Les sables des plages situées à proximité d’Hiroshima contiennent des particules inhabituelles, comme des petites sphères vitreuses. D’après les analyses réalisées à l’université de Berkeley, il s’agit de résidus provenant de l'explosion de la bombe atomique en 1945.


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    Cette étude parue dans la revue Anthropocene est la première à décrire précisément les particules tombées sur le sol après l'explosion de la bombe atomique d'Hiroshima. Le 6 août 1945, l'explosion a causé le décès immédiat d'au moins 70.000 personnes ; en comptant les personnes décédées à cause des radiations, il y aurait eu au moins 145.000 morts. La bombe et les incendies qui ont suivi ont rasé une zone d'environ 10 km2.

    Le principal auteur de cet article est Mario Wannier, un géologuegéologue à la retraite, spécialiste des organismes marins microscopiques. Il étudiait des sables de plages de la péninsule de Motoujina au Japon, dans la baie d'Hiroshima, quand il a repéré des particules inhabituelles : des petites sphères vitreuses, des filaments, des particules composites fondues...

    Dans un communiqué de l’université Berkeley, il a expliqué « J'avais déjà vu des centaines d'échantillons de plages du sud-est de l'Asie et je peux immédiatement distinguer les grains de minérauxminéraux des particules créées par les animaux ou les plantes, ce qui est très facile. » Dans les sables de Motoujina, récoltés par son collègue Marc de Urreiztieta, il y avait des traces d'organismes unicellulaires, des foraminifères, mais pas seulement.

    Exemples de particules récupérées dans les sables de la péninsule de Motoujina, au Japon. © Anthropocene, Volume 25, March 2019, DOI: 10.1016/j.ancene.2019.100196
    Exemples de particules récupérées dans les sables de la péninsule de Motoujina, au Japon. © Anthropocene, Volume 25, March 2019, DOI: 10.1016/j.ancene.2019.100196

    « Vous ne pouvez pas manquer ces particules étrangères. Elles sont généralement aérodynamiques, vitreuses et arrondies - ces particules m'ont immédiatement rappelé certaines particules sphériques (arrondies) que j'avais vues dans des échantillons de sédiments de la limite crétacé-tertiaire. » La crise crétacé-tertiaire qui a eu lieu il y a 66 millions d'années correspond à une époque d'extinction en massemasse d'espècesespèces, comme les dinosaures. Certaines des sphères vitreuses semblaient avoir fusionné avec d'autres sphères, d'autres présentaient des sortes de queues, certaines particules ressemblaient à du caoutchouccaoutchouc, d'autres contenaient différents matériaux recouverts de couches de verre ou de silicesilice... Ces particules étaient de taille millimétrique.

    Des débris générés dans des conditions extrêmes de température

    Par la suite, le géologue a récupéré d'autres sables. Tous les échantillons provenaient de zones situées entre 6 et 12 kilomètres d'Hiroshima. Dans l'ensemble, il y avait entre 12,6 et 23,3 grammes de particules suspectes pour un kilogrammekilogramme de sable. Les chercheurs estiment qu'une surface d'un kilomètre carré contiendrait 2.200 à 3.100 tonnes de particules sur 10 centimètres d'épaisseur !

    Vous avez une ville et une minute plus tard, vous n’avez pas de ville. La question qui se posait était : « Où est la ville – où est le matériau ? »

    Les particules inhabituelles proviennent probablement de la destruction de la ville par la bombe A. En effet, le géologue se demandait : « vous avez une ville et une minute plus tard, vous n'avez pas de ville. La question qui se posait était : "Où est la ville - où est le matériaumatériau ?" C'est un trésor d'avoir découvert ces particules ».

    Le contenu des particules a été analysé dans un laboratoire de l'université de Berkeley. L'étude des échantillons de sables d'Hiroshima a révélé la variété chimique des éléments présents : aluminiumaluminium, siliciumsilicium, calciumcalcium... L'équipe a observé des globulesglobules de ferfer et de chrome, ainsi que des structures cristallines ramifiées. La composition des particules correspondait à des matériaux de constructionconstruction fréquents dans les bâtiments d'Hiroshima au moment de l'explosion : bétonbéton, marbremarbre, acier inoxydableacier inoxydable et caoutchouc.

    Les débris de forme aérodynamique, comme les petites sphères vitreuses, ressemblent à ce qui peut se produire lors d'un évènement catastrophique comme un impact météoritique, mais aussi une explosion nucléaire. Les analyses effectuées sur les particules ont montré qu'elles s'étaient formées dans des conditions extrêmes, à des températures de plus de 1.800 °C. Après l'explosion, dans la boule de feufeu ascendante, les matériaux provenant du sol ont « bouilli » et se sont mélangés dans cet environnement à haute altitude, puis ils ont refroidi et sont retombés en pluie.