Les 1 % les plus favorisés sont responsables de 15 % des émissions de gaz à effet de serre dans le monde. Mais ce sont aussi eux qui concentrent les principaux leviers d’action. Voici les cinq façons dont ils peuvent résoudre la crise climatique.
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Les 1 % des plus riches ne concentrent pas seulement 44 % de la richesse mondiale ; ils sont aussi responsables de 15 % des émissionsémissions de gaz à effet de serre dans le monde, contre 7 % pour les 50 % les plus pauvres, selon Oxfam. Ils ont donc une lourde responsabilité entre les mains dans la lutte contre le changement climatiquechangement climatique. De fait, ce sont aussi eux dont le comportement individuel peut avoir l'impact le plus significatif, souligne un article de Nature coordonné par Kristian Nielsen, psychologue à l'université de Cambridge (Royaume-Uni). Cette population peut non seulement agir sur sa propre consommation, mais dispose aussi d'un puissant pouvoir d'influence. Les chercheurs ont identifié cinq leviers par lesquels les plus fortunés (définis comme gagnant plus de 109.000 dollars par an) peuvent agir.
Agir comme consommateur
Les 1 % les plus riches sont ceux qui prennent le plus souvent l'avion, achètent le plus de voitures neuves ou détiennent les plus grands logements. Pour les vols, par exemple, il s'agit souvent de déplacements de loisirs qu'il serait donc possible de diminuer. Le choix du véhicule est lui aussi important, puisqu'il va ensuite alimenter un marché de l'occasion pour les autres consommateurs. En choisissant des véhicules plus propres, les super-riches vont donc indirectement contribuer à la décarbonation de l'ensemble du parc automobileautomobile. Sur le logement, Kristian Nielsen observe que le revenu et l'éducation sont négativement corrélés à la réduction de la consommation d'énergieénergie, mais positivement aux actions d'efficacité énergétique (panneaux solaires sur le toittoit, travaux d'isolationisolation...). Or les études montrent justement que les améliorations d'efficacité énergétique sont plus efficaces sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre que les réductions de consommation. L'espoir est donc, là encore, permis.
Agir comme investisseur
C'est une évidence : les 1 % les plus riches détiennent une part disproportionnée d'actions dans les entreprises, de titres financiers ou de biens immobiliers. En tant qu'actionnaires et investisseurs, ils peuvent donc influencer les choix et les orientations des entreprises vers un modèle plus vertueux en matièrematière d'environnement, soulignent les auteurs. Le poids des actifs ESG (à responsabilité sociale et environnementale) a ainsi augmenté d’un tiers entre 2016 et 2020, et représente aujourd'hui 36 % des actifs gérés par les investisseurs professionnels. Bon nombre de milliardaires, à l'instar de Bill GatesBill Gates, financent également des fondations philanthropiques pouvant servir la lutte contre le changement climatique.
Agir comme influenceur
« Les plus aisés sont ceux qui fabriquent les normes culturelles », avance Kristian Nielsen. On observe par exemple une tendance chez les plus riches au véganisme, qui va ainsi déteindre sur les autres consommateurs. De même, lorsque les célébrités postent des photos de leurs vacances en famille près de chez eux plutôt qu'à l'autre bout du monde, cela peut contribuer à promouvoir ce genre de congés.
Agir comme citoyen
« Les 1 % les plus riches ont un impact disproportionné de leur citoyenneté grâce à leur pouvoir d'influence et leur proximité avec les cercles de pouvoir et de décision », notent les auteurs. Les magnats du pétrolepétrole ont ainsi exercé une influence négative durant des décennies pour empêcher des lois favorables à la protection de l'environnement. Aux États-Unis, les campagnes électorales sont aussi massivement financées par une poignée de milliardaires, ce qui veut dire que ces derniers ont une capacité à orienter les politiques publiques.
Agir comme professionnel
Les plus fortunés détiennent généralement les postes à responsabilité dans les entreprises où ils travaillent. Ils orientent aussi la gestion des entreprises via les conseils d'administration, comme consultant voire comme client. « Or, les organisations privées sont parfois plus efficaces que les politiques publiques pour encourager la réduction des émissions de gaz à effet de serre », note Kristian Nielsen. De nombreuses entreprises comme LVMH, Bouygues, Danone ou Veolia lient aujourd'hui la rémunération de leur patron à des objectifs chiffrés en matière de climat. Cette partie peut représenter jusqu'à 13 % de leur rémunération, selon Les Échos.
Selon les auteurs, il est donc essentiel d'orienter la recherche académique en psychologie sur les 1 % et leur relation au climat, afin de comprendre comment les mobiliser autour de cet enjeu. Cependant, même si les plus riches ont entre leurs mains une grande partie de la solution, chacun peut tout de même agir à son échelle. Ce n'est pas parce que notre compte en banque n'est pas aussi bien garni qu'il faut s'arroger le droit de prendre sa voiture pour un oui ou pour un non ou de remplacer son téléphone tous les ans.