L’eau devient de plus en plus une ressource critique. Mais pour maîtriser sa consommation, encore faut-il savoir par quel poste commencer. Et celui auquel vous pensez le plus naturellement n’est peut-être pas le plus important.


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    Nos émissions de gaz à effet de serre font grimper les températures. Ce réchauffement climatique anthropique n'est pas sans conséquences, nous ne le savons désormais que trop bien. Ainsi, de prime abord, nous avons tendance à évaluer notre impact sur notre environnement et notre société à partir de notre seule empreinte carbonecarbone. Pourtant, il est une autre empreinte qui mérite que l'on s'y intéresse de près : notre empreinte eau. C'est précisément ce que propose le calculateur du site Mon Empreinte Eau.

    Il suffit de pas grand-chose. Quelques réponses à des questions simples sur nos habitudes de vie. Et l'outil créé par Valentin Odde, le co-fondateur du cabinet de conseil Hydros, rend son verdict : une empreinte eau chiffrée, propre à chacun et décomposée en deux volets : l'empreinte eau directe et l'empreinte eau indirecte.

    Un exemple de la façon dont se répartit l’empreinte eau. Selon les réponses apportées au calculateur par Nathalie Mayer, la journaliste en charge de la rédaction de ce sujet. © www.mon-empreinte-eau.fr
    Un exemple de la façon dont se répartit l’empreinte eau. Selon les réponses apportées au calculateur par Nathalie Mayer, la journaliste en charge de la rédaction de ce sujet. © www.mon-empreinte-eau.fr

    Notre empreinte eau est plus indirecte que directe

    « Pour bien comprendre, revenons à un domaine que tout le monde connait aujourd'hui un peu mieux, celui de l'empreinte carbone. Lorsqu'on y regarde de plus près, on s'aperçoit que, si une partie de notre empreinte provient de nos émissionsémissions directes (carburants, chauffage, etc.), la majorité de notre empreinte vient souvent des biens et des services que nous consommons (textile, numériquenumérique, alimentation, etc.). C'est pareil lorsqu'on parle d'empreinte eau. L'essentiel de notre empreinte individuelle se cache dans ce que nous consommons », nous explique Valentin Odde. C'est ce à quoi correspond notre empreinte indirecte. L'empreinte directe, elle, renvoyant à l'eau que nous faisons couler de nos robinets.

    « Si nous avons souhaité faire apparaître cette distinction, c'est parce que les enjeux ne sont pas les mêmes. » D'un point de vue possibilité d'action, déjà. Il est en effet très facile d'agir sur ses comportements du quotidien. Exemple classique : prendre des douches plutôt que des bains va réduire votre empreinte eau directe très rapidement. Il semble en revanche plus difficile d'agir sur la manière dont sont fabriqués nos Tee-shirts. Ce qui, pourtant, aurait un impact sur notre empreinte eau indirecte.

    Un exemple de la façon dont se répartit l’empreinte eau alimentaire et textile dans le monde. Selon les réponses apportées au calculateur par Nathalie Mayer, la journaliste en charge de la rédaction de ce sujet. © www.mon-empreinte-eau.fr
    Un exemple de la façon dont se répartit l’empreinte eau alimentaire et textile dans le monde. Selon les réponses apportées au calculateur par Nathalie Mayer, la journaliste en charge de la rédaction de ce sujet. © www.mon-empreinte-eau.fr

    L’eau, une ressource encore plus précieuse localement

    « L'autre point important, c'est que notre consommation d’eau doit aussi être appréciée au regard de l'endroit dans lequel cette eau est puisée. Si vous prenez un bain en Normandie en plein automne, lorsque les nappes sont pleines, l'enjeu n'est pas tout à fait le même que pour le même bain dans les Pyrénées-Orientales en période de sécheresse. Si je reviens au parallèle avec l'empreinte carbone, l'électricité ou le pétrolepétrole, vous pouvez les transporter. Émettre un kilo de CO2 en Normandie ou dans les Pyrénées-Orientales, c'est la même chose. Mais l'eau est une ressource très locale. Un litre d'eau consommé en Normandie n'a pas nécessairement le même impact qu'un litre d'eau consommé dans les Pyrénées-Orientales. »

    Le saviez-vous ?

    En soi, consommer de l’eau n’a que peu d’impact sur l’environnement. L’eau consommée ne disparait en effet pas réellement. Le cycle est fermé. Et l’eau finit toujours par retomber sous forme de pluie. Mais pas nécessairement là où elle a été consommée. C’est tout le problème. Ainsi, consommer de l’eau dans une région qui en manque revient à en priver les autres usagers. Or, dans le contexte de changement climatique, il y a de plus en plus de régions sur notre Terre qui manquent d’eau. D’où, des conflits d’usages de plus en plus fréquents et violents.

    La remarque compte pour l'empreinte eau directe. Dans une région pauvre en eau, consommer beaucoup équivaut à priver d'autres d'une eau qui pourrait leur être précieuse. Mais la remarque vaut aussi -- et peut-être surtout, pour nous -- concernant l'empreinte eau indirecte. « Lorsque vous achetez un ordinateurordinateur dont les microcomposants sont fabriqués à Taïwan, par exemple. Car la région a été frappée par des sécheresses. Et fabriquer de l'électronique consomme beaucoup d'eau. La problématique est la même pour les textiles fabriqués en Turquie, où les champs de coton sont beaucoup irrigués au détriment parfois d'autres usages. »

    Concernant l'empreinte eau, donc, il existe un réel enjeu local. C'est d