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Une côte indonésienne avant et après le tsunami causé par le séisme de magnitude 9,3 survenu dans l'océan Indien le 26 décembre 2004. Ces dernières années, Sumatra a été touché par des tremblements de terre d'une magnitude supérieure à 7 en 2004, 2005, 2007, 2008, 2009, 2010 et 2012. © disasterscharters.org
Ce 11 avril 2012, deux tremblements de terre exceptionnels (magnitudesmagnitudes de respectivement 8,6 et 8,2) ont été détectés dans le nord-est de l'océan Indien. Aucun dégât conséquent ni tsunami n'a été déploré. Ils cachent pourtant une impressionnante information tant ils sont atypiques. Une explication vient d'être fournie par trois nouvelles publications parues dans la revue Nature.
Voici 75 millions d'années, la plaque indo-australienne, en mouvementmouvement vers le nord-est, est en collision avec la plaque eurasienne, donnant naissance à l'Himalaya. Depuis, la partie australienne, au sud, se déplace toujours vers l'avant et subduit actuellement au niveau de la fosse du Pacifique occidental. Par conséquent, des contraintes de flexionflexion seraient apparues au milieu de la plaque, à proximité de l'île indonésienne de Sumatra, il y a environ 10 millions d'années. D'impressionnantes quantités d'énergieénergie se seraient ainsi accumulées. Mais que s'est-il passé ensuite ?
Lors de la première secousse du 11 avril, quatre failles auraient cassé en seulement 2 min 40, un fait exceptionnel (les tremblements de terretremblements de terre résultent en effet souvent d'une seule rupture). Lors du second épisode sismique, 2 heures plus tard, une cinquième faille a lâché. Point troublant, les séismes ont eu lieu au milieu de la plaque et non à sa périphérie. La conclusion est sans appel : la plaque indo-australienne se déchire actuellement en deux morceaux ! Pas de panique, ce phénomène devrait durer plusieurs millions d'années. En revanche, des milliers d'autres séismes sont à prévoir. Ces informations nous ont été fournies par Han Yue de l'University of California à Santa Cruz.
Les flèches noires indiquent le sens du déplacement des différentes parties de la plaque indo-australienne (Indo-Australian Plate). Elles ne sont pas toutes parallèles. Les tensions engendrées causeraient une rupture de la plaque dans la région encerclée (Plate breackup region). Les deux séismes du 11 avril 2012 ont d'ailleurs eu lieu (étoiles rouges) dans cette zone. © Keith Koper, University of Utah
Des répliques de séismes dans le monde entier
Cette mécanique a notamment été étudiée par Matthias Delescluse de l'École normale supérieure de Paris, dont le modèle développé par son équipe avait souligné la présence des contraintes mécaniques peu de temps après les séismes de 2012. D'après les simulations, le tremblement de terre du 26 décembre 2004, qui provoqua le tsunami meurtrier (magnitude de 9,3), et celui de 2005 survenu près de l'île de Nias (magnitude de 8,7) pourraient avoir déclenché les événements de 2012. Ils auraient augmenté les tensions accumulées au centre de la plaque.
Les deux séismes majeurs d'avril 2012 n'ont pas eu de conséquence, pour une bonne raison : les morceaux fracturés ont coulissé les uns contre les autres (parfois sur 20 à 30 m !). Aucun mouvement n'aurait pu générer des grandes vagues ou même un tsunami. Normalement, ce type de déplacement s'accompagne de petits séismes. Les magnitudes observées sont donc exceptionnelles et pourraient correspondre à un record, surtout pour un phénomène intraplaque.
Fred Pollitz de l'US Geological Survey à Menlo Park s'est intéressé aux événements sismiques observés sur la planète durant les 6 jours qui ont suivi les tremblements. Après un séisme, des secousses secondaires sont fréquemment observées à proximité de l'épicentre principal, mais pas toujours. Des répliques du 11 avril 2012 ont été détectées dans le monde entier. Plus surprenant, les activités sismiques dépassant une magnitude de 5,5 ont même été multipliées par 5 par rapport à la normale. De quoi attiser la curiosité de nombreux chercheurs...