Cet hiver, nous avons été appelés à la sobriété énergétique. De manière plus générale, c’est une certaine sobriété numérique que nous allons devoir adopter si nous voulons limiter notre impact sur l’environnement. Où en sont les entreprises en la matière ?
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Le numériquenumérique occupe aujourd'hui une place importante dans nos vies. Encore plus dans nos vies professionnelles. Selon les experts, il est ainsi responsable de 4 % de nos émissionsémissions de gaz à effet de serre. Et ce chiffre pourrait doubler d'ici 2025 si l'on ne fait rien. Le BenchmarkBenchmark Green IT 2022 estime les impacts du numérique d’entreprise à 43 % de notre « budget annuel soutenable » : par jour et par personne, nous en serions à 2 kilos de dioxyde de carbone (CO2) -- l'équivalent d'une dizaine de kilomètres en voiturevoiture --, mais surtout à 370 kilos de terre retournée pour extraire de la matièrematière et 1 068 litres d'eau -- comme si nous prenions chacun 18 douches par jour.
Alors, à l'heure de la transition écologique, on pourrait s'attendre à ce que nous soyons nombreux à adopter des pratiques écoresponsables en matière de numérique. À la maison, mais aussi au travail. Pourtant, un récent sondage Opinionway montre qu'un Français sur deux a conscience de ses mauvaises habitudes de travail numérique, mais ne met pas en place ce qu'il faudrait pour les changer. Pire, 45 % des personnes interrogées reconnaissent négliger les gestes écoresponsables... sous prétexte d'efficacité. Alors même que certaines recommandations semblent tout à fait pouvoir être adoptées sans impacter le bon fonctionnement de l'entreprise -- au contraire, même parfois : cibler les destinataires des mails, éviter d'envoyer un e-mail juste pour accuser réceptionréception d'un autre, etc.
Comme dans d'autres domaines de notre vie, c'est donc aussi à la sobriété que nous sommes ici appelés, à un questionnement de nos usages qui devra permettre de définir réellement ce dont notre entreprise a besoin pour veiller à rester dans la sobriété choisie et ne pas tomber dans la sobriété subie.
Des mesures prises en entreprise
Une sobriété qui doit aussi toucher notre consommation de matériel informatique. Pour éviter l'épuisement des ressources et le réchauffement climatique, il faut éviter de multiplier les écrans et de les surdimensionner. Éviter aussi de les remplacer trop souvent. Parmi les pistes qui pourraient aider à adopter ces bonnes habitudes : valider le droit d'utiliser du matériel professionnel à des fins personnelles, opter pour des produits peut-être plus chers, mais aussi plus solidessolides et réparables ou encore questionner la provenance du matériel et son devenir en fin de vie.
Toujours dans la rubrique des achats responsables, il ne faut pas négliger le poids des achats immatériels. Des achats de prestations. On peut ainsi opter pour un prestataire dont les data centers sont situés dans un pays proche, au mix énergétique bas carbone. Concernant les éditeurs de logicielslogiciels, il est intéressant de se renseigner sur leur empreinte carbone et de s'enquérir de l'écoconception des applicationsapplications proposées.
Côté entreprises, les habitudes ont été difficiles à faire évoluer. Mais les choses semblent enfin sur le point d'avancer. Une étude réalisée fin 2022 par PACPAC et Numeum montre que 90 % des Directions des services informatiques interrogées intègrent désormais des critères de responsabilité sociale et environnementale (RSE) à leurs appels d'offres. Certaines grandes entreprises n'hésitent plus à nommer, pour chaque métier, des « ambassadeurs » dont le rôle est d'aider les autres à adopter les bons comportements au quotidien. Ou encore des sortes d'écoscores qui orientent la conception de solutions numériques vertueuses. Le tout en adaptant les pratiques à la spécificité de chacun pour éviter aux entreprises de se tromper de combat. Et sortir enfin du piège du greenwashing.