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Ce supposé cratère reposerait au sud de l’île du Corossol, dans le golfe du Saint-Laurent. Cette cartographie du site a été obtenue grâce à la réalisation de plusieurs sondages à haute résolution. Un rebond central est très nettement visible au milieu de la structure circulaire. © Patrick Lajeunesse et al., Meteoritics and Planetary Science, 2013
En 2001, des agents du Service hydrographique du Canada ont fait une étonnante découverte géologique, tandis qu'ils cartographiaient l'habitat des homards au large de Sept-Îles, au Québec. À 13 km de cette ville de la Côte-Nord, dans le golfe du Saint-Laurent, ils ont détecté une dépression circulaire de 4.000 m de diamètre qui présente une profondeur maximale de 250 m. Des questions se sont alors posées sur son origine, car plusieurs phénomènes peuvent l'expliquer : un impact météoritique, une cheminée volcanique, une érosion par un glacier ou un affaissement de surface.
Pour tenter de résoudre ce mystère, Patrick Lajeunesse (université Laval, Canada) et ses collaborateurs ont réalisé plusieurs sondages à haute résolutionrésolution en 2005, 2006 et 2010 pour étudier plus en détail la géomorphologie du site. Leurs conclusions seront prochainement publiées dans la revue Meteoritics and Planetary Science. Sur la base des éléments récoltés, elles plaident en faveur de l'hypothèse météoritique, mais des observations complémentaires manquent pour l'affirmer avec certitude. Quelques explications s'imposent.
Le cratère du golfe du Saint-Laurent n’est pas le premier découvert dans la Côte-Nord. En effet, cette région canadienne abrite également le réservoir Manicouagan, qui n’est autre que le cinquième plus grand cratère répertorié sur Terre (diamètre actuel de 72 km). © Nasa, Wikimedia Commons, DP
Fonds marins craquelés au centre du cratère
Les premiers indices plaidant en faveur de la théorie météoritique sont liés à la géomorphologie même du site. En effet, le supposé cratère se compose de trois anneaux concentriques ainsi que d'un noyau surélevé (ou rebond) en son centre. Or, de telles caractéristiques se retrouvent dans d'autres sites d'impact de météorite. Elles peuvent être comparées aux vaguelettes et au retour de matièrematière qui se produisent lorsqu'une goutte d'eau tombe sur une surface liquideliquide.
Par ailleurs, les relevés sismiques indiquent que les fonds marins du supposé cratère sont craquelés, mais que les fissures se font de plus en plus petites et rares à mesure que l'on s'éloigne de son centre... comme si un violent impact avait eu lieu au cœur de la dépression.
Avec tant d'indices, pourquoi n'a-t-on pas de certitude ? Tout simplement parce qu'aucun fragment de la météorite n'a été retrouvé. Les chercheurs ont bien réalisé des forages, mais leur équipement ne leur permettait pas d'aller à plus de 9 m de profondeur. Or, le fond du supposé cratère est recouvert par 50 m de sédiments qu'il faut percer avant d'atteindre la roche.
Vers un programme de forage plus conséquent ?
Plus exactement, les chercheurs ont découvert un fragment de roche dont les minérauxminéraux ont été produits par fusionfusion à une température supérieure à 1.600 °C. Le problème, c'est qu'il a été prélevé en surface, ce qui signifie qu'on ne peut réfuter le fait qu'il provient peut-être d'un autre site (il aurait par exemple été transporté par un glacier). En l'absence de données minéralogiques fiables, il n'a pas non plus été possible d'estimer l'âge précis de l’impact. Selon les chercheurs, il aurait eu lieu voici 2,6 millions d'années au minimum. On n'en sait guère plus.
L'hypothèse météoritique étant validée, les chercheurs pourront maintenant envisager la programmation d'une campagne de forage plus conséquente, et donc plus coûteuse. Les roches qui seront mises au jour, si les prélèvements ont lieu, permettront alors de lever les derniers doutes et de dater l'impact.
Ces deux points sont importants, car ils pourraient permettre de mieux comprendre les fluctuations de notre climat par le passé. Étant donné la taille du supposé cratère, il est probable qu'une grande quantité de matière ait été mise en suspension dans l'atmosphère à la suite de l'impact de la météorite, ce qui a dû profondément perturber le climat à une échelle continentale durant plusieurs années.