Bien avant notre ère industrielle et ses effets négatifs, destructrice par nos émissions de gaz à effet de serre, les activités humaines influençaient déjà la Terre et intensifiaient l’érosion des sols. Et cela a commencé il y a... 4.000 ans.
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Les sols sont à la base de presque tous les processus biologiques de la Terre. Sur des échelles de temps millénaires, leur vieillissement et leur érosion sont principalement contrôlés par les forçages climatiques et tectoniques. L’érosion des sols réduit la productivité des écosystèmes terrestres, ce qui change les cycles des nutrimentsnutriments et par conséquent, impacte directement le climat et la société. Sur le court terme, les activités anthropiques sont les principaux moteurs de l'érosion des sols. Cependant, le démarrage et l'ampleur de l'impact humain sur l'érosion globale des sols restaient flous.
Une équipe de chercheurs internationaux de l'Inra et de l'Institut Max PlanckMax Planck ont enregistré les changements dans l’érosion des sols en analysant des dépôts de sédiments lacustreslacustres dans plus de 600 lacs à travers le monde. Ils ont montré que l'accumulation des sédiments avait augmenté ponctuellement de manière significative il y a déjà 4.000 ans. À cette même période, le couvert forestier a diminué, ce qui est un indicateur clair de déforestation. Ces résultats, parus dans PNAS le 28 octobre 2019, suggèrent que les activités humaines ont intensifié l'érosion des sols bien avant l'ère industrielle.
Mieux identifier les périodes de défrichement et de sédentarisation des populations
Les résultats montrent clairement une accélération à l'échelle globale des transferts de matièrematière dans les bassins versants il y a 4.000 ans. Cette accélération est attribuée aux activités anthropiques, mises en évidence par la réduction du couvert forestier à la même période. Cette ouverture du paysage a peut-être intensifié l'érosion des sols bien avant l'industrialisation au cours des trois derniers siècles. Ils ont daté l'âge des couches de sédiments lacustres et les taux d'accumulation de sédiments (SAR) grâce à la datation au carbone 14datation au carbone 14.
Il est intéressant de noter que 35 % des sites étudiés présentent une augmentation des taux d'accumulation de sédiments il y a environ 4.000 ans, ce qui coïncide également avec la réduction des fractions arboricolesarboricoles présentes dans les enregistrements polliniques. Cette diminution de la fraction de pollen des arbres reflète les modifications de la couverture végétale, en particulier le défrichement des terres, lié à l'agriculture et la colonisation, susceptibles de mettre à nu les sols, ce qui peut conduire à leur dégradation et à l'érosion par la pluie.
La déforestation à l'origine de l'érosion des sols
Les changements des SAR au niveau régional sont corrélés aux développements socio-économiques historiques des peuplements humains. Par exemple, l'augmentation des taux de sédimentationsédimentation s'est produite plus tard en Amérique du Nord qu'en Europe. Cela correspond probablement à l'introduction tardive des pratiques agricoles européennes en Amérique du Nord après la colonisation. Au contraire, la diminution des SAR dans 23 % des sites étudiés est probablement associée à une utilisation accrue de l'eau et à des pratiques de gestion des rivières.
Cette étude suggère que la déforestation par l’Homme expliquerait l'érosion accélérée des sols au cours des 4 derniers millénaires. Bien avant les influences récentes et brutales via les émissionsémissions de gaz à effet de serregaz à effet de serre, les activités humaines avaient déjà une influence sur le système Terre.