Que se passera-t-il lorsque les glaciers de l’Arctique auront fondu sous l’effet du réchauffement climatique anthropique ? C’est ce que des biogéochimistes ont tenté de déterminer en étudiant les sols mis à nu par le phénomène. Ils y ont trouvé des champignons qui stockent du carbone.


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    En Arctique -- comme ailleurs --, les glaciers fondent de plus en plus vite sous l'effet du réchauffement climatique anthropique. Leur disparition met à jour des sols qui étaient recouverts de glace depuis des milliers d'années. C'est le cas au Svalbard, cet archipel norvégien qui se réchauffe sept fois plus vite que le reste du monde. Les paysages y sont tellement hostiles qu'il est difficile d'imaginer qu'une forme de vie, même microscopique, puisse s'installer sur ces terrains rocheux en manque de nutrimentsnutriments et où les températures descendent encore bien en dessous de zéro, notamment alors que le soleilsoleil disparaît pendant la nuit polaire.

    Après les glaciers, des champignons s’installent rapidement

    Pourtant, des biogéochimistes de l'université Queen Mary (Royaume-Uni) racontent aujourd'hui dans les Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS) que des micro-organismesmicro-organismes d'une variété incroyable viennent rapidement coloniser les terres découvertes par la fontefonte des glaciers du Svalbard. Grâce à des analyses ADNADN, des mesures de cycle et de flux de carbonecarbone, d'azoteazote et des acides aminésacides aminés marqués par des isotopesisotopes, ils ont pu en savoir plus sur le phénomène.

    Les chercheurs ont travaillé sur l’avant-champ du Midtre Lovénbreen, un glacier de vallée en retrait au nord-ouest du Spitzberg. Lorsqu’ils sont venus là en 2013, c’était encore pour récupérer des carottes de glace. En 2021, ils y ont étudié des sols et leurs communautés de microbes. © James A. Bradley, université Queen Mary
    Les chercheurs ont travaillé sur l’avant-champ du Midtre Lovénbreen, un glacier de vallée en retrait au nord-ouest du Spitzberg. Lorsqu’ils sont venus là en 2013, c’était encore pour récupérer des carottes de glace. En 2021, ils y ont étudié des sols et leurs communautés de microbes. © James A. Bradley, université Queen Mary

    Ce que les chercheurs ont surtout voulu déterminer, c'est la dynamique que cela pouvait impliquer pour le stockage du carbone par le sol de l'Arctique. Ils se sont ainsi tout particulièrement intéressés aux champignons. Ceux-ci sont en effet connus pour leur capacité à fixer le carbone dans les sols. Plus il y a de champignons, plus le carbone est stocké. Plus il y a de bactériesbactéries, plus, au contraire, les sols émettent du CO2.

    Des champignons pour préparer les sols arctiques à recevoir d’autres formes de vie

    L'équipe montre ainsi que des levureslevures basidiomycètes jouent le rôle de pionniers sur les jeunes sols postglaciaires. Ces champignons sont non seulement capables de coloniser les rudes paysages de l'Arctique avant toute autre forme de vie plus complexe, mais qu'ils fournissent également un point d'appui au sol pour se développer en construisant une base de carbone organique que d'autres formes de vie peuvent utiliser. Ainsi, les champignons devraient jouer un rôle essentiel dans le futur stockage du carbone dans les sols arctiques à mesure que les glaciers se retirent.