« Bêtes de science », c’est comme un recueil d’histoires. De belles histoires qui racontent le vivant dans toute sa fraîcheur. Mais aussi dans toute sa complexité. Une parenthèse pour s’émerveiller des trésors du monde. Pour ce nouvel épisode, découvrons les stratégies étonnantes mises en place par des insectes que nous connaissons bien : les fourmis.
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Des fourmis, on en trouve un peu partout sur Terre. Sauf, peut-être au Groenland et en Antarctique. Ailleurs, il suffit presque de baisser la tête pour en voir courir sur le sol. Des petites bêtes qui ne pèsent pas plus de 10 milligrammes chacune. Mais qui, prises ensemble, pèsent plus que l'humanité tout entière !
10, 100... jusqu'à plus de 12.000. Les chercheurs n'en finissent plus d'en identifier de nouvelles espèces. Et ce n'est pas plus mal. Car les fourmis protègent certains arbres des parasitesparasites, contribuent à la dispersion des graines, défendent les fruits contre les attaques d'insectesinsectes et nettoient la nature en mangeant les petits animaux morts.
Les fourmis sont aussi reconnues pour leurs capacités cognitives. Ce sont des insectes sociaux qui communiquent entre eux et sont capables de résoudre des problèmes complexes. Leur cerveaucerveau, pourtant minuscule, peut enregistrer une quantité étonnante d'informations d'une grande précision. C'est notamment le cas d'une fourmi qui vit dans le désertdésert du Sahara. Une cousine de la fourmi la plus rapide au monde, une fourmi qui peut courir jusqu'à dix fois plus vite -- toutes proportions gardées -- qu'Usain Bolt ! Juste pour survivre à la chaleurchaleur écrasante qui règne dans la région.
Notre fourmi à nous n'est peut-être pas aussi rapide. Mais elle a mis au point une stratégie étonnante pour s'orienter dans un paysage sans repères. Comment faire autrement lorsque tous les grains de sable se ressemblent ?
Suivre le Soleil et « compter » ses pas
Ce que les fourmis aiment faire pour retrouver leur chemin, en général, c'est procéder à un marquage. Un peu comme le Petit Poucet, avec ses cailloux. Sauf que les fourmis utilisent, en guise de cailloux, des substances chimiques qu'elles sécrètent. Malheureusement, dans le désert, sous l'effet de la chaleur, tout s'évapore très vite. Y compris les substances chimiques.
Mais il en faut plus pour égarer une fourmi du Sahara qui s'éloigne de ses bases. Celui qui fait obstacle à son marquage chimique peut aussi devenir son meilleur allié. Puisque des chercheurs ont montré qu'elle utilise finalement à la fois la position, l'intensité et même la polarisation de la lumièrelumière du SoleilSoleil ainsi que la quantité d'images perçues pour s'orienter et apprécier les distances. Mieux encore, lorsque la fourmi trouve de quoi manger, elle peut, rien qu'en regardant le Soleil, évaluer quel sera le plus court chemin pour revenir à la fourmilière. Histoire d'éviter de griller...
D'autres fourmis, en Andalousie et en Australie, ont montré leurs capacités à se déplacer et à s'orienter à reculons. Très utile pour tirer un morceau de gâteau jusqu'à la fourmilière. Là encore, elles s'alignent sur le Soleil. Et s'il faut se recaler sur le droit chemin, elles peuvent même s'éloigner momentanément de leur proie et la retrouver ensuite pour continuer dans la bonne direction.
Mais, revenons à nos fourmis du Sahara. Selon les chercheurs, elles jouiraient, en plus, d'un podomètre intégré. Une hypothèse qu'ils ont vérifiée en attachant de minuscules brindilles d'un millimètre de long au bout de leurs pattes. Les fourmis se déplaçaient alors sur des pattes plus longues qu'à l'accoutumée. Et sur le chemin du retour vers la fourmilière, elles ont parcouru une distance 50 % trop grande. Alors non, cela ne signifie pas que les fourmis savent compter. Le mécanisme précis reste encore mystérieux. L'expérience confirme tout de même que les fourmis du Sahara présentent des capacités étonnantes de mémorisation et d'analyse. Somme toute, qu'elles ne sont pas si bêtes !