La méga-sécheresse se poursuit en Californie et le désert s'étend de plus en plus sur tout l'ouest américain. En plus des incendies, la situation mène à des conséquences moins connues.
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Les 50,5 °C ont été atteints le 11 juin dernier dans la Vallée de la Mort en Californie, un seuil qui n'avait jamais été atteint de manière aussi précoce depuis le début des relevés il y a 100 ans. Les premiers mois de l'année - janvier, février et mars - ont été les plus secs enregistrés depuis le début des mesures. Seulement 152 mm de précipitations sont tombés sur les mois les plus humides de l'année sur la Sierra Nevada. Début juin, le niveau d'humidité extrêmement bas des sols avait déjà quatre mois d'avance, il correspondait à celui que l'été devrait avoir à la fin de l'été, début de l'automne. Dans certains coins de la Californie, les sols sont 40 % plus secs qu'à la même période en 2016, marquée par une sécheresse historique. Le problème, c'est qu'au moment où les précipitations sont les plus rares, la demande en eau pour l'agriculture (notamment la production d'amande) et pour les habitants augmente. Les quatre années les plus sèches sont celles consécutives de 2012 à 2015, suivies de 2021.
Le désertdésert de Californie subit un processus d'aridification extrême et rapide, lié au changement climatiquechangement climatique et aggravé par le phénomène La Niña qui persiste depuis deux ans. La tendance est plus marquée sur le sud-ouest (Californie, Arizona, Nevada, Utah), mais est présente sur tout l'ouest du pays, jusque vers les montagnes rocheuses. Plus encore, des signes similaires commencent également à apparaître vers l'est, avec davantage de vagues de chaleur, de périodes de sécheresse et des phénomènes météo plus extrêmes (inondationsinondations éclairéclair et tempêtestempêtes de sablesable).
Jusqu'à 6 °C de plus en Californie d'ici 40 ans
Une étude de LAO prévoit une hausse globale des températures d'environ 4 à 6 °C en Californie entre 2035 et 2064, comparativement à la moyenne de référence : la partie désertique de l'État sera bien plus impactée que la partie côtière. Rappelons que l'été 2021 a déjà été le plus chaud jamais enregistré en Californie, battant le record de 2017.
Entre 1961 et 1990, la zone de Los Angeles et Sacramento a subi une moyenne de quatre jours de chaleurchaleur extrême par an. D'ici 2050, les modèles de prévision envisagent pour Los Angeles une moyenne de 9 jours de chaleur extrême par an, et jusqu'à 12 jours par an d'ici la fin du siècle. Pour Sacramento, l'étude prévoit 20 jours de chaleur extrême par an d'ici 2050 et 28 jours par an d'ici 2100 ! Pour Fresno, les projections montent carrément à 29 jours par an d'ici 2050 (contre 5 actuellement), à 43 jours d'ici 2100, ou avant.
Rationnements en eau, incendies, et conséquences sur l'énergie
Les 58 comtés de Californie sont en état de crise. Les sécheresses se matérialisent par un déclin de l'enneigement sur l'ouest américain l'hiverhiver, une fontefonte plus rapide du manteaumanteau neigeux avec la hausse des températures, et une plus grande évaporation de l'humidité dans les sols. La fonte de la neige, accélérée par la hausse des températures, multiplie également le risque d'inondations, d'autant plus sur des sols secs et imperméables, ou bétonnés. On estime que 1,5 million d'habitations californiennes seront concernées par un risque élevé d'inondations d'ici 2050. La végétation de Californie est également en train de se transformer, alors que les plantes basses, au niveau du sol, périssent en grand nombre, les arbresarbres sont également affaiblis et plus sujets aux maladies.
Sur le front des incendies, début juin, déjà 2.000 feux ont été dénombrés en Californie depuis le début de l'année. La sécheresse et la chaleur extrême ont tout simplement brûlé la végétation, facilitant les départs d'incendies et leur propagation rapide. L'année 2018 a enregistré les feux les plus destructeurs de l'Histoire de l'État, et l'année 2020 regroupe à elle seule cinq des vingt plus grands feux jamais observés en Californie. En raison du niveau de sécheresse des sols et de la végétation, les autorités californiennes s'attendant à nouveau à une saisonsaison des incendies records en 2022.
La méga-sécheresse de l'ouest américain a fortement impacté le niveau des deux plus grands réservoirs d'eau, Lac Mead et Lac Powell : face au manque d'eau qui s'annonce, l'organisme Southern Nevada Water Authority, qui gère l'approvisionnement en eau de Las VegasVegas, a déclaré : « nous sommes à 45 mètres près de priver 25 millions d'Américains de l'eau issue de la rivière Colorado ». L'eau de la rivière Colorado est utilisée à 80 % pour l'agriculture et les États mettent en œuvre un plan de transformation des exploitations agricoles pour les inciter à produire des cultures moins gourmandes en eau.
Actuellement, ce sont 6 millions de Californiens qui sont confrontés à des restrictions d'eau, avec pour certaines localités, des rationnements. Le gouverneur américain a demandé aux Californiens de réduire leur consommation d'eau de 15 % par rapport à 2020, afin de tenter de maintenir des niveaux suffisants dans les réservoirs pour permettre à la vie sauvage (les poissonspoissons essentiellement) de survivre. Le but est loin d'être atteint : la réduction atteint simplement les 3,7 % à l'heure actuelle. Ce climatclimat de plus en plus aride a également des conséquences sur l'énergieénergie : si la sécheresse persiste au même niveau cet été - ce qui est envisagé -, le réseau hydroélectrique ne fonctionnera qu'à 48 % de sa capacité, selon l'Administration américaine de l'information sur l'énergie.