Le détail des événements ayant accompagné ou suivi la chute de la météorite du Chicxulub se précise toujours un peu plus. Si l’on sait que l’impact qui marque la fin du règne des dinosaures a produit un méga-tsunami, il semblerait qu’il ait également produit un méga-séisme qui aurait secoué la Terre durant plusieurs mois.


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    Il y a 66 millions d'années, un astéroïdeastéroïde de 10 km de diamètre percutait la Terre. Cette catastrophe a définitivement sonné le glas du règne des dinosaures, déjà mis à mal par une importante modification du climat en lien avec les éruptions massives des trapps du Deccan.

    Les traces laissées par cet impact majeur dans l'histoire de la Terre sont visibles en de nombreux endroits du globe et permettent de reconstruire l'enchaînement dramatique des événements qui survinrent dans les minutes, jours et mois après l'impact. Embrasement instantané des forêts, pluie de débris incandescentsincandescents, vaporisationvaporisation d'une énorme quantité de poussière et de gazgaz dans l'atmosphère, gigantesque vague de tsunami... Le paysage s'est rapidement transformé en un véritable enfer sur des milliers de kilomètres autour du cratère laissé par l'astéroïde.

    La fin du règne des dinosaures est souvent associée à la chute d'un important astéroïde il y 66 millions d'années. © Derrick Neill, Adobe Stock
    La fin du règne des dinosaures est souvent associée à la chute d'un important astéroïde il y 66 millions d'années. © Derrick Neill, Adobe Stock

    Une énergie 50.000 fois supérieure à celle libérée durant le séisme de Sumatra

    Mais ce terrible impact a entraîné également un autre effet qui se serait, quant à lui, prolongé durant des semaines, voire des mois : une série d'importants tremblements de terretremblements de terre. C'est ce qu'affirme Hermann Bermúdez après avoir réalisé de nombreuses observations dans des roches sédimentaires aux États-Unis. Le chercheur a en effet recueilli une foule d'éléments montrant que l'impact de l'astéroïde a été suivi par un « méga-séisme ». Le sol aurait ainsi tremblé en continu durant plusieurs semaines, libérant une énergieénergie correspondant à 50.000 fois celle du séisme de Sumatra en 2004, estimé, lui, à une magnitudemagnitude de 9,1.

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    Le séisme de Sumatra serait dû à un mécanisme jusque-là inconnu

    Parmi les preuves, des roches sédimentaires provenant du fond de l'océan et épargnées par la vaguevague de tsunamitsunami. Dans ces roches, le chercheur a identifié un niveau contenant de petites billes de verre, que l'on appelle tectitestectites. Il s'agit de gouttelettes de roches fondues propulsées dans l'atmosphère lors de l'impact météoritique. Lors de leur trajet dans l'airair, ces petites gouttes de croûte terrestrecroûte terrestre fondue se sont refroidies et solidifiées avant de retomber en pluie un peu partout dans la région, sur des milliers de kilomètres à la ronde.

    Durant les jours, semaines, voire mois qui ont suivi, certaines sont ainsi venues se déposer au fond de l'océan, à plus de 2 km de profondeur. Si ces billes sont les témoins directs de l'impact et servent comme marqueur de la catastrophe au sein des couches sédimentaires, ce ne sont cependant pas elles qui ont permis d'identifier l'occurrence d'un méga-séisme. Ce sont les sédimentssédiments déposés en-dessous.

    Exemple de tectites. © I, Brocken Inaglory, <em>Wikimedia Commons</em>, CC by-sa 3.0
    Exemple de tectites. © I, Brocken Inaglory, Wikimedia Commons, CC by-sa 3.0

    Des traces d’un méga-séisme dans des sédiments épargnés par le tsunami

    Les observations montrent en effet que les sédiments argileux et gréseux situés sous le niveau à tectites ont été intensément déformés alors qu'ils étaient encore mous et non consolidés. Imaginez une bassine remplie d'eau au fond de laquelle se déposent des alternances de boue et de sablesable. Si la bassine reste stable, les couches seront parfaitement parallèles et planes. Mais si vous la secouez, les couches vont être bien plus perturbées. Pour Hermann Bermúdez c'est exactement ce qui s'est passé. La région aurait été secouée durant plusieurs semaines, perturbant le dépôt des sédiments océaniques.

    Cette observation en rejoint d'autres. Au Mexique, le chercheur a ainsi observé des traces de liquéfactionliquéfaction des sols datant de la même période. Il s'agit d'un phénomène bien connu, qui intervient régulièrement lors des puissants tremblements de terre et peut provoquer d'importants dégâts. Lorsqu'ils sont secoués, certains sols composés de sédiments gorgés d'eau perdent soudainement toute résistancerésistance et se comportent comme un liquideliquide. C'est un peu le principe des sables mouvants. Ailleurs encore, les roches sont marquées par de nombreuses faillesfailles et fissures qui témoignent d'importants mouvementsmouvements du sol après l'impact.

    Image d'un sol liquéfié après un tremblement de terre en Nouvelle-Zélande (Christchurch, 2011). © Tim, <em>Wikimedia Commons</em>, CC by-sa 2.0
    Image d'un sol liquéfié après un tremblement de terre en Nouvelle-Zélande (Christchurch, 2011). © Tim, Wikimedia Commons, CC by-sa 2.0

    Un rééquilibrage de la croûte terrestre ?

    Comme pour l'impact géant qui a eu lieu en Afrique du Sud il y a plus de 2 milliards d'années et qui aurait engendré des tremblements de terre pendant plusieurs milliers d'années, la chute de l'astéroïde du ChicxulubChicxulub a vaporisé une massemasse considérable de roches. En réponse, la croûte aurait « rebondi » afin de retrouver un équilibre isostatique, entraînant des mouvements tectoniques pendant une duréedurée plus ou moins longue.