En plongeant dans les eaux de l'Antarctique, ces scientifiques ne s'attendaient pas à une telle découverte : les phoques de Weddell produisent des ultrasons. Dans quel but ? Cela reste un mystère.
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« Les appels des phoques de Weddell créent un paysage sonore presque incroyable, d'un autre monde sous la glace » apprécie Paul Cziko, l'un des auteurs d'une étude sur leurs vocalisations. À l'instar des autres pinnipèdes, ces mammifères marins semi-aquatiques aux pattes en forme de nageoires, les phoques de Weddell émettent des sons audibles pour l'humain. Jusqu'à présent, les scientifiques ne soupçonnaient pas qu'ils produisent également des ultrasonsultrasons. « On dirait vraiment que vous êtes au milieu d'une bataille spatiale dans Star Wars, avec des faisceaux laserlaser et tout » s'emballe le chercheur.
Entre 2017 et 2018, une équipe des universités de l'Oregon (États-Unis) et de New Brunswick (Canada) a plongé dans dans les eaux gelées de l'Antarctique pour enregistrer ces vocalises. Sans surprise, leur hydrophone a recueilli des sons audibles pour l'humain. Mais au fil des écoutes, les scientifiques se sont rendus à l'évidence : des ultrasons étaient saisis sur les bandes. « Finalement, nous nous sommes rendus compte que les phoques utilisaient [ces appels ultrasonores] assez régulièrement » raconte LisaLisa Munger, coautrice.
Ils en ont dénombré neuf. Neuf vocalisations ultrasoniques pouvant atteindre les 50 kilohertz, bien que certaines harmoniques aient dépassé les 200 kilohertz ! À titre de comparaison, l'oreille humaine perçoit les sons entre 20 et 20.000 hertzhertz - soit 20 kilohertz. Désormais, ces appels ultrasonores représentent 17 % du répertoire d'appels connus des phoques. Mais une inconnue demeure : à quoi servent-ils ?
Neuf vocalises, deux hypothèses
« Vous ne savez jamais ce que vous allez trouver quand vous avez des yeuxyeux et des oreilles dans l'océan, en particulier en Antarctique » constate Paul Cziko. Ce scientifique estime deux raisons possibles aux appels ultrasonores. D'un côté, ils pourraient servir à « se démarquer des bruits de basse fréquence, comme si vous passiez sur un canal différent pour communiquer ». De l'autre, ils pourraient permettre l'écholocation, c'est-à-dire un sonarsonar biologique utilisé pour naviguer lorsque la visibilité est limitée. Lors de l'hiver antarctique, par exemple, qui plonge les phoques de Weddell dans l'obscurité pour plusieurs mois.
Afin d'élucider ce mystère-là, les chercheurs planifient des enregistrements d'une plus grande ampleur. « Comment les phoques utilisent-ils ces sons ?, s'interroge Lisa Munger, nous devons enregistrer dans plus d'endroits pour voir corréler les sons avec les comportements ».