions à long terme de Copernicus estiment entre 40 et 50 % le risque de connaître des températures supérieures aux normales en juillet et en août en Ile-de-France.

    Les prévisions à long terme pour le mois d'août en France : en jaune, les zones où il y a un risque sur deux que la chaleur soit plus élevée que la moyenne, en orange 60 à 70 % de risques et en rouge une probabilité de 70 à 100 %. © Copernicus
    Les prévisions à long terme pour le mois d'août en France : en jaune, les zones où il y a un risque sur deux que la chaleur soit plus élevée que la moyenne, en orange 60 à 70 % de risques et en rouge une probabilité de 70 à 100 %. © Copernicus

    Des prévisions sur la moitié nord qui contrastent avec celles sur la moitié sud du pays, où la probabilité de connaître des températures très élevées est comprise entre 60 et 70 %, voire localement plus.