Jusqu'à maintenant, nous pensions pouvoir compter sur les incroyables pouvoirs de la nature pour compenser l'effet négatif de la pollution issue des activités humaines. Mais une étude qui vient d'être publiée présente des conclusions catastrophiques sur les capacités de la nature à absorber le trop-plein de carbone sur Terre.


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    Les forêts ont absorbé environ 100 milliards de tonnes de dioxyde de carbone au cours des 30 dernières années, soit près de la moitié de nos émissionsémissions de gaz à effet de serre sur la même période. En plus de celui des océans et des zones humides (d'autres puits de carbone indispensables), leur rôle est donc capital. En 2023, les forêts et autres terres végétalesterres végétales (savanes, prairies, etc.)) ont seulement absorbé entre 1,5 milliard et 2,6 milliards de tonnes de CO2, contre les 9,5 milliards en 2022. Comment expliquer un tel retournement de situation ? Tout simplement à cause des incendies de végétation, des sécheresses et des caniculescanicules de l'année 2023, année la plus chaude enregistrée depuis le début des relevés météométéo. Cependant, de fortes disparités ont été relevées sur la Planète, selon une étude publiée dans Nature

    • les puits de carbone des forêts tempéréesforêts tempérées (sud de l'Europe, États-Unis, Australie, Chine) ont augmenté de 30 %, en particulier en Chine grâce aux efforts de restauration des zones naturelles ;
    • les puits de carbone des forêts boréalesforêts boréales (Canada, nord de l'Europe, Russie) ont diminué de 36 %, en particulier les forêts de l'ouest canadiens suite aux dramatiques incendies de l'été : dans cette région, les forêts ont été ravagées et les émissions de carbone liées aux incendies ont été qualifiées d'extrêmes ;
    • les puits de carbone des forêts tropicales ont diminué de 31 %, en grande partie à cause de la déforestationdéforestation. Mais certaines forêts tropicalesforêts tropicales, comme celles du Congo, jouent toujours un rôle de séquestration énorme car elles sont restées intactes, sans intervention humaine.

    Des causes naturelles se sont additionnées à des causes humaines

    La reforestation a permis à de nombreuses terres de séquestrer davantage de carbone en 2023, mais la déforestation des forêts tropicales a été si importante qu'elle a fait pencher la balance du mauvais côté. Cette déforestation des forêts tropicales est largement due aux besoins des pays occidentaux, dont l'Europe fait partie. Un autre paramètre est à prendre en compte : la phase climatique El Niño de 2023. Les puits de carbone sont toujours en régression lors des années El NiñoEl Niño, un phénomène réchauffant, comme c'était déjà le cas en 2015-2016. Mais les années 2020-2023, marquées par La NiñaLa Niña, un phénomène refroidissant, ont permis à ces puits de carbone de remonter en partie la pente (moins de chaleurchaleur et moins d'incendies). La phase El Niño de 2023 s'est ensuite additionnée aux conséquences du réchauffement climatiqueréchauffement climatique, et à celles de la déforestation. 

    En 2023, tous les paramètres ont donc été réunis pour mener à une situation désastreuse : un phénomène naturel réchauffant, la progression du réchauffement climatique d'origine humaine, des incendies majeurs et une déforestation galopante.