Une éruption a débuté début février sur le volcan Karangetang. De nombreux villages se trouvent sur les flancs de ce volcan très actif et au niveau du littoral, à moins de 5 kilomètres du sommet, et sont mis en danger par les coulées de lave, les nuées ardentes et les coulées de boue. Mais ces risques sont acceptés par ces Indonésiens pour qui le volcan fait partie de leur vie… Reportage.
au sommaire
Avec une dizaine d'éruptions depuis le début du siècle, d'une duréedurée de quelques semaines jusqu'à parfois plusieurs années, ce volcan est un des plus actifs d'Indonésie. Les habitants de Siau, île modeste isolée entre l'archipel des Philippines au nord et le Sulawesi indonésien au sud, ont donc l'habitude de voir du rouge au sommet du volcan !
Vivre avec le danger
Les insulaires n'ont donc pas été spécialement surpris lorsque cette nouvelle éruption a débuté le 8 février, depuis le sommet le plus au sud des deux qui constituent la zone sommitale du volcan. La lave déborde du petit cratère qui s'y trouve et forme des coulées sur les hauts flancs du volcan, vers le sud-ouest principalement. La pente étant importante, ces coulées s'effritent continuellement et génèrent ainsi des avalanches de blocs qui, en rebondissant, se brisent et se répandent dans de multiples directions.
Par conséquent, ces avalanches impactent l'ensemble du quart sud-ouest du volcan, même si ces blocs s'accumulent principalement de part et d'autre d'un ancien relief au sud-ouest du cratère sud. Mais ces amas de roches plus ou moins refroidies sont très instables et finissent aussi par s'effondrer, générant ainsi d'autres avalanches qui, selon leur intensité, forment des nuées ardentes. Ces nuages de gazgaz et de cendres extrêmement dangereux atteignent classiquement 1 kilomètre de long, leur front s'arrêtant à environ 1,5 kilomètre des premiers villages...
Le volcan pour habitude
Du fait de leur localisation à proximité de la zone active, les quelques familles de deux villages ont été évacuées au début de l'éruption. L'interdiction d'accès a été levée pour au moins un de ces villages, mais mis à part ces quelques personnes évacuées et les cendres qui empoussièrent parfois le secteur, l'éruption n'impacte que très peu la vie insulaire. En effet, ces habitants vivent en acceptant les risques liés au volcan, comme ce cultivateur de noixnoix de muscade (une culture importante sur cette île) qui explique qu'au début de l'éruption, il faisait deux heures de marche pour aller vérifier que la coulée de lave ne descendait pas en direction de sa ferme et ce, deux fois par jour...
En plus des nuées ardentesnuées ardentes, deux autres risques principaux sont répertoriés pour ce volcan. Les coulées de lave peuvent s'épancher dans les différentes ravines du massif volcanique, jusqu'à des zones éloignées du sommet. C'est ainsi qu'en 2019, la lave a atteint la mer au nord du volcan, coupant la route qui en fait le tour, ce qui perturbe encore aujourd'hui la vie des habitants des villages de pêcheurs dans le secteur. Enfin, l'activité éruptiveéruptive recharge aussi les ravines en matériaux qui pourront être remobilisées par les pluies, dans quelques jours ou dans plusieurs années, pour former des coulées de boue. Celles-ci sont très destructrices et emportent parfois des morceaux de route.
La vie est ainsi sur Siau, avec un spectacle volcanique fréquent, mais qui n'est pas sans danger.
Vidéo de l'activité éruptive du Karangetang en février-mars 2023. © Sylvain Chermette, 80 Jours Voyages
- Merci à Sylvain Chermette, gérant de l'agence 80 Jours Voyages qui me permet d'utiliser gracieusement ces photos, illustrant ainsi joliment cet article. Il organise de temps en temps des séjours « éruption express », comme pour le Karangetang dernièrement...