Le Brésil continue d'être accablé par une chaleur exceptionnelle en cette fin de printemps dans l'hémisphère Sud. L'Argentine, le Mexique, le Pérou, la Bolivie, le Paraguay et le Chili ont subi des vagues de chaleur records ces derniers mois. Que se passe-t-il en Amérique du Sud ?


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    Au centre du Brésil, des températures records sont enregistrées quotidiennement, souvent au-dessus des 40 °C, soit plus de 10 °C au-dessus des moyennes de saison. Mais les records ponctuels ne sont pas le phénomène le plus remarquable : l'événement dure depuis environ 5 mois sur une partie de l'Amérique du Sud, avec des périodes plus intenses que d'autres. Trois grandes causes permettent d'expliquer l'intensité et la duréedurée exceptionnelles de l'événement.

    Le réchauffement climatique rend les canicules plus intenses

    L'organisme Climameter estime que la canicule au Brésil est 1 à 4 °C plus chaude de nos jours, comparée à un événement similaire qui se serait produit dans le passé. Cela signifie qu'avec la même situation météométéo (une vaste zone de hautes pressionspressions bloquées pendant des semaines, emprisonnant l'airair chaud), la canicule n'aurait pas été aussi intense entre 1979 et 2000. Les gaz à effet de serre issus des activités humaines ont donc accentué la hausse des températures lors d'un tel événement.   

    Le curseur de Climameter indique que la canicule a probablement été « un peu » influencée par le réchauffement climatique, et ensuite que l'événement est vraiment unique. © Climameter
    Le curseur de Climameter indique que la canicule a probablement été « un peu » influencée par le réchauffement climatique, et ensuite que l'événement est vraiment unique. © Climameter

    El Niño provoque un temps plus chaud et plus sec

    Ce phénomène climatique qui se caractérise par un réchauffement naturel d'une partie des eaux du Pacifique a des conséquences sur plusieurs continents. La vague de chaleurchaleur en Amérique du Sud s'est mise en place au moment où El Niño a commencé à se renforcer (au début de l'hiver sur l'hémisphère Sudhémisphère Sud). El NiñoEl Niño a toujours des effets très forts sur le continent sud américain. Au Brésil, les phases El Niño sont connues pour donner lieu à un temps plus chaud au nord et au centre du Brésil, mais pas nécessairement à des températures records pour autant.

    La déforestation détraque le climat sur des milliers de kilomètres

    Au Brésil, la déforestation en Amazonie a diminué de plus de 60 % par rapport à juillet 2022. Mais les ravages des années passées, et la destruction de l'environnement dans d'autres parties de l'Amérique du Sud, ont toujours des conséquences sur le climatclimat. En modifiant la composition de l'atmosphèreatmosphère, la déforestationdéforestation impacte le cycle de l'eau et peut détraquer la météo sur des milliers de kilomètres.


    L’Amérique latine étouffe sous une vague de chaleur sans précédent avant même l’été !

    Article de Karine DurandKarine Durand, écrit le 22 novembre 2023

    Le Brésil est touché par une canicule record alors que le pays n'est pas encore en été. Ces derniers jours, la température ressentietempérature ressentie a atteint les 58,5 °C. Que se passe-t-il réellement au Brésil et sur une grande partie de l'Amérique du Sud ?

    Le Brésil est frappé par une vague de chaleur sans précédent et surtout, durable. Après avoir connu ses mois de juillet et d'août les plus chauds jamais enregistrés, ainsi que de nombreux records en septembre et en octobre, le nord de l'Amérique du Sud est confronté à une chaleur mortelle. Cette partie du monde se trouve actuellement au printemps, et les valeurs relevées ces derniers jours dépassent les 40 °C : 42,7 °C enregistrés à Salinas le 19 novembre, soit la température la plus élevée jamais enregistrée dans la ville toutes saisons confondues. Cette chaleur anormale n'est pas un cas isolé sur le continent sud-américain : plus de 40 °C au Mexique le week-end dernier et même plus de 30 °C au-delà de 2 000 mètres d'altitude, tout comme au Pérou avec un record mensuel de 39 °C enregistré à Tarapoto samedi.

    Un ressenti mortel en raison de la chaleur et de l'humidité

    La capitale brésilienne Rio de Janeiro a fait l'actualité ces derniers jours en raison d'un ressenti de près de 60 °C dans les quartiers les plus pauvres : il ne s'agit évidemment pas d'une température relevée, mais d'un calcul du ressenti. L'index de chaleur prend en compte la température réelle (42 °C à Rio samedi) et l'humidité de l'airhumidité de l'air. D'autres versions de cet index prennent aussi en compte le rayonnement solairerayonnement solaire : voilà comment cette valeur ahurissante de 58,5 °C a été calculée. Un tel ressenti entraîne un danger de mort, ce qui a conduit la chanteuse Taylor SwiftSwift a annulé son concert dans la capitale samedi. Quelques heures avant, une jeune fan est décédée d'un arrêt cardiaquearrêt cardiaque après avoir fait un coup de chaleur dans la salle de spectacle.

    Cette partie de l'Amérique du Sud est confrontée à des blocages anticycloniques quasiment constants depuis 4 mois, entraînant de la sécheressesécheresse et des incendies. En plus du réchauffement climatiqueréchauffement climatique, la situation est typique de la phase climatique El Niño en cours, mais encore plus extrême cette année : lors des années El Niño, le nord du Brésil est touché par un temps plus chaud et plus sec, tandis que le sud du pays est frappé par davantage de pluies et donc des inondationsinondations.


    La chaleur est incroyablement extrême en Amérique du Sud et le monde regarde ailleurs

    Article de Karine Durand, écrit le 20 octobre 2023

    Un phénomène historique se produit depuis des mois dans l'hémisphère sud et le monde regarde ailleurs. Les gigantesques feux de forêt du Canada ont marqué l'actualité, mais plus au sud, la situation a beau être moins spectaculaire, elle est tout aussi catastrophique. L'Amérique du Sud connaît une chaleur incroyablement extrême depuis le début de l'hiver.

    Des températures supérieures à 35 °C, et même localement 40 °C, sont enregistrées quasiment quotidiennement depuis le mois de juin et cette chaleur excessive se prolonge actuellement, au début du printemps. Le centre et le nord du Brésil connaissent des températures caniculaires, la sécheresse sévit en Amazonie et des feux de forêt sont en cours. Les 45 °C ont été atteints le 22 août à Villamontes en Bolivie (16 °C au-dessus de la normale de saison), faisant de cette température la plus élevée jamais enregistrée dans tout l'hémisphère sud en plein hiver. Cependant, les températures relevées ne représentent en réalité qu'une fraction connue de l'événement en cours : peu de stations météo sont présentes dans les zones reculées, et des températures encore plus extrêmes sont très probables.

    Une chaleur 100 fois plus probable en raison du changement climatique

    L'organisme World Weather Attribution vient de livrer les conclusions de son étude sur la cause de cet événement majeur : les températures records du Brésil, de l'Argentine, du Paraguay et de la Bolivie sont qualifiées « d'impossibles dans un monde sans changement climatique lié aux activités humaines ». Le changement climatique a rendu cette vague de chaleur durable au moins 100 fois plus probable, et 1,4 à 4,3 °C plus chaude.

    Si la température mondiale atteint les +2 °C de réchauffement comparé à la période préindustrielle, ce type de vague de chaleur sera à nouveau cinq fois plus probable, avec des températures encore plus élevées (1,1 à 1,6 °C de plus en moyenne).


    C’est la canicule en Amérique du Sud en plein hiver !

    Article de Karine Durand, publié le 29 août 2023

    L'Amérique du Sud traverse l'une des pires vagues de chaleur de son histoire, avec des températures 10 à 20 °C supérieures à la normale de l'époque. Comment expliquer une telle anomalieanomalie météo ?

    Après les 41,8 °C enregistrés à Cuiabá, au Brésil, mi-août, les Andes chiliennes ont connu des températures de 38 à 39 °C, alors que la normale se situe autour de 18 °C. Ces derniers jours, le mercuremercure est encore monté jusqu'à :

    • 40,2 °C à San Joao Piaui au Brésil ;
    • 39 °C à Nava en Colombie ;
    • 39 °C à Tarapoto au Pérou ;
    • 38,5 °C à Barra au Brésil ;
    • 35,8 °C à Mabaruna en Guyane.

    Le Brésil est actuellement l'une des zones les plus touchées par cette chaleur excessive, avec le Chili, l'Argentine et le Paraguay. Le mois de juillet a d'ailleurs été le plus chaud enregistré au Brésil depuis plus de 60 ans (début des relevés météo).

    Deux phénomènes à l'origine de cette surchauffe

    Derrière cette canicule hivernale, on retrouve sans surprise le même phénomène météo qui a causé la chaleur extrême en Europe et au Canada ces dernières semaines : un dôme de chaleurdôme de chaleur, lié à un blocage anticyclonique persistant depuis le début de l'hiver austral. Si, au début de l'hiver, le phénomène réchauffant El Niño n'avait que peu d'impact car il était encore trop faible, celui-ci s'est renforcé depuis quelques semaines. Il commence désormais à influencer la météo en Amérique du Sud : les phases El Niño sont connues pour donner lieu à des hivers plus chauds dans cette partie du monde, mais pas nécessairement à des hivers records. L'Amérique du Sud est donc confrontée à deux sources de réchauffement : celle provenant des émissionsémissions de gaz à effet de serre en premier qui amplifie l'intensité des dômes de chaleur, puis celle grandissante issue d'El Niño.


    38 °C en hiver : des températures hallucinantes enregistrées en Amérique du Sud !

    Article de Karine Durand, publié le 3 août 2023

    La météo semble avoir perdu la tête depuis environ trois semaines au Chili, en Argentine, ou encore au Brésil. Il a fait près de 40 °C ces derniers jours en Amérique du sud alors que cette région du monde se trouve actuellement en plein hiver !

    À Buenos Aires, il a fait 30 °C le 1er août, alors que la température moyenne à cette époque est de 14 °C. À Rivadavia, le mercure est monté jusqu'à 38 °C, et il est probable que le seuil des 40 °C soit atteint ces prochains jours. Des valeurs incroyables de 30 à 35 °C ont été relevées entre 1 000 et 1 400 mètres d'altitude dans les Andes. Certains lieux ont battus leurs records absolus de chaleur (tous mois confondus !) : cela veut dire que dans ces villes, les températures ont été encore plus élevées en hiver qu'en été !    

    Variabilité naturelle, réchauffement climatique ou El Niño ?

    Comment expliquer une telle chaleur à la « mauvaise époque de l'année » ? Un dôme de chaleur est bloqué sur le sud du continent américain depuis mi-juillet, en lien avec un puissant anticycloneanticyclone. Malgré quelques fluctuations, la chaleur qui reste piégée a pu s'intensifier ces derniers jours.

    La différence avec les autres dômes de chaleur de 2023 qui ont marqué l'actualité, comme celui au sud de l'Europe (Italie, Grèce, Algérie...), c'est que celui d'Amérique du Sud se produit en plein hiver. Le mois d'août dans l'hémisphère sud correspond en effet à celui de février dans l'hémisphère nordhémisphère nord. Une anomalie thermique très probablement accentuée par le réchauffement climatique, et de manière plus limitée par le phénomène El Niño, qui est encore trop faible pour avoir joué un rôle important dans cette canicule hivernale.