Les scientifiques ont découvert comment un groupe de bactéries océaniques contribue à réguler le climat de la Terre. Ces microorganismes fabriquent massivement un composé influant sur la formation des nuages : le diméthylsulfure.

Tout en subvenant à leurs besoins, de petites et prolifiques bactéries marines du groupe SAR11 appartenant à la classe des alphaprotéobactéries participent à la régulation du climat. Cela, parce qu'elles libèrent un gaz au cours de la dégradation biochimique qu'elles effectuent sur des substances organiques.

Au cours de cette réaction, l'un des déchets qu'elles produisent est le diméthylsulfure (DMS). Des chercheurs viennent d'identifier et de caractériser cette propriété dans un article paru dans Nature Microbiology.

« Notre recherche montre comment un composé appelé diméthylsulfoniopropionate (DMSP), qui est fabriqué en grande quantité par le plancton marin, est ensuite décomposé en DMS par ces organismes océaniques minuscules », explique Jonathan Todd, chercheur à l'université d'East Anglia, en Angleterre, et co-auteur de l'article.

Les bactéries ont recourt à une enzyme appelée « DMSP lyase de type cupine » (cupin-like DMSP lyase, en anglais), révèle l'article, c'est-à-dire à une protéine qui catalyse la rupture de différentes liaisons chimiques des molécules de DMSP. L'autre produit de la réaction est du méthanethiol, un gaz incolore de la famille des thiols - dont l'odeur rappelle celle du chou pourri.

La libération bactérienne de DMS gazeux influencerait le pouvoir réfléchissant de l’énergie lumineuse des nuages (ou albédo nuageux) et donc, la température de la Terre à sa surface. © Michael Jastremski, <em>Wikimedia Commons</em>, CC by-sa 2.0

La libération bactérienne de DMS gazeux influencerait le pouvoir réfléchissant de l’énergie lumineuse des nuages (ou albédo nuageux) et donc, la température de la Terre à sa surface. © Michael Jastremski, Wikimedia Commons, CC by-sa 2.0

Les bactéries de type SAR11 sont à intégrer aux modèles climatiques

Environ 10 % du DMSP seraient ainsi dégradés chaque année en DMS par les gourmandes qui figurent parmi les organismes les plus abondants de la planète : en moyenne, une simple cuillère à café d'eau de mer contient un demi-million de bactéries de ce type.

Or, le DMS volatil est connu pour favoriser la formation des nuages. Oxydé dans l'atmosphère, il donne une grande variété de composés sulfurés, dont l'acide sulfurique. Ce dernier a la capacité de former des aérosols qui se comportent comme des noyaux de condensation de nuages. Les gouttelettes d'eau ainsi formées réduisent la quantité de lumière frappant la surface océanique et terrestre et par conséquent, modèrent la température ambiante.

Aussi, la présence de ce gaz, ses variations atmosphériques et ses propriétés sur les nuages pourraient avoir un impact significatif sur le climat global de la Terre. Pour les chercheurs, il est désormais décisif de considérer ce groupe de bactéries marines dans les travaux d'amélioration des modèles expliquant l'impact du DMS sur le climat, en vue d'optimiser les prédictions.