Économies d’eau et d’entretien, si les atouts des gazons synthétiques sont sans cesse mis en avant pour l’équipement des terrains sportifs mais également des jardins de particuliers, il ne faut pas oublier qu’il s’agit avant tout de fibres plastiques, qui, à terme, finissent par se retrouver dans l’océan. Une nouvelle étude révèle l’ampleur de cette pollution et enfonce le clou sur la nécessité d’interdire ces équipements.


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    Alors que nous sommes entrés dans une lutte contre la pollution plastiqueplastique, certaines aberrationsaberrations persistent. Si de nombreux objets plastiques à usage unique comme les pailles et cotons-tiges ont bel et bien déjà été interdits à la vente pour tenter de réduire un tant soit peu la masse phénoménale de déchets plastiques qui se retrouve dans nos océans, d'autres produits, comme les gazons synthétiques, sont pourtant toujours autorisés.

    Pelouse synthétique : c'est beau, c'est propre et surtout, ce n'est pas écologique ! © ProGreenGrass, Wikimedia Commons, CC by-sa 4.0
    Pelouse synthétique : c'est beau, c'est propre et surtout, ce n'est pas écologique ! © ProGreenGrass, Wikimedia Commons, CC by-sa 4.0

    Des fibres qui se retrouvent en quantités dans l’océan

    Certes, il ne s'agit pas de produits considérés à usage unique, mais leur impact sur l'environnement ne peut plus être ignoré. Une nouvelle étude, publiée dans la revue Environmental Pollution, s'est ainsi attelée à quantifier la présence de ces fibres synthétiques dans l'environnement aquatique. Et les résultats sont plutôt atterrants. Ils montrent que les pelouses synthétiques, utilisées couramment pour couvrir les terrains de sport mais également les terrassesterrasses, balconsbalcons voire jardins des particuliers, représentent une importante source de pollution. Plus de 15 % des fibres plastiques de plus de cinq millimètres de long retrouvées au large de la côte catalane en sont en effet issues. Ce type de fibres ont ainsi été trouvées dans 62 % des échantillons d'eau de mer prélevés lors de l'étude. Au total, ce sont ainsi 200 000 fibres par km2 qui ont été repêchées dans les eaux de surface à proximité de Barcelone.

    Échantillons de fibres issus de gazons synthétiques retrouvés sur la côte à proximité de Barcelone. © Université de Barcelone
    Échantillons de fibres issus de gazons synthétiques retrouvés sur la côte à proximité de Barcelone. © Université de Barcelone

    Ces fibres composées la plupart du temps de polyéthylènepolyéthylène et de polypropylènepolypropylène sont en effet rincées par les pluies et transportées par les rivières jusque dans les mers et océans, où elles vont flotter en surface et s'accumuler sur les rivages à proximité des grandes villes, menaçant la vie de la faune aquatique, qui les ingère.

    Une pelouse toujours verte mais qui a de multiples impacts négatifs

    L'impact des gazons synthétiques ne s'arrête cependant pas là : leur utilisation réduit en effet la biodiversité présente dans l’environnement urbain, entraîne une surchauffe du sol et affecte le ruissellement des eaux de pluie. Sans compter qu'ils délivrent dans l'environnement quantité de composés chimiques nocifs pour la santé.

    Alors, avons-nous réellement besoin de pelouses synthétiques ? En ce qui concerne les installations privées, clairement non. La réponse pourrait sembler plus nuancée en ce qui concerne les terrains de sport, mais des solutions alternatives commencent à se développer. Quoi qu'il en soit, la Commission européenne souhaite interdire d'ici cinq ans les pelouses synthétiques contenant des microplastiques. Un premier pas en faveur de l’interdiction totale de ce non-sens écologique.