Deux girafes adultes deux fois plus petites que la normale ont été aperçues en Afrique. Un cas très rare de nanisme observé chez un animal sauvage, dont l’origine demeure mystérieuse.
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« Une tête et un long cou de girafe posés sur un corps de cheval », c'est ainsi que sont décrites les girafes atteintes de nanismenanisme découvertes par deux scientifiques de la Fondation pour la conservation des girafes. En 2015, dans le cadre d'une mission de surveillance, les chercheurs repèrent par hasard une girafe de Nubie de petite taille dans le parc national Murchison Falls en Ouganda. « Au départ, je n'y ai pas cru », confie au New York Times David O'Connor, président de la Fondation. « Pour être honnête, j'ai cru que c'était un montage Photoshop ». Trois ans plus tard, en 2018, des photos d'une petite girafe adulte d'Angola sont pourtant prises dans une ferme en Namibie.
Long cou et courtes pattes
Munis de ces photos, les scientifiques ont pu déterminer leur taille grâce à un procédé nommé photogrammétrie. L'une des girafes naines possède bien un long cou d'une taille normale (146,13 cm contre 135,21 cm en moyenne pour les adultes de son âge), tandis que l'autre a un cou plus court (101,15 cm). Leurs métacarpesmétacarpes et radius sont raccourcis et leurs membres nettement plus petits que la normale, décrivent les chercheurs dans une étude parue dans la revue BMC Research Notes. D'après les conclusions, les deux girafes sont atteintes de dysplasiedysplasie squelettique, une condition qui se caractérise par des anomaliesanomalies de la croissance des os.
Origine génétique
On sait que le nanisme existe chez l'Homme ainsi que chez des animaux domestiques comme les chiens, les vaches et les cochons, mais on l'observe rarement parmi des animaux sauvages. C'est la première fois que l'on observe des cas parmi des girafes, et c'est d'autant plus frappant que l'animal est connu pour sa grande taille. La cause de ce nanisme reste un mystère. On sait que des mutations aléatoires peuvent subvenir en captivité par manque de diversité génétique (consanguinitéconsanguinité). La population dans laquelle évoluent ces girafes s'élève à 1.500 individus, ce qui semble suffisant a priori pour éviter ce type de phénomène.
Le nanisme, un handicap certain pour un animal sauvage
« Malgré leur handicap, ces deux girafes ont réussi à passer la phase critique de l'enfance » (jusqu'à 66 % des jeunes girafes décèdent avant l'âge de un an), constatent les chercheurs. Elles restent malgré tout plus vulnérables aux prédateurs et des vidéos enregistrées en Namibie laissent supposer qu'elles ont plus de difficulté à se déplacer. « Étant donné que les deux spécimens observés sont des mâles, il apparaît improbable qu'ils soient capables de monter une femelle de taille normale, rendant impossible la transmission des gènesgènes du nanisme », assurent également les chercheurs dans leur étude. Le devenir de ces girafes reste donc incertain, d'autant plus que les animaux en captivité atteints de dysplasie squelettique ont généralement une espérance de vieespérance de vie moins élevée. La girafe ougandaise n'a plus été observée depuis 2017. Quant au spécimen namibien, sa dernière apparition remonte à juillet 2020.