Les caractéristiques assez atypiques du séisme du Teil du 11 novembre dernier ont motivé le CNRS à former un groupe de travail CNRS-INSU pour faire un point sur les causes possibles. Dans leur rapport d'évaluation, deux causes ont été privilégiées. L’une naturelle : le sens de mouvement de la faille étant compatible avec la déformation de la région. L’autre industrielle, ayant pour origine une activité humaine due à l’exploitation de la carrière du Teil.


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    Un séisme de magnitudemagnitude 5 s'est produit le 11 novembre 2019 aux environs du Teil, en Ardèche. Le séisme se manifeste à la surface par une rupture de faille d'environ quatre kilomètres de long, entre Le Teil et Saint-Thomé. En profondeur, vers un kilomètre, les décalages de faille atteignent 30 centimètres. L'occurrence d'un séisme d'une telle magnitude en France métropolitaine, à si faible profondeur, associé à un nombre particulièrement faible de répliques, en font un séisme aux caractéristiques assez atypiques.

    Ces caractéristiques ont motivé le CNRS à former un comité d'experts afin de faire un point sur ce que la recherche et ses outils peuvent apporter comme éclairage sur ce séisme et ses causes possibles. Cette étude n'a pas pour but de donner un avis sur la reprise d'activité de la carrière du Teil ni d'évaluer le risque sismique sur les sites des centrales nucléaires.

    Contexte géologique local. Fond : assemblage des cartes géologiques BRGM de Aubenas et Montélimar au 1/50.000. Certaines failles géologiques ont été soulignées en noir et leur nom indiqué. Les failles bleues et rouges sont tirées de la base de données de failles potentiellement actives [Jomard, 2017]. L’étoile rouge représente l’épicentre du tremblement de terre du Teil. La zone de rupture détectée par InSAR est la ligne magenta, les évidences de rupture observées sont symbolisées par les étoiles et les plans de failles anciens par les polygones. Le trait vert correspond à la coupe géologique (voir schéma ci-dessous). © Document extrait du rapport CNRS-INSU
    Contexte géologique local. Fond : assemblage des cartes géologiques BRGM de Aubenas et Montélimar au 1/50.000. Certaines failles géologiques ont été soulignées en noir et leur nom indiqué. Les failles bleues et rouges sont tirées de la base de données de failles potentiellement actives [Jomard, 2017]. L’étoile rouge représente l’épicentre du tremblement de terre du Teil. La zone de rupture détectée par InSAR est la ligne magenta, les évidences de rupture observées sont symbolisées par les étoiles et les plans de failles anciens par les polygones. Le trait vert correspond à la coupe géologique (voir schéma ci-dessous). © Document extrait du rapport CNRS-INSU

    Séisme du Teil : cause naturelle ou industrielle ?

    Ce comité d'experts (géophysiciens, sismologuessismologues, géologuesgéologues et modélisateurs) du CNRS et d'autres organismes et universités partenaires livrent dans le rapport des premières conclusions. 

    Éléments penchant en faveur d'une cause naturelle :

    • Certaines données indiquent un démarrage du séisme loin de la zone d'influence de la carrière.
    • Le sens de mouvementmouvement de la faille est compatible avec la déformation naturelle de la région. La sismicité dans un rayon de 30 kilomètres du Teil est faible à modérée, mais il y a déjà eu des séismes destructifs dans les derniers siècles.
    • Le fait que le séisme soit très superficiel n'est pas exceptionnel dans la région, où un essaim de microséismes très superficiels a déjà été documenté en 2002-2003.
    • Les forces relâchées par le séisme sont bien plus grandes que celles induites par la carrière. La zone principale de mouvement sur la faille est en dehors de la zone d'influence de la carrière.

    Éléments penchant en faveur d'une cause industrielle :

    • Certaines données placent le point de démarrage du séisme très proche, voire un kilomètre au-dessous de la carrière du Teil.
    • La faille s'est activée essentiellement à moins de 1.000 mètres de profondeur, alors que le plus souvent les séismes naturels se produisent à plusieurs kilomètres de profondeur.
    • L'extraction de roche de la carrière du Teil déforme la croûtecroûte et produit des forces dont les caractéristiques sont favorables à l'activation de la faille de La Rouvière, située à environ un kilomètre plus bas.

