Contre vents, fortes chaleurs et sécheresse, les pompiers continuent de lutter contre les flammes en Gironde. À Landiras comme à la Teste-de-Buch, la forêt des Landes est en feu. Et certains regrettent que tout n’ait pas été mis en œuvre en amont pour éviter le pire.
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Plus de 14.000 hectares de forêt des Landes sont déjà partis en fumée dans le département de la Gironde depuis le début de deux incendies « extrêmes et exceptionnels » la semaine dernière. Des ordres d'évacuation ont été donnés. Le zoo de la Teste-de-Buch a décidé de mettre ses animaux à l'abri du côté de la métropole bordelaise. Et le Service départemental d'incendie et de secours de Gironde (Sdis 33) craint que la forêt devienne une véritable « poudrière ».
Comment en est-on arrivé là ? La sécheresse, d'abord, avec un déficit en précipitation prolongé. Et une première quinzaine de juillet affreusement sèche. Un pourcentage de vapeur d’eau dans l'airair incroyablement faible, également.
La chaleurchaleur, ensuite. Elle aussi règne en maîtresse sur la région depuis plusieurs jours déjà.
Le vent, pour finir qui, lui aussi, ne cesse de souffler sur la forêt des Landes. Un vent puissant et changeant qui attise les flammes et rend plus difficile encore le travail des pompiers.
Une combinaison malheureuse de conditions extrêmes rendues plus fréquentes et plus intenses par le changement climatique anthropique. Pour éviter que cela se reproduise à l'avenir, il n'y a qu'une seule et unique solution : arrêter de faire brûler des énergies fossiles !
Mais, en attendant, il va falloir s'adapter. Et certains estiment aujourd'hui que, dans la forêt des Landes, tout n'a pas été fait, justement, pour adapter l'entretien et la gestion du massif aux nouvelles conditions que lui impose notre soif de pétrolepétrole.
Des travaux d’entretien qui font polémiques
Il faut d'abord reconnaître que la gestion de la forêt des Landes, c'est un peu un casse-tête. Parce qu'elle appartient, en très grande majorité, à des propriétaires privés. Elle se divise en pas moins de 40.000 parcelles ! L'ennui, c'est que, contrairement à ce qui se passe partout ailleurs en France, dans la forêt de la Teste-de-Buch, celle qui part en fumée en ce moment même, ce n'est pas tout à fait au seul propriétaire que revient la responsabilité de l'entretien. Une exception qui lui vient du Moyen-Âge. D'un autre temps. D'un temps où il fallait obtenir l'accord de tous les propriétaires de la forêt pour procéder à des opérations d'entretien. Quelque 500 propriétaires, vous imaginez...
Entrent ensuite en scène les « usagers », comprenez, les habitants du coin. Depuis 600 ans, ils ont l'autorisation d'exploiter le bois de ces forêts. Même si elles ne leur appartiennent pas. Les propriétaires, eux, pouvaient exploiter la résine. Mais la résine ne vaut plus rien depuis bien longtemps. Alors, lorsque des propriétaires ont déposé en 2020 un « plan de gestion » qui leur permettait de valoriser le bois qui pourrait être coupé pour élargir les chemins coupe-feucoupe-feu -- tout en s'engageant sur des replantations --, les usagers se sont révoltés. Vous comprenez, les propriétaires espéraient s'enrichir à leurs dépens...
Et en 2021, un troisième larron s'invite à la fête. Les usagers de la forêt de la Teste-de-Buch ont obtenu des soutiens politiques. Le « plan de gestion » soumis par les propriétaires est stoppé net. Une enquête est demandée. En janvier de cette année, elle conclut que « le maintien du patrimoine forestier et culturel que constitue la forêt passera par une adaptation » du système toujours en vigueur et vieux de 600 ans « au contexte socio-économique actuel ». Au printemps dernier, l'État a donc lancé une opération de nettoyage des pistes coupe-feu. L'Association de Défense des Droits d'Usage et de la Forêt Usagère (ADDUFU), elle, a organisé une manifestation pour s'y opposer...