Les incendies meurtriers en Grèce, en Italie et en Algérie sont-ils un phénomène classique et inévitable au cours de l'été ? Si les incendies des régions méditerranéennes ont toujours existé, plusieurs études récentes expliquent comment le risque d'incendies augmente dans ces régions en raison du réchauffement climatique.


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    Plusieurs centaines de feux de forêt se sont produits au cours des derniers jours en Grèce, Italie, Maroc, Algérie, Tunisie, ainsi que quelques-uns dans le sud de la France. Après une année 2022 déjà historique en matière de feux de forêts en Europe, 2023 semble prendre un chemin similaire dans les régions méditerranéennes. L'île de Rhodes, celle de Corfu, et l'Algérie ont connu un bilan dramatique en l'espace de quelques jours. Au moins 34 personnes sont décédées dans les 97 feux qui se sont produits au nord-est de l'Algérie dans la nuit de dimanche à lundi. En Grèce, plus de 30 000 personnes ont été évacuées et 40 000 hectares ont brûlé à Rhodes, soit un tiers de l'île.

    Des incendies de moins en moins naturels en Méditerranée

    Il n'y a aucun doute que les incendies sont un phénomène naturel et normal au cours de l'été, surtout au sud de l'Europe. Mais l'augmentation de leur nombre, et de la surface qu'ils dévastent, témoigne d'un changement qui dépasse le naturel : déjà parce que neuf sur dix incendies sont d'origine humaine, volontaire ou non. Mais aussi parce que ces incendies se produisent de plus en plus dans un contexte de canicule durable, intense, et même record en ce qui concerne ceux du mois de juillet 2023.

    L'explosion des feux de forêt dans ces régions résulte principalement de trois paramètres :

    La fréquence et l'intensité des incendies ont nettement augmenté

    Selon une étude parue dans Reviews of Geophysics en avril 2022, « la fréquence et l'intensité du risque d'incendies n'ont cessé d'augmenter entre 1979 et 2019 ». Les modèles climatiques, qui effectuent des simulations sur le futur, mais aussi sur le passé, montrent que les feux sont bien plus courants maintenant qu'avant la révolution industrielle de 1850.

    Selon le professeur de science du feufeu, Guillermo ReinRein, de l'Imperial College de Londres : « il y a toujours eu des incendies dans le Sud, mais le changement climatiquechangement climatique les rend plus étendus, plus rapides et plus difficiles à arrêter. Un été anormalement chaud conduit forcément à des forêts plus inflammables », déclare-t-il dans Science Media Centre. Dans la plupart des pays méditerranéens, comme la Grèce, le risque d'incendie était classé « extrême » ou « très extrême » depuis plusieurs semaines, et les autorités étaient préparées. Mais l'intensité des feux en Grèce a même surpris les experts. « Le changement climatique d'origine humaine augmente non seulement le nombre d'incendies, mais aussi leur intensité. La Méditerranée a connu deux vagues de chaleurchaleur majeures cette année. La première caniculecanicule a été rendue 100 fois plus possible à cause de l'influence humaine sur le climatclimat, et au moins 2 °C plus chaude. Les études montreront probablement la même chose pour la deuxième canicule », précise Thomas Smith de la School of Economics de Londres. Également interrogé par Science Media Centre, Douglas Kelley du Centre anglais d'écologieécologie et d'hydrologiehydrologie, explique « ce qui a été exceptionnel dans les feux de Rhodes, c'est leur intensité et la vitessevitesse à laquelle ils se sont propagés. Nous prévoyons une augmentation de 50 % de ce type d'incendies extrêmes d'ici la fin du siècle ».