On peut transposer les modèles climatiques actuels et ceux de la tectonique des plaques issus de la géophysique et de la géochimie au climat qui régnera sur Terre une fois le prochain supercontinent formé. Comme le Soleil sera aussi plus lumineux, il s'avère que les températures sur le supercontinent seront si élevées que les mammifères risquent fortement de disparaître, l'Humanité comprise.
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La constitution de la théorie de la tectonique des plaques, le paradigme des sciences de la Terre, s'est effectuée des années 1960 aux années 1970. La théorie pouvait être concrètement vérifiée dans la fameuse dépression de l'Afar dont la vraie nature a été comprise à partir des expéditions d'Haroun Tazieff et ses collègues Giorgio Marinelli, Franco Barberi et Jacques Varet.
On a compris à ce moment-là dans les grandes lignes les mécanismes de formation des chaînes de montagnes, que ce soit avec la cordillère des Andes ou l'Himalaya, en raison de collisions et subductions de plaques tectoniques. L'étude des champs magnétiqueschamps magnétiques fossilisés dans des roches datées permet de déterminer l'inclinaison des lignes de champs magnétiques au moment de la formation de ces roches, inclinaison qui donne la latitude de l'endroit où ces roches ont été récoltées.
Avec d'autres analyses des terrains géologiques, cela rend possible de retracer les mouvementsmouvements de ces terrains pendant des centaines de millions d'années et même quelques milliards. On constate alors que pendant ces temps anciens, les continents se sont rassemblés puis séparés périodiquement, formant des chaînes de montagnes dont des vestiges sont aujourd'hui bien visibles, par exemple sous la forme des chaînes de montagnes des Appalaches aux États-Unis ou bien encore les montagnes de Norvège, de Svalbard, d'Écosse, les collines du nord de l'Irlande et l'est du Groenland qui témoignent de ce que l'on appelle orogenèseorogenèse calédonienne (rappelons que l'orogenèse est le terme scientifique désignant en gros l'ensemble des mécanismes de formation des montagnes).
Ce phénomène périodiquephénomène périodique d'ouverture et de fermeture de paléo-océans qu'accompagnent des collisions et fragmentations de supercontinents - comme la fameuse PangéePangée ou la défunte Téthys - a reçu un nom, celui de cycle de Wilsoncycle de Wilson en raison des travaux qui l'ont mis en évidence et que l'on doit au géologuegéologue et géophysicien canadien John Tuzo Wilson (1908-1993). Un cycle de Wilson dure entre 400 et 600 millions d'années et on peut dire que nous sommes actuellement au milieu d'un de ces cycles.
Une simulation possible de la formation de la prochaine Pangée. © Scotese, C.R., & van der Pluijm, B., 2020. Deconstructing Tectonics: Ten Animated Explorations, "Future Plate Tectonics: Pangea Proxima", Earth and Space Science, 7, e2019EA000989 (https://doi. org/10.1029/2019EA000989)
La prochaine Pangée dans 250 millions d'années
Notre connaissance des mécanismes derrière ce phénomène et la mesure des mouvements des plaques tectoniques actuelles laissent penser qu'un nouveau supercontinentsupercontinent unique naîtra d'ici environ 250 millions d'années. Plusieurs hypothèses ont été considérées, comme celle de l'Amasie, et des noms différents avancés pour les désigner, parfois en les confondant. On parle ainsi de Pangée prochaine (Pangea ProximaProxima), de Pangée ultime (Pangea Ultima) ou de nouvelle Pangée.
Nous savons que les positions des continents, des océans et les chaînes de montagnes influent sur le climatclimat global de la Terre. Nous savons aussi que la luminositéluminosité du SoleilSoleil croît avec le temps, de sorte que d'ici 1,5 milliard d'années environ, la température de la Terre sera si élevée que même si le Soleil sera encore à des milliards d'années du stade de géante rougegéante rouge, les océans de notre Planète bleue seront en ébullition et s’évaporeront.
C'est avec ces données en tête que des chercheurs menés par des membres de l'Université de Bristol ont réalisé des travaux conduisant à un article publié dans Nature Geoscience. Selon eux, lorsque Pangea Ultima sera formée, sous l'influence du rayonnement solairerayonnement solaire dans 250 millions d'années, le climat continentalclimat continental sera si chaud que les températures seront incompatibles avec l'existence des mammifèresmammifères, ce qui veut dire que si l'humanité existe encore, alors elle s'éteindra.
Bien évidemment, on peut douter fortement de l'existence de représentant du genre HomoHomo à ce moment-là, et enfin, déjà avec la technologie actuelle une petite population sous des dômes climatisés pourrait parfaitement survivre.
L'image montre la température moyenne (degrés Celsius) mensuelle la plus élevée pour la Terre et le supercontinent projeté (Pangea Ultima) dans 250 millions d'années, alors qu'il serait difficile pour presque tous les mammifères de survivre. © Université de Bristol
Des températures pouvant atteindre les 70 °C sur le supercontinent
Toujours est-il que dans un communiqué de l'Université de Bristol, l'auteur principal de l'article de Nature, Alexander Farnsworth, explique que « le supercontinent nouvellement émergé contribuerait effectivement à un triple coup dur, l'effet de continentalité, un Soleil plus chaud et plus de CO2 dans l'atmosphèreatmosphère, conduisant à un accroissement des températures sur une grande partie de la planète. Le résultat est un environnement essentiellement hostile, dépourvu de sources de nourriture et d'eau pour les mammifères. Des températures généralisées comprises entre 40 et 50 degrés Celsiusdegrés Celsius, et des extrêmes quotidiens encore plus intenses, aggravés par des niveaux d'humidité élevés, finiraient par sceller notre sort. Les humains - ainsi que de nombreuses autres espècesespèces - expireraient en raison de leur incapacité à évacuer cette chaleurchaleur par la sueur, refroidissant ainsi leur corps ».
Plus précisément, seulement entre 8 et 16 % des terres seraient habitables pour les mammifères. Les processus tectoniques entraînant la formation du supercontinent entraîneraient également des éruptions volcaniqueséruptions volcaniques plus fréquentes qui produiraient d'énormes rejets de dioxyde de carbonedioxyde de carbone dans l'atmosphère, d'où des températures beaucoup plus élevées pouvant atteindre par endroits les 70 °C !
Les calculs prédisant le taux de CO2 futur ont été dirigés par le professeur Benjamin Mills de l'Université de Leeds, qui a déclaré : « Nous pensons que le CO2 pourrait passer d'environ 400 parties par million (ppmppm) aujourd'hui à plus de 600 ppm dans le futur. Bien sûr, cela suppose que les humains cesseront de brûler des combustibles fossiles, sinon nous connaîtrons ces chiffres bien plus tôt ».