Si localement, certains efforts de préservation semblent payer, au niveau mondial la situation devient catastrophique. Le nouveau rapport du WWF révèle ainsi qu’en 50 ans seulement, la faune sauvage vertébrée s’est effondrée de 73 % ! Un chiffre qui reflète la dégradation continue des écosystèmes et nous amène peu à peu vers un dramatique point de bascule.
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L'aiguille est dans le rouge et c'est un cri d'alarme que lance le WWF (World Wilde Fund for Nature, Fond mondial pour la nature) dans son nouveau rapport Planète Vivante 2024, qui vient d'être publié. L'ONG qui se consacre à la protection de la nature révèle ainsi un chiffre fou : les populations d'animaux vertébrés sauvages suivies sur les 50 dernières années ont diminué de 73 % !
La stabilité des écosystèmes menacée au niveau mondial
Depuis 1970, le WWF suit en effet l'évolution de 5 495 espèces de mammifères, oiseaux, poissons, reptilesreptiles et amphibiensamphibiens dans le monde. L'organisation a ainsi développé un IPV (Indice planète vivante) afin de monitorer pas loin de 35 000 populations sauvages en regard de l'évolution de leur habitat. Et force est de constater que celui-ci s'est nettement dégradé. L'extension continue de nos surfaces agricoles a ainsi entraîné la destruction de nombre d'habitats, repoussant la faune sauvage dans des territoires toujours plus exigus. Cette perte est la principale cause du déclin des populations. Elle s'accompagne par plusieurs autres facteurs qui, eux aussi, participent activement à cette diminution : surexploitation de certaines espèces, dispersion d’espèces invasives, développement de maladies en lien avec la modification des conditions du milieu de vie...
À l'origine de tous ces maux, il y a Homo sapiensHomo sapiens bien sûr, et ses activités, qui entraînent une pollution des milieux sauvages et, faut-il le rappeler, un dérèglement climatique d'origine humaine. L'IPV prend ainsi le poulspouls de chaque espèce et permet d’alerter sur une menace d’extinction. En plus du risque de voir des espèces s'éteindre sous nos yeuxyeux, cette chute de la population impacte fortement le fonctionnement des écosystèmesécosystèmes. Passé un certain seuil d'individus, une espèce n'est en effet plus en mesure d'assurer ses fonctions au sein de son habitat, ce qui entraîne généralement un déséquilibre et une détérioration de celui-ci. Une situation qui va alors impacter d'autres espèces et ainsi de suite. Les animaux participent en effet à de nombreuses tâches, comme la dispersion des graines, la pollinisation, le recyclagerecyclage des nutrimentsnutriments, la régulation d'autres espèces, etc. Ensemble, elles prennent part à la stabilité des écosystèmes sur le long terme, notamment en permettant leur résiliencerésilience face aux perturbations naturelles engendrées par le climatclimat ou les maladies.
Pour le WWF, le point de bascule est proche
Le chiffre choc dévoilé par le rapport du WWF est particulièrement inquiétant, puisqu'il montre que ce déclin des populations est généralisé au niveau mondial et donc qu'il y a péril pour le fonctionnement écosystémique global. Or, nous dépendons directement de ce bon fonctionnement, pour nous nourrir et nous abreuver bien sûr, mais aussi pour un tas d'autres raisons. Les écosystèmes qui nous entourent participent en effet à notre bien-être culturel et social. Enfin, ils sont au cœur du cycle du carbonecycle du carbone, qui permet de réguler le système climatique, déjà largement mis à mal.
Pour le WWF, nous approchons ainsi d'un dangereux point de bascule, qui impacterait directement nos sociétés, notamment par la réduction des ressources nourricières et l’augmentation incontrôlée du CO2.
Les populations d'espèces d'eau douceseau douces montrent en effet le déclin le plus important : depuis 1970, elles ont subi une baisse de 85 % ! La situation n'est pas vraiment meilleure en ce qui concerne les espèces terrestres (69 %) et marines (56 %). Le rapport souligne que c'est en Amérique latine et dans les Caraïbes que la dégradation est la plus spectaculaire, avec une chute de la taille moyenne des populations de... 95 % ! Si l'Europe, l'Asie centrale et l'Amérique du Nord peuvent se targuer d'une baisse moins catastrophique (entre 35 et 39 %), c'est parce que certaines espèces déjà menacées avant 1970 ont fait l'objet d'efforts de sauvegardesauvegarde, ce qui a permis à certaines populations de se stabiliser, voire de reprendre du poil de la bête. Preuve que les actions de conservation, de réintroduction et de protection des écosystèmes payent.
Les cinq prochaines années seront décisives
Le rapport souligne ainsi l'urgence d'étendre encore davantage les territoires protégés, tout en prenant en compte les besoins des populations locales. Il est urgent, en effet, de réapprendre à vivre avec la nature. La transformation en profondeur de notre système alimentaire semble également être un point incontournable. Nous avons besoin d'inventer des systèmes alimentaires durables, résilients et respectueux des écosystèmes, tout en réduisant le gaspillage. Ce changement est indissociable d'une transformation du système énergétique, pour qu'il soit moins polluant et émetteur de carbone. Finalement, c'est tout le fonctionnement de nos sociétés qu'il faudrait repenser, en mettant la nature en leur cœur et non en périphérie. Pour le WWF, les cinq prochaines années seront ainsi déterminantes pour l'avenir de nombreuses espèces et pour le nôtre.