L’Espagne est sous le choc après avoir connu une catastrophe majeure dans la région de Valence. Le bilan humain ne cesse de s’alourdir, avec une centaine de victimes déjà recensées ce jeudi matin. La météo est-elle vraiment la seule responsable du désastre ?


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    Les quantités de pluie tombées sous les orages en V de la goutte froide sont exceptionnelles, près de 500 millimètres localement dans la région de ValenceValence, mais pour autant ce ne sont pas des records. Le réchauffement climatique augmente la quantité de pluie dans les orages, mais la façon dont les villes sont construites et se développent joue aussi un rôle important. Une catastrophe est toujours la conséquence de plusieurs facteurs.

    Les rues bétonnées ont remplacé les vergers

    Une étude espagnole réalisée par le géographe Victor Soriano en 2014 explique que, depuis 1956, les deux tiers du verger de l'agglomération de Valence ont été supprimés : de 15 000 hectares il y a 60 ans, il restait seulement 6 000 hectares il y a 10 ans. L'auteur qualifie l'urbanisme explosif des années 1970 de « destructeur » : il s'agissait d'une stratégie d'urgence pour fournir au plus vite un toittoit à une population en augmentation et en migration de la campagne vers la ville. Mais ce développement de la ville s'est effectué « sans planification adéquate ». 

    Comme le rappelle le docteur en urbanisme Clément Gaillard sur X, ces milliers d'hectares de vergers perdus ont « un système racinaire qui favorise l'infiltration comme dans un milieu naturel et limite le ruissellement ». « C'est quasiment la superficie de Paris intramuros » qui a disparu en termes de terres végétalisées. Ces espaces ont été imperméabilisés et en cas de pluies diluviennes, l'eau n'a pas d'autre option que de ruisseler à travers les rues bétonnées.

    Les logements et les routes ne sont pas les seuls en cause : les images satellites montrent que la zone inondable comporte aussi des centres commerciaux et des parkings. Or, comme Clément Gaillard l'a expliqué à Futura après les inondations survenues dans le sud-est de la France, « les parkings correspondent à d'immenses bâches imperméables » qui rendent l'infiltration impossible.

    Les cours d’eau ont été modifiés

    La trajectoire naturelle de l'eau a aussi été modifiée : comme l'indique l’agroclimatologue Serge Zaka, « l'urbanisation a clairement créé un toboggan géant entre la ville de Valence et son amont, là où l'orage a stationné ». Pour les besoins de l'urbanisation, l'écoulement naturel des cours d'eau qui traversaient auparavant la ville a en effet été dévié et réduit ; il a été concentré dans des canaux bien trop étroits pour faire face aux fortes pluies.

    C'est donc la conjonctionconjonction de ces pluies diluviennes et de mauvaises décisions en matièrematière d'aménagement du territoire qui ont mené à une catastrophe de si grande ampleur.