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La couche noire de l'époque du Dryas. A droite de haut en bas les microsphérules et les particules magnétiques riches en iridium (Crédit: Allen West, UCSB).
L'homme ne serait pas la cause principale de la disparition des mammouths (Crédit : Discovery Communications).
L'extinction du Pléistocène, particulièrement importante en Amérique du Nord puisque c'est environ 80% des espèces de grands mammifères qui ont disparu vers 12 900 ans, fait encore l'objet de nombreux débats. En effet, dans le cas de l'Amérique du Nord, cette extinction semble étrangement corrélée à l'arrivée des hommes dans le nouveau monde ou plus exactement avec la population des Clovis, du nom d'une ville du nouveau Mexique où l'on a retrouvé des silex taillés caractéristiques de cette culture.
Ces derniers avaient-ils apporté avec eux des maladies mortelles ou avaient-ils exterminé les grands mammifères pour se nourrir ?
Aucune de ces explications ne pouvait rendre compte à elle seule de ces extinctions. On voit mal les Clovis se nourrir de chameaux ou de tigres à dents de sabre par exemple.
Bien sûr, l'extinction elle-même s'est produite au moment d'une brusque mais courte glaciationglaciation, le Dryas récent, et le climatclimat a certainement joué un rôle, mais de là à produire à lui seul une extinction, c'est peu probable puisque d'autres glaciations similaires se sont produites au Pléistocène, sans la même ampleur.
Même en imaginant une combinaison de tous ces facteurs, le cas de l'Amérique du Nord restait assez troublant jusqu'à des découvertes récentes qui ont permis aux chercheurs d'élaborer un scénario présenté en détails lors d'une conférence publique le 23 mai 2007 à Acapulco.
La théorie
Une comètecomète de quelques kilomètres de diamètre serait tombée sur l'inlandsisinlandsis de ce qui sera plus tard la région des grands lacs. Elle s'est probablement fragmentée en entrant dans l'atmosphèreatmosphère et il est possible que quelques fragments aient touché le sol du glacierglacier Laurentides recouvrant l'Amérique du nord. D'autres seraient retombés ailleurs sur le continent, provoquant des incendies. Combinés avec un brusque refroidissement, la végétation à la source de la nourriture des grands mammifères se serait alors raréfiée, causant leur disparition en liaison avec une chasse excessive dans certains cas.
Une portion importante de l'Inlandsis laurentidien aurait aussi été déstabilisée entraînant ultérieurement la vidange partielle du réservoir d'eau douceeau douce constitué par le lac Agassiz, le plus grand lac glaciaire en Amérique du Nord et qui recouvrait une bonne partie du Manitoba, le nord-ouest de l'Ontario, certaines régions de l'est de la Saskatchewan et du Dakota du Nord, et le nord-ouest du Minnesota. À sa taille maximale, il mesurait environ 1 500 km de long sur plus 1 100 km de large et atteignait une profondeur de 210 m.
Une grande quantité d'eau douce et froide aurait ainsi été injectée dans l'Atlantique nord. Cet énorme afflux aurait perturbé, voire même stoppé complètement, la circulation thermohalinecirculation thermohaline autour du globe, notamment celle du Gulf StreamGulf Stream. En conséquence de quoi, une baisse importante des températures sur l'Europe du Nord-Ouest, évaluée à 5 ou 6 degrés s'est alors produite. Cet événement brutal est aujourd'hui plutôt bien attesté par l'analyse des carottescarottes de sédimentssédiments marins et de glaces.
Les preuves
A l'appui de ce scénario les chercheurs ont examiné et analysé près de 50 sites archéologiques liés aux Clovis en Amérique du Nord. Ils y ont trouvé une couche riche en carbonecarbone avec une concentration anormale d'iridiumiridium, un élément lourd et rare à la surface de la TerreTerre mais fréquemment associé aux matériaux composant les météoritesmétéorites et les comètes. De plus, des nanodiamants et des fullerènesfullerènes, des caractéristiques exclusives d'échantillons de matièresmatières extraterrestres ont aussi été trouvés. Remarquablement, les abondances de ces traceurs d'impacts extraterrestres diminuent au fur et à mesure que l'on s'éloigne de la région des grands lacs mais on les retrouve encore dans des îles au large de Santa Barbara en Californie par exemple.
35 genres d'animaux ont disparu pendant la période du Pléistocène et 15 l'ont fait précisément il y a environ 12 900 ans. Comme pour la disparition des dinosauresdinosaures à la fin du CrétacéCrétacé, il est désormais tentant et convaincant de voir dans la chute d'une comète, ou d'un astéroïdeastéroïde, le facteur central d'une suite de réactions en chaîneréactions en chaîne conduisant à une extinction massive.