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Article paru le 7 mai 2016
De longues dépressions parcourent la terre de la Princesse Élisabeth, à l'est du continent antarctique. Imperceptibles du sol, elles apparaissent sur les images prises par le satellite AquaAqua, de la NasaNasa, avec le spectromètrespectromètre Modis (Moderate Resolution Imaging Spectroradiometer), et sur les analyses au radar par le satellite canadien Radarsat. Ces sortes de vallées s'étendent sur plus d'un millier de kilomètres de longueur, et sont par endroits larges de 10 km, pour une profondeur atteignant jusqu'à 1 km. Ils forment un réseau au sein duquel apparaît, encore plus discret, une zone présentant un relief très plat, couvrant environ 1.250 km2 et s'étendant sur 140 km de longueur pour une largeur, irrégulière, d'à peu près 20 km.
Une équipe internationale de chercheurs en déduit la présence d'immenses canyons sous-glaciaires, correspondant aux dépressions en surface, et qui communiqueraient avec un lac sous-glaciaire invisible, juste sous la surface plane. Des structures profondes peuvent en effet se manifester en surface, en modifiant légèrement les pentes ou le relief, affectant la manière dont la glace se déplace et dont la neige se dépose. Des phénomènes bien visibles par des instruments comme le spectromètre Modis ou les radars à synthèse d'ouverturesynthèse d'ouverture. En 2011, le satellite Goce avait repéré un déficit de gravitégravité à cet endroit, indiquant la présence probable d'un bassin ou d'un lac.
Le réseau de caynons repéré sous l'inlandsis à l'est de l'Antarctique. Il semble relié à un lac sous-glaciaire (subglacial lake ?). © Modis, Newcastle University
Un possible écosystème et une pièce de plus dans le puzzle glacé de l’Antarctique
Avec ses dimensions, ce lac mystérieux est plus petit que le célèbre lac Vostok, qu'un forage russe avait atteint en 2012 pour en analyser l'eau et y chercher des organismes vivants éventuels. De l'ADNADN de bactériesbactéries et d'espèces animales a été découvert. Pour une exploration éventuelle (dont personne ne parle actuellement), le « lac de la Princesse Élisabeth » (qui n'a pas été baptisé) est plus accessible que le lac Vostok. Il n'est en effet séparé que d'une centaine de kilomètres de la station scientifique la plus proche, comme le souligne Martin Siegert dans un article du New Scientist.
Les chercheurs ont présenté leurs résultats durant un congrès, à Vienne, et les ont publiés dans la revue Geology. La région est mal connue, expliquent-ils, et une meilleure compréhension du mouvementmouvement et de la structure de l'inlandsis est indispensable pour mieux comprendre la manière dont cette massemasse d'eau peut répondre au changement climatiquechangement climatique.