La calotte glaciaire du Groenland fond désormais à un rythme un peu fou, faisant monter le niveau de la mer et perturbant les conditions météorologiques dans le monde entier. Et des chercheurs ont combiné les données renvoyées par deux missions satellites pour nous le montrer.

 


au sommaire


    Sous l'effet du réchauffement climatique anthropique, la calotte glaciaire du Groenland fond depuis 1998, selon la National Oceanic and Atmospheric AdministrationNational Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA, États-Unis). Et cette fontefonte est le deuxième plus grand contributeur à l'élévation du niveau de la mer. Le premier restant la dilatationdilatation de l'eau - la même quantité d'eau prend de plus en plus de place - que l'on doit au fait que les températures des océans augmentent.

    Mais ce n'est pas tout. Parce que la fonte des glaces du Groenland a également des effets profonds sur la circulation océanique mondiale et sur les conditions météorologiques sur l'ensemble de notre Planète. Des changements qui ont des répercussions profondes sur les populations - la fonte de la glace perturbe la pêche et la chasse dont elles vivent - et les écosystèmes locaux - les ours polaires perdent de l'espace où se reposer - mais aussi sur les communautés du monde entier. Pour soutenir notamment nos efforts d'adaptation au réchauffement climatique, les scientifiques cherchent à mesurer avec précision comment la région évolue. Pour ce faire, ils disposent désormais de précieuses données renvoyées par deux missions complémentaires : la mission CryoSatCryoSat, de l'Agence spatiale européenneAgence spatiale européenne (ESA), et la mission ICESat-2, de la NasaNasa.

    La glace du Groenland amincie de plusieurs mètres

    Le système radar sur lequel compte CryoSat pour mesurer la hauteur de la surface de la Terre peut percer les nuages et pénétrer la surface de la calotte glaciairecalotte glaciaire du Groenland. Les signaux laserlaser qu'exploite ICESat-2, eux, se réfléchissent sur la surface réelle, mais ne fonctionnent pas en présence de nuages. La combinaison de leurs mesures, c'est ainsi un peu comme le Graal pour les scientifiques polaires.

    Une équipe internationale menée par des chercheurs du Centre d'observation et de modélisationmodélisation polaires (CPOM, Royaume-Uni) le prouve pour la première fois aujourd'hui par les chiffres dans une étude parue dans les Geophysical Research Letters. Ils révèlent qu'entre 2010 et 2023, la calotte glaciaire du Groenland s'est amincie de 1,2 mètre en moyenne. Cependant, dans les régions où la fonte estivale dépasse les chutes de neige hivernales, l'amincissement moyen est bien supérieur. De l'ordre de 6,4 mètres.

    Une précision de mesure précieuse pour prendre de bonnes décisions

    Mais ce n'est presque rien comparé à l'amincissement qui s'est produit au niveau des glaciersglaciers côtiers de la calotte glaciaire. À Sermeq Kujalleq, dans le centre ouest du Groenland - également connu sous le nom de Jakobshavn Isbræ -, l'amincissement a atteint 67 mètres. Et à Zachariae Isstrøm, dans le nord-est, il est même de 75 mètres ! Au total, les chercheurs rapportent un rétrécissement de la calotte glaciaire de pas moins de 2 347 kilomètres cubes. L'équivalent du volumevolume d'eau contenu dans le lac Victoria (Afrique), le troisième plus grand lac du monde.

    Les chercheurs précisent que l'ajustement de l'orbiteorbite de CryoSat pour la synchroniser avec ICESat-2 a permis la collecte quasi simultanée de données radar et laser sur les mêmes régions. De quoi mesurer la profondeur de la neige et de la glace marine et terrestre depuis l'espace avec une précision sans précédent. « La nature complémentaire des deux missions constitue une forte motivation pour combiner les ensembles de données afin de produire de meilleures estimations des variations de volume et de massemasse de la calotte glaciaire. La perte de masse de la calotte glaciaire étant un facteur clé de l'élévation du niveau de la mer à l'échelle mondiale - mais aussi de perturbation des écosystèmes et des conditions météorologiques -, cela est incroyablement utile pour la communauté scientifique et les décideurs politiques », souligne Nitin Ravinder, chercheur au CPOM, dans un communiqué de l’ESA.