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Raphaël Domjan est suisse et construit son avion solaire à Payerne, là où a travaillé l'équipe de Solar Impulse. Mais lui ne veut pas faire le tour de la Terre. D'abord parce qu'il l'a déjà fait, avec le bateau PlanetSolar, dont les moteurs électriques étaient alimentés par des cellules photovoltaïques. Ensuite parce qu'il vise la stratosphère.
Depuis des années, son équipe avance sur le projet Solar Stratos. Parmi ces drôles de pionniers, on trouve notamment un astronauteastronaute (Michael Lopez-Alegria, NasaNasa, quatre vols, dont trois fois en pilote de la navette spatiale), l'indomptable Gérard Feldzer et Géraldine Fastnacht, la femme-oiseau. Le travail a progressé comme prévu. Solar Stratos vient d'être présenté au public, dans son hangar de l'aérodrome de Payerne.
Raphaël Domjan devant l'avion du projet Solar Stratos lors de la présentation du 7 décembre 2016. On remarque les deux places en tandem, l'extrados de l'aile recouvert de cellules solaires et la tenue de cosmonaute. Cette protection lui sera indispensable pour survivre dans la stratosphère, à 25.000 m d'altitude, où la pression n'est plus que de 5 % de celle qui règne au niveau de la mer. © Zeppelin, Solar Stratos
L'engin est un avion biplace de 8,50 m de long pour une envergure digne d'un planeurplaneur : 24,8 m. Ses longues ailes sont couvertes sur 20 m2 de cellules photovoltaïques dotées d'un rendement de 22 à 24 %. Elles alimentent 80 kgkg de batteries lithium-ion emmagasinant 20 kWh. Le moteur électrique de 32 kW entraîne une hélice quadripale de 2,20 m. Sans ses cellules solaires, le Solar Stratos pourrait passer pour un motoplaneur.
L'avion solaire ira étudier la stratosphère
Les performances, cependant, sont toutes différentes. L'autonomieautonomie annoncée est de 24 heures. Et avec lui, Raphaël Domjan veut grimper jusqu'à environ 25.000 m d'altitude. Dans la stratosphère, donc. Très peu d'avions s'aventurent jusque-là. C'est le domaine quasiment exclusif des ballons-sondes et des très rares avions-fuséesfusées, comme le SpaceShip Two de Virgin GalacticVirgin Galactic. Pour un avion classique, le record de 37.650 m, établi le 31 août 1977 par Alexandre Fedotov sur un chasseur soviétique MiG-25M, tient toujours.
La mission durera environ 5 heures et le Suisse ne restera probablement qu'une quinzaine de minutes à 25.000 m ou plus, pour admirer la rotondité de la Terre. Là-haut, la température sera de - 70 °C. Le petit avion de 450 kg n'étant pas pressurisé, le pilote devra porter une combinaison d'astronaute, semblable aux parachutistes de la stratosphère, Robert Alan Eustace (2014), Felix Baumgartner (2012) et Michel Fournier (dernière tentative, avortée, en 2008).
Après l'exploit, prévu en 2017, l'équipe veut proposer des missions scientifiques dans cet environnement peu fréquenté par les humains. Elle veut aussi développer une activité commerciale à partir de 2018 en emmenant des passagers moins loin que les vols du tourisme suborbital mais bien au-dessus des baptêmes de l'airair ou des voyages en avion de ligne...