Sportifs, à vos chaussures de marche ! Partez à la découverte d’un impressionnant paysage lunaire perché dans les Alpes de Haute-Savoie : le désert de Platé.
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À 2.200 mètres d'altitude, en Haute-Savoie, se trouve une vaste étendue de roche nue et grise, découpée par de profondes rigoles. Il s'agit du désert de Platé, l'un des plus grands et plus typiques lapiazlapiaz d'Europe.
Ce grand plateau calcaire aux allures de paysage lunaire est situé à une vingtaine de kilomètres du mont Blanc et mérite bien son nom de désert. Ici, la végétation a du mal à s'implanterimplanter sur cette roche nue et dure. Les racines des quelques herbes rases n'arrivent à pénétrer qu'au niveau des nombreuses rigoles formées par la dissolution du calcaire.
Une plateforme carbonatée soulevée par les Alpes
Ce sont ces rigoles qui caractérisent les lapiaz. De tailles et de profondeurs très différentes, elles se développent à partir des fractures initialement présentes dans la roche calcaire. Petit à petit, la circulation de l'eau riche en CO2 va attaquer la roche et élargir les fissures pour former de petites dépressions, de grandes rigoles, voire des puits profonds de plusieurs mètres (avens). L'ensemble est connecté à un réseau de galeries souterraines que l'eau emprunte pour ressortir plus loin au niveau de diverses exsurgences.
Le liapaz du désert de Platé est formé de roches d'âge éocène supérieur. Il fait partie d'une grande formation géologique que l'on appelle « synclinal ». Ce grand plissement en forme de U est lié à la formation des Alpes et à la formidable compression tectonique qui en est à l'origine. Ces calcaires qui se retrouvent désormais à plus de 2.000 mètres d'altitude se sont ainsi formés il y a 40 millions d'années, à partir de sédiments déposés au fond d'un océan, aujourd'hui disparu, qui occupait la région avant la formation de la chaîne de montagnes. En observant en détail la roche grise, il est d'ailleurs possible de reconnaitre de nombreux fossiles d’oursins et de foraminifèresforaminifères qui peuplaient les plateformes carbonatées de l'Éocène.
Une surface polie par les glaciers
L'importance et le nombre de cavités souterraines montrent que ce karst fonctionne depuis longtemps. On parle alors de karst mature. Pour rappel, un karst désigne un massif calcaire dans lequel l'eau, par une intense circulation et érosion chimique, a creusé de nombreuses galeries. Les lapiaz ne représentent que la partie superficielle en formant de grandes étendues de roches nues parcourues de rigoles de ruissellement.
Le désert de Platé serait donc un ancien karst surmonté d'un lapiaz plutôt récent. En effet, la région était auparavant entièrement recouverte par des glaciersglaciers, favorisant la formation du karst mais pas des lapiaz. La surface lisse et plane, presque polie, du désert de Platé serait due à l'abrasionabrasion de la glace avançant lentement sur cette surface au fil des milliers d'années. La fin des périodes de glaciationglaciation et la fontefonte des glaciers auraient ensuite permis la formation des rigoles, le paysage actuel ayant ainsi certainement moins de 15.000 ans.
Il existe d'autres lapiaz en France, comme celui de Loulle dans le Jura, beaucoup plus petit que le désert de Platé, ou celui de la Pierre Saint-Martin dans les Pyrénées-Atlantiques, très important lui aussi, ou encore le lapiaz du boisbois de Païolive, en Ardèche.
Le désert de Platé est l'objectif de nombreuses randonnées plus ou moins sportives et difficiles. Un somptueux panorama vous attend au sommet, avec vue sur le mont Blanc. Attention, toutefois aux nombreuses crevasses !
Chaussez vos crampons, nous partons dans les Alpes et les Dolomites
Culminant à 2.999 m d'altitude, entre la Vénétie et le Sud-Tyrol, les Trois Cimes (Tre Cime di Lavaredo) sont le symbole des Dolomites. Ces « montagnes pâles » comme elles étaient appelées avant que le géologuegéologue français du XVIIIe siècle, Déodat Gratet de Dolomieu, ne les étudie, prennent naissance sur un socle élevé à environ 2.300 m. Elles se dressent curieusement comme des menhirs tombés du ciel, fichés dans le socle montagneux de dolomiedolomie. La première ascension de la Grande Cime a été réalisée, en 1869, par Paul Grohmann, Franz Innerkofler et Peter Salcher.
Il est possible d'admirer toutes les faces de ce triptyque et d'en faire le tour en empruntant des itinéraires balisés. Une soixantaine de via ferrata (voies aménagées avec des câbles et des barreaux sur les parois rocheuses) ont été répertoriées dans les Dolomites, certaines existent depuis le XIXe siècle. La via ferrata De Luca-Innerkofler est la plus empruntée, relativement facile au départ du refuge de Locatelli, avec possibilité d'enchaîner vers l'est avec le Sentier des brèches.
De nombreux parcours sont praticables avec des guides de haute montagne, y compris pour les personnes à mobilité réduite. © Pierre Thiaville, tous droits réservés