Une récente analyse publiée par Oxfam met à mal une idée reçue souvent rencontrée sur internet : celle selon laquelle les pays pauvres, moins bien équipés technologiquement, pollueraient plus que les pays riches. S'il est vrai que les habitants des nations en cours de développement souffrent plus de la pollution, l'empreinte carbone de ces derniers ne fait pas le poids face à celle des plus riches de ce monde.
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Tandis que les pays développés se dirigent vers une industrie plus verte, des véhicules plus électriques et des modes de consommation plus durables, les nations défavorisées peinent encore à accéder aux technologies et aux moyens économiques leur permettant d'assurer une véritable transition. En Afrique du Nord et centrale, ainsi qu'en Asie du Sud, la situation est inquiétante, ainsi que l'OMS l'a constaté en 2016. En 2018, le directeur général de l'organisation déclarait : « La pollution de l'air nous concerne tous, mais les personnes les plus pauvres et les plus marginalisées en payent le coût le plus élevé. »
Des chercheurs ont cartographié l'évolution de la qualité de l'air entre 1988 et 2016. Les résultats révèlent que les pays en développement souffrent le plus de la dégradation de l'air. © Esri
Plus riches, mais pas plus verts
Et pourtant, si la situation est des plus préoccupantes dans les nations défavorisées, ce sont rarement elles qui produisent le plus de pollution. En août 2020, l'Union of Concerned Scientists révélait la liste les 10 pays les plus polluants : Chine, États-Unis, Inde, Russie, Japon, Allemagne, Iran, Corée du Sud, Arabie saoudite et Indonésie. Parmi eux, 9 figurent dans le top 20 des PIB mondiaux (les États-Unis, la Chine, le Japon, l'Allemagne et l'Inde formant le top 5) dont 3 ont leur place dans le top 20 des pays ayant le PIB le plus élevé par habitant.
Polluer plus pour consommer plus
Un nouveau rapport d'Oxfam vient renforcer ce constat. D'après leurs données, 63 millions de personnes (le fameux pourcent de la population détenant 44 % de la richesse mondiale) auraient brûlé 9 % du budget carbonecarbone depuis 1990, avec une croissance trois fois supérieure à celle de la moitié la plus pauvre de l'humanité. Les 10 % les plus riches sont, quant à eux, responsables de plus de la moitié des émissionsémissions entre 1990 et 2015.
« Cette inégalité économique extrême ne se contente pas de diviser nos sociétés, et de ralentir le rythme de réduction de la pauvreté, explique Tim Gore, de l'Oxfam. Il y a un troisième coût : elle vide nos réserves carbone, uniquement pour le bénéfice de ceux qui possèdent déjà tout et souhaitent consommer encore plus. »