À compter d'aujourd'hui, 1er août 2024, et jusqu'à la fin de l'année, l'humanité aura épuisé les ressources que la planète peut renouveler en un an. Ce point de bascule, connu sous le nom de « Jour du dépassement », est un indicateur qui souligne la gravité de la crise climatique et la nécessité urgente de respecter les limites planétaires déjà bien fragiles... et pour beaucoup déjà dépassées.


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    Calculé chaque année depuis 1971, le Jour du dépassement (Earth Overshoot Day en anglais)) correspond à une estimation basée sur la moyenne mondiale des pays qui affichent un déficit écologique, réalisée par l'organisme de recherche international Global Footprint Network

    Le saviez-vous ? Choisir une banque « verte » est l'une des actions les plus efficaces au niveau individuel pour aider la Planète. © Futura

    L'évolution du Jour du dépassement : un signal d'alerte préoccupant

    L'évolution parle d'elle-même pour nous faire prendre conscience de la surexploitation des ressources de la planète : dans les années 1970, le Jour du dépassement survenait en décembre, donc à la fin de l'année. Mais au fil des décennies, la date n'a fait qu'avancer. À partir de la fin des années 2000, l'échéance tombe en été. Depuis, le seul recul notable a été observé en 2020, avec un Jour de dépassement le 22 août, soit quasiment un mois plus tard qu'en 2019 (29 juillet). Un recul directement imputable à la crise sanitairecrise sanitaire mondiale provoquée par la propagation de la Covid-19Covid-19.

    Les années qui suivent connaissent également un recul de quelques jours. Le couperet est tombé le 28 juillet en 2022 et le 2 août en 2023. Mais c'est loin d'être suffisant si l'on se fie aux estimations de Global Footprint Network. « Pour réduire les émissionsémissions de carbonecarbone de 43 % dans le monde d'ici à 2030 par rapport à 2010, il faudrait déplacer le jour du dépassement de 19 jours par an au cours des sept prochaines années », rappelle l'ONG.

    Le calcul pour déterminer la date du Jour du dépassement consiste à diviser la biocapacité de la planète (stockage de carbone grâce aux forêts et aux océans, surfaces maritimes et terrestres...) par l'empreinte écologique de l'humanité (production de déchets, émissions de CO2...) et à multiplier ce résultat par 365 (soit le nombre de jours dans l'année) dans chaque pays du monde. Une moyenne qui varie donc fortement d'une région de la planète à l'autre, avec de forts contrastescontrastes entre les pays riches et les pays pauvres. À titre d'exemple, le jour du dépassement en 2024 au Qatar a eu lieu le 11 février, tandis qu'il surviendra le 24 novembre en Équateur et en Indonésie. Quant à la France, l'échéance a été atteinte le 7 mai.

    Image du site Futura Sciences

    Des limites planétaires en sursis et d'autres déjà franchies. © Proxima Studio, Adobe Stock

    Les limites planétaires : un équilibre fragile

    Si le Jour du dépassement s'avère un vecteur efficace pour marquer les esprits, il existe des outils encore plus précis pour prendre conscience de l'urgence de la situation et suivre en temps réel l'état des ressources dont dispose la planète. En 2009, le Stockholm Resilience Center a établi une liste de neuf limites planétaires à ne pas outrepasser pour maintenir l'équilibre des écosystèmes de la planète et la survie humaine. Or, six d'entre elles ont déjà été franchies : le changement climatiquechangement climatique, le cycle de l'eau douce, l'érosion de la biodiversité, la perturbation des cycles biogéochimiques de l'azoteazote et du phosphorephosphore, la déforestation et la pollution chimiquepollution chimique.

    Les trois autres limites planétaires concernent l'acidification des océans, l'augmentation des aérosolsaérosols dans l'atmosphèreatmosphère et le changement d'usage des sols. Mais deux d'entre elles seraient sur le point d'être dépassées, comme l'a révélé une étude publiée en septembre 2023 dans la revue Science Advances. Il s'agit de l'acidification des océans et de la pollution atmosphérique en aérosols. La première désigne la baisse progressive du pH, ce qui conduit à une acidité accrue des océans, avec de lourdes conséquences pour les espècesespèces qui les habitent. La deuxième correspond à la qualité des particules finesparticules fines dans l'air. Un fléau environnemental et sanitaire, qui fait l'objet d'une étroite surveillance scientifique depuis des années.