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Vue d'un canal encore immergé. Il fait partie du réseau de canaux que les archéologues ont identifié comme moyen de transport des roches des carrières vers le temple d'Angkor Vat. © Estuo Uschida et Ichita Shimoda, Journal of Archeological Science
Si l'origine des roches de la cité d’Angkor est connue depuis longtemps, les méthodes de transport de ces énormes blocs, dont certains pèsent une tonne et demie, sont en revanche un réel mystère. Les carrières étaient situées au pied d'une montagne sacrée, à presque 40 km du site. Les cartes satellite de la région, obtenues via Google Earth, ont dévoilé une série de lignes autour du site, rappelant un réseau de transport. Une équipe d'archéologues s'est rendue sur le terrain et a mis à nu un vaste réseau de canaux s'étendant de la carrière jusqu'au site d'Angkor.
Les fouilles de terrain, dont les résultats ont été publiés sur le Journal of Archeological Science en octobre 2012, montrent une série de canaux reliés entre eux par des tronçons de routes. Certains sont encore à flots. Il se peut donc que les blocs de roches aient parcouru le chemin des carrières au site d'Angkor à travers ces canaux. Les archéologues n'ont, à ce jour, pas déterminé s'ils déplaçaient les pierres par radeaux ou par un autre moyen.
L'équipe de C. Pottier et D. Penny a découvert que les canaux reliés au lac de Tonle Sap se sont formés il y a 5.500 ans. C'est grâce à la calcite authigénique, c'est-à-dire, la calcite formée in situ résultant des processus chimiques engendrés par la présence d'eau, que ces canaux se sont formés naturellement. Les archéologues ont mis en évidence un canal principal. Connecté aux canaux naturels, il chemine depuis les carrières jusqu'au temple d'Angkor Vat. Le choix géographique du site est probablement dû aux ingénieurs khmers qui, doués en hydraulique, ont profité de la proximité du lac de Tonle Sap et de ces canaux d'irrigationirrigation.