    Au vu de ces éléments, l'hypothèse que l'activité de la carrière (extraction de roches) ait contribué à déclencher le séisme ne peut pas être écartée, mais ce sont certainement des forces naturelles qui ont déterminé sa magnitude et son impact. Les effets sur le séisme du Teil des tirs de carrière et des infiltrations souterraines d'eau semblent peu probables au regard d'analyses préliminaires, mais restent à quantifier par des recherches plus approfondies.

    Coupe géologique schématique perpendiculaire à la faille de la Rouvière. Les informations sont projetées depuis un kilomètre de part et d’autre du trait de coupe localisé sur le schéma ci-dessus (tracé en vert). © Document extrait du rapport CNRS-INSU
    Coupe géologique schématique perpendiculaire à la faille de la Rouvière. Les informations sont projetées depuis un kilomètre de part et d’autre du trait de coupe localisé sur le schéma ci-dessus (tracé en vert). © Document extrait du rapport CNRS-INSU

    Quelle probabilité d'un nouveau séisme ?

    Le comité d'experts n'a pas été en mesure d'évaluer la probabilité d'un nouveau séisme de taille similaire, voire plus grande, dans la région. Toutefois, le séisme du Teil a pour le moment déclenché beaucoup moins d'activité sismique (répliques) qu'attendu.

    Les membres du groupe de travail sont toujours à l'œuvre et leurs travaux permettront de mieux préciser les différents éléments présentés dans le rapport. En particulier, une meilleure précision et cohérence entres analyses de la localisation de l'épicentre du séisme est nécessaire pour déterminer s'il a démarré ou non dans la zone d'influence de la carrière.

     


    Un séisme de magnitude 5,4 a secoué le sud de la France

    Article de Futura avec AFP-Relaxnews, publié le 11/11/2019

    Quatre personnes ont été blessées, dont l'une grièvement, dans un fort séisme survenu lundi 11 novembre peu avant midi près de Montélimar (Drôme), et ressenti de Lyon à Montpellier sans toutefois provoquer de dégâts majeurs.

    Le séisme, de magnitude 5,4 sur l'échelle de Richter, s'est produit en Ardèche, à « 26km au sud-est de Privas », possiblement à proximité du Teil, à 11 h 52, a précisé dans un communiqué le Bureau central sismologique Français (BCSF) de Strasbourg.

    Il a été ressenti principalement dans la Drôme et l'Ardèche, notamment à Montélimar où une personne a été grièvement blessée dans la chute d'un échafaudageéchafaudage, selon la préfecture de la Drôme.

    Trois autres personnes ont été légèrement blessées en Ardèche « suite à une crise de panique », a indiqué sur TwitterTwitter le préfet de ce département. Ce dernier a demandé aux habitants du Teil (Ardèche), localité limitrophe de Montélimar la plus touchée par le séisme, de « rester pour le moment à l'extérieur des habitations ».

    « Mon bâtiment a été cassé à l'intérieur, à l'extérieur, il est fissuré de partout », a notamment témoigné à l'AFP Brahim, habitant du quartier des Sablons. Des témoins ont indiqué que l'église du quartier de Mélas avait aussi été partiellement détruite. Le maire de cette ville a ouvert trois gymnases pour ses administrés, a ajouté le préfet. Le centre-ville a été fermé à la circulation et une centaine de pompiers ont été dépêchés sur place.

    Selon un bilan de la sécurité civile, une cinquantaine de bâtiments présentent des fissures dans la zone, et un bâtiment désaffecté s'est effondré en Ardèche. La même source précise qu'aucun impact n'a été relevé dans les centrales nucléaires voisines de Cruas et Tricastin, pas plus que sur les sites Seveso. « Aucun dégât majeur n'a été recensé à ce stade dans le département », a rassuré dans un communiqué la préfecture de la Drôme.

    « Cela a duré cinq secondes, tout a tremblé autour de moi, les meubles, les mursmurs, comme si un avion s'était écrasé à 800 mètres ou une grosse explosion », a témoigné auprès de l'AFP Kevin Cuer, habitant au 4e étage d'un immeuble de Montélimar. Selon lui « tout le monde est sorti dans la rue après la secousse, les gens ont eu très peur, on s'est dit "pourvu que ça s'arrête vite" ».

    Le plus fort séisme en France depuis 2003

    Selon les données du BCSF, on n'a pas constaté de séisme aussi fort en France continentale depuis 2003 (dans les Vosges, voir l'article plus bas). En 2011, un séisme de magnitude 5,5 avait été enregistré mais son épicentre se situait en mer, à 100 kilomètres au large d'Ajaccio.

    « J'ai senti mes jambes trembler, j'avais l'impression que j'allais tomber, les jambes en coton, je me suis assise et j'ai compris qu'il y avait eu un tremblement de terretremblement de terre », a raconté à l'AFP Nathalie Lefèvre, habitante de Vallon Pont d'Arc, dans l'Ardèche. « J'étais appuyée contre le four de la boulangerie de ma mère quand je l'ai senti trembler. Le vaisselier d'une cliente a bougé et toute sa vaisselle a été cassée », a aussi expliqué Victoria Brielle, une habitante de Privas.

    Une femme photographie des briques tombées d'un mur au Teil (Ardèche), le 11 novembre 2019, après un séisme de magnitude 5,4 dans la région. © Jeff Pachoud, AFP
    Une femme photographie des briques tombées d'un mur au Teil (Ardèche), le 11 novembre 2019, après un séisme de magnitude 5,4 dans la région. © Jeff Pachoud, AFP

    La possibilité d’une réplique

    Mustapha Meghraoui, physicienphysicien à l'Institut de physiquephysique du globe de Strasbourg, a précisé à l'AFP que « c'est un (séisme) rare (...) un séisme important pour la région, alertant sur la possibilité d'une forte réplique. On n'exclut pas qu'il y ait une secousse peut-être aussi forte que celle de ce matin, c'est rare mais on ne l'exclut pas, il faut qu'on soit prudent et vigilant », a-t-il prévenu.

    La secousse a également été ressentie jusqu'à Saint-Étienne, Grenoble, Lyon, et même dans le sud de la France, ont indiqué des témoins. « Le chienchien a aboyé avant la secousse », a notamment témoigné auprès de l'AFP Didier Lévy, qui habite un château du XVe siècle à Lamotte-du-Rhône (Vaucluse). C'est la première fois que je vis ça, j'ai ressenti la secousse alors que nos murs font un mètre d'épaisseur », a-t-il ajouté. Plusieurs minutes après la secousse, « les lustres bougeaient toujours », a-t-il assuré.

    Voir aussi

    Un puissant séisme révèle des montagnes cachées dans le manteau terrestre


    Séisme important dans l'Est de la France

    Article de Caroline Idoux publié le 24 février 2003

    A 21 h 41, samedi 22 février, un séisme de magnitude 5,4 sur l'échelle de Richter a secoué une partie de la France. Son épicentre a été localisé à 20 kilomètres au nord-ouest de Saint-Dié (Vosges).

    C'est une grande partie de la France qui a été surprise samedi soir par un séisme ressenti de Strasbourg à Lille et même jusqu'à Paris (à 350 km de l'épicentre). Pendant huit secondes, la terre a tremblé. Selon l'Observatoire des Sciences de la terre de Strasbourg, l'épicentre a été localisé à 48,34 degrés de latitudelatitude nord et 6,66 degrés de longitudelongitude est. Dans un communiqué, la préfecture de Meurthe-et-Moselle précise que « des répliques se sont déjà produites et sont susceptibles de se renouveler dans les prochains jours ».

    Le tremblement de terre a touché une trentaine de départements du grand Est de la France. Il a également été perçu dans le sud de l'Allemagne et en Suisse. Le 30 septembre dernier, un séisme de même intensité, localisé près de Lorient, avait été ressenti en Mayenne et en Bretagne.