Une nouvelle étude alerte sur le fait que les sols de la région méditerranéenne s’appauvrissent très rapidement, en lien avec les pratiques agricoles et le changement climatique.
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Dans une publication récente publiée dans Science of the Total Environment, des chercheurs alertent sur le niveau particulièrement faible de la qualité des sols de la région méditerranéenne. Suivant cette étude, qui s'est attelée à résumer l'état des sols de l'Union européenne, 70 % de surface de sol serait particulièrement dégradée et aurait perdu sa capacité à fournir les fonctions écologiques essentielles. Car si la qualité des sols est cruciale pour l'agriculture, elle l'est aussi d'un point de vue environnemental d'une façon générale.
Les conséquences d’une mauvaise qualité des sols
Un sol en bonne santé assure en effet à la fois un stockage et un drainagedrainage efficace de l'eau, un système de filtrationfiltration des contaminants mais également le transfert de massemasse et d'énergieénergie entre les différentes sphères écologiques. Pourtant, des pratiques de gestion des sols non pérennes, en association avec le changement climatiquechangement climatique, engendrent un appauvrissement graduel des sols, en particulier dans la région méditerranéenne.
Dans cette zone de l'Union européenne, les sols apparaissent ainsi plus sensibles aux inondations et aux sécheresses. Ils présentent également le plus fort taux d'érosion de l'UE et les plus faibles quantités de matière organique. De plus, cette région est caractérisée par une importante contaminationcontamination des sols aux métauxmétaux lourds et aux pesticides, en lien avec la forte densité de population et l’augmentation inéluctable des surfaces asphaltées. La culture intensive de certaines espèces particulières, comme les tomatestomates, les olives et le raisinraisin, mène également à un appauvrissement progressif des terresterres agricoles, qui n'ont pas l'occasion de se régénérer.
Un manque crucial de données concernant l’impact sur la biodiversité
L'étude pointe cependant le fait que, si de nombreuses études se sont penchées sur la problématique de l'érosion des sols dans cette région, peu ont été menées sur l'impact de la dégradation des sols au niveau biologique.
S'il est certain qu'un fort taux d'érosion affecte directement les infrastructures humaines, en augmentant notamment le risque de mouvementsmouvements de terrain, de coulées de boues, etc., la dégradation de la biodiversitébiodiversité contenue dans les premiers mètres de sol ne fait qu'empirer la situation. Les insectesinsectes et les lombrics, comme les fourmisfourmis et les vers de terre, aident en effet à réguler la quantité de nutrimentsnutriments dans le sol. Pourtant, le manque d'études concernant les communautés des organismes fouisseurs ne permet pas, pour l'instant, de juger de leur évolution et de l'impact qu'a eu sur eux l'activité humaine. De même, il est difficile d'estimer l'impact de l'évolution négative de ces communautés sur leur environnement direct.
La qualité des sols atteint un point critique
Tout ce dont nous disposons, ce sont des observations qui font dire aux scientifiques que la qualité des sols a désormais atteint un point critique. Depuis les années 1950, le pourtour méditerranéen a été soumis à des épisodes de sécheresse de plus en plus fréquents, forçant les agriculteurs à abandonner leurs terres en proie à la désertificationdésertification. En retour, cet abandon du territoire entraîne une augmentation du risque de feux de forêt. Les scientifiques en charge de l'étude alertent d'ailleurs sur le fait que la modification des systèmes d’agriculture, en association avec un changement important de l'utilisation des terres, mène à des niveaux critiques de perte d'habitats pour les animaux. Cela est d'autant plus inquiétant que la région méditerranéenne est caractérisée par une extraordinaire biodiversité, avec un grand nombre d'espèces endémiquesendémiques.
Et pourtant, aucune législation européenne spécifique n'a été promulguée pour protéger la qualité des sols en région rurale et freiner leur urbanisation. L'étude montre encore une fois qu'il y a urgence à agir au niveau politique pour enrayer une dégradation des sols déjà bien avancée.