Il y a quelques semaines, une étude révélait que le Groenland perd 30 millions de tonnes de glace… par heure ! Le chiffre est fou. Et les chercheurs ont aujourd’hui une meilleure idée du mécanisme qui conduit la région à fondre aussi rapidement.


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    Sous l'effet du réchauffement climatique, les glaces fondent. Celles du Groenland, un peu plus vite que les autres, notent les scientifiques depuis un certain nombre d'années. Et aujourd'hui, des chercheurs de l'université de Californie (UCI, États-Unis) et du Jet Propulsion LaboratoryJet Propulsion Laboratory (JPL) de la NasaNasa apportent enfin une explication. Dans les Geophysical Research Letters, ils racontent comment ils ont observé puis modélisé l'évolution du glacier Petermann, dans le nord-ouest du Groenland.

    L’effet des marées sur la fonte des glaces

    Côté observations, d'abord, les chercheurs évoquent un taux de fontefonte qui est passé de 3 mètres par an dans les années 1990 à 10 mètres par an depuis le début des années 2020. Côté modélisationmodélisation, les travaux scientifiques révèlent comment de l'eau de plus en plus chaude qui s'infiltre depuis l'océan sous la glace est responsable de cette fonte accélérée que connait la région. Ils montrent plus exactement les effets dévastateurs des maréesmarées.

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    Effondrement au Groenland : 30 millions de tonnes de glace disparaissent chaque heure !

    « Pendant longtemps, nous avons pensé que la frontière entre glace et océan était nette, mais ce n'est pas le cas. En réalité, la transition est diffuse. Elle s'étend sur une zone large de plusieurs kilomètres, la "grounding zone", explique Éric Rignot, professeur de sciences du système terrestre à l'UCI, dans un communiqué. L'eau de mer monte et descend avec les changements des marées océaniques dans cette zone et fait fondre vigoureusement la glace terrestre ». Avec une fonte plus marquée encore près de l'embouchure. La forme allongée de cette « grounding zone » s'avère finalement être celle qui contribue peut-être le plus à l'accélération de la fonte des glaces.

    Le glacier Petermann draine environ 4 % de la calotte glaciaire du Groenland alors qu’il se déplace inexorablement vers l’océan Arctique. Des chercheurs américains montrent qu’il est plus vulnérable qu’on ne le pensait auparavant à l’intrusion d’eau chaude océanique sur sa face inférieure, entraînant une fonte accélérée et augmentant la gravité potentielle de l’élévation future du niveau de la mer. © Eric Rignot, UCI
    Le glacier Petermann draine environ 4 % de la calotte glaciaire du Groenland alors qu’il se déplace inexorablement vers l’océan Arctique. Des chercheurs américains montrent qu’il est plus vulnérable qu’on ne le pensait auparavant à l’intrusion d’eau chaude océanique sur sa face inférieure, entraînant une fonte accélérée et augmentant la gravité potentielle de l’élévation future du niveau de la mer. © Eric Rignot, UCI

    Une glace qui fond plus vite et un océan qui monte plus haut

    Les chercheurs notent que la fonte des glaces dans la « grounding zone » réduit la résistancerésistance des glaciers lorsqu'ils s'écoulent vers la mer. Résultat, leur retrait s'accélère. Et comme quelques études passées le laissaient entrevoir, les glaciers fondent ainsi beaucoup plus rapidement que prévu. Avec pour conséquence annoncée, une élévation potentielle du niveau de la mer bien plus importante que celle donnée jusqu'ici par les modèles.