Une université néozélandaise a voulu prouver qu'il était possible de faire abandonner la voiture à des milliers de personnes. Elle a donc réalisé une expérience sur 15 000 individus en mettant en place un ensemble de mesures les incitant à se déplacer autrement qu'en voiture.
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L'utilisation de la voiture individuelle est le point noir du secteur des transports : dans le monde entier, les incitations à réduire son utilisation sont courantes, afin de diminuer les émissionsémissions de gaz à effet de serre qui en découlent. Pour autant, l'utilisation de la voiturevoiture ne fait qu'augmenter et la perspective de devoir prendre les transports en commun, ou un vélo, n'est pas très attrayante. L'université de Canterbury, en Nouvelle-Zélande, a mené une expérience de longue durée. Pendant quatre ans, des chercheurs ont effectué des sondages dont le but était de comprendre pourquoi les étudiants et le personnel de l'université refusaient de choisir une autre option que celle de la voiture. Ils ont ensuite adapté leur réponse avec des mesures concrètes répondant aux besoins des utilisateurs.
Faciliter les déplacements à vélo et en bus, et compliquer ceux en voiture
À Canterbury, sur les 24 000 étudiants, environ 15 000 se déplacent chaque jour, principalement en provenance du centre-ville. Pour inciter à d'autres moyens de transports que celui de la voiture, l'université a appliqué un concept simple : rendre facile le fait de se déplacer à vélo, à pieds et en bus, et rendre difficile le fait de se déplacer en voiture. Pour cela, l'université a travaillé en collaboration avec les représentants des villes les plus proches, desquelles proviennent la majorité de ceux qui se déplacent quotidiennement :
- création de pistes cyclables, de parkings à vélo sécurisés et de stations de réparation des vélos ;
- baisse du prix des transports (deux dollars néozélandais par adulte) ;
- un parking payant, avec des prix élevés : 500 dollars à l'année pour les étudiants et 1 000 dollars par an pour le personnel.
En 2024, le pari a été gagné : 38 % des personnes devant se déplacer le font avec leur voiture, 21 % se déplacent à vélo, 20 % en marchant, et 15 % en bus.
Un succès à petite échelle, difficilement applicable à large échelle
Ce modèle serait-il applicable ailleurs, et notamment en France ? L'expérience a été réalisée sur un lieu précis, une université, pour son personnel et ses étudiants. Les trajets de ceux qui utilisaient la voiture auparavant sont courts, et proviennent tous des mêmes villes. Un pari similaire semble tout à fait applicable dans les mêmes conditions en France, à l'échelle d'une école ou d'une entreprise. À plus large échelle, les choses se compliquent : les trajets des travailleurs d'une grande ville proviennent de multiples destinations, parfois lointaines. Une augmentation significative des frais de parkings, comme l'a fait l'université de Canterbury, susciterait d'énormes réactions parmi les utilisateurs.
D'autres expériences similaires ont déjà été effectuées dans certaines villes européennes avec des transports en commun parfois gratuits. Et pour autant, beaucoup ont choisi de continuer à utiliser leur voiture, preuve que le coût des transports n'est pas toujours la raison principale. L'insécurité, l'insalubrité et le temps parfois perdu associés aux transports en commun restent un frein immense pour beaucoup.