Après avoir connu des incendies meurtriers il y a cinq ans, le Portugal a changé sa manière de gérer le risque en s'attaquant directement à la cause. De nombreux pays s'inspirent désormais de son exemple.
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Après les feux dramatiques de 2017 qui ont fait 64 morts, le Portugal est devenu un exemple de lutte contre les incendies pour les autres pompiers européens. Cinq ans après les dramatiques incendies qui ont fait 64 morts à Pedrógão Grande, le Portugal a décidé de révolutionner sa manière d'anticiper le risque de feufeu. La plupart des victimes ont péri dans leurs voituresvoitures en tentant de fuir la catastrophe, alors qu'il était déjà trop tard. « Trop tard » effectivement, voilà pourquoi le gouvernement priorise la prévention avant tout. Si l'odeur des eucalyptus est très agréable l'été à proximité des forêts portugaises, ces arbres sont avant tout des sources majeures d'incendies.
L'eucalyptus à la croissance très rapide ne devrait pas faire partie du paysage du pays : originaire d'Australie, son bois est hautement inflammable. Les feuilles forment un tapis inflammable lorsqu'elles tombent, même chose pour son écorce qui se détache. L'huile d'eucalyptus est d'ailleurs responsable du surnom de ces arbres en Australie : « les arbres à essence ».
Une refonte totale de la nature portugaise
Il est désormais interdit de planter des eucalyptus, et le gouvernement s'est investi dans une refonte totale de la nature du centre et du nord du Portugal. L'idée est de rendre ces terres moins inflammables. Dans cette partie de l'Europe, on estime à 30 % de plus le nombre de feux de forêts possibles d'ici 2050, en raison du réchauffement climatiqueréchauffement climatique. Car s'il est actuellement difficile de lutter contre la hausse des températures et la sécheressesécheresse, il est possible de rendre la nature moins sensible à l'embrasement par le choix de certaines espècesespèces, et de préparer davantage la population à ce risque : cela passe par une formation des communes à risques, avec des informations dispensées à tous les habitants, comme le choix des routes d'évacuation. Lors de la catastrophe de 2017, les victimes s'étaient enfuies par une route étroite, la pire de la zone, désormais surnommée « la route de la mort ».
Le Portugal a créé une agence de gestion des feux (Agif) dont le but est de s'occuper de la cause des feux, et non pas seulement de combattre ceux déjà en cours. Les zones rurales font face à un problème de plus en plus important : les jeunes quittent les campagnes et abandonnent la ferme de leurs familles, laissant des espaces non entretenus. Parmi la prévention proposée pour entretenir ces zones à risque : couper systématiquement tous les eucalyptus à proximité des villages et replanter des espèces locales, redonner sa place à l'agricultureagriculture dans ces régions désertées et donc non surveillées, mais aussi, développer l'éco-pâturage, notamment avec des chèvres et des moutons sur les terres à débroussailler, un concept rapide et peu coûteux. Des mesures de prévention qui intéressent notamment le sud-ouest de la France : la forêt des Landes est remplie d'arbres également très inflammables, les pins maritimes, qui eux non plus, ne sont pas, à la base, endémiquesendémiques de cette région.
Cette nouvelle politique de gestion des feux a attiré l'attention d'autres pays très concernés, comme ses voisins européens dont la France, mais aussi la Californie, l'Afrique du Sud et l'Australie. Alors que de nombreux pompiers étrangers viennent se former au Portugal, le pays a été choisi pour accueillir la Conférence internationale sur les feux de forêts en 2023.