Le dipôle arctique est un phénomène naturel qui se produit par phase et qui conditionne la fonte des glaces du pôle nord. Mais la fin de la phase en cours, et l'installation d'une nouvelle très prochainement, aura des effets majeurs sur la vitesse de fonte. D'autant plus lorsque le réchauffement climatique se rajoute au processus...
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Le sort des glaces en Arctique n'est pas seulement déterminé par le changement climatique, mais aussi par un « dipôle » : celui-ci se caractérise par une orientation des vents qui change, par phase de plusieurs années, et celles-ci ont une importance capitale sur la région. Ce changement de direction de vent régule la quantité d'eau plus chaude, et salée, qui se propage vers le nord-ouest, c'est-à-dire dans l'océan Arctique. Le phénomène rappelle celui d'Enso, marqué par les phases El NiñoEl Niño et La NiñaLa Niña, aussi caractérisées par un changement d'orientation des vents qui a des conséquences sur la météométéo de plusieurs continents. Les effets du dipôle arctique sont plus restreints, mais tout de même importants pour l'hémisphère nord.
La phase en cours a permis de limiter la vitesse de fonte des glaces
Ce dipôle a deux phases, une positive et une négative, chacune durant environ 15 ans selon les auteurs d'une étude publiée dans Science. La phase positive est en place depuis 2007 et touche à sa fin : celle-ci se caractérise par des vents circulant dans le sens des aiguilles d'une montre au-dessus de l'Amérique du nord, et l'inverse au-dessus de la Sibérie arctique. Impossible de savoir exactement quand cette phase positive va se terminer, mais cela pourrait être imminent. Les conséquences seront alors majeures pour les glaces de l'Arctique : jusqu'à maintenant, la phase positive avait permis de limiter l'apport d'eau chaude de l'Atlantique dans l'océan arctique. Cela avait permis de réduire le rythme de fontefonte des glaces, même si les effets du réchauffement climatique ont pris le dessus. Cependant, lorsque les vents vont changer de direction, et cela peut se produire maintenant, ou au plus tard dans un à deux ans, l'effet va être inversé. Davantage d'eau chaude et salée va se déverser dans l'Arctique, aggravant la fonte des glaces déjà avancée en raison de la hausse globale des températures.
La phase négative du dipôle et le réchauffement climatique vont s'additionner
C'est ce qui s'est produit entre 1979 et 2006 : le dipôle était dans une phase négative, avec des vents circulant dans le sens contraire des aiguilles d'une montre au-dessus de l'Amérique du nord, et dans le sens des aiguilles d'une montre en Eurasie. Cela a permis a de grandes quantités d'eau salée et relativement chaude de se déverser dans l'océan arctique par le biais d'un « couloir » situé entre le Groenland et le Svalbard. La fonte des glaces a été massive au cours des étés concernés, jusqu'à un million de km2 en moins par décennie. La fin de la phase a été marquée par une année record en termes de fonte, celle de 2007. Mais l'installation de la phase suivante, positive donc, à partir de 2007-2008, a ensuite été marquée par une vitessevitesse de fonte plus lente. L'Arctique a tout de même continué à perdre environ 70 000 km2 par décennie, mais cette fonte a essentiellement été causée par le réchauffement climatique.
Lorsque la nouvelle phase, négative, va se mettre en place, les glaces de l'Arctique subiront un double effet : celui du dipôle, et celui du réchauffement climatique. Les auteurs de l'étude s'attendent à une fonte massive, à la vitesse record, qui changera probablement la face de l'Arctique : ses glaciers, sa biodiversitébiodiversité, et son climatclimat entreront dans une nouvelle ère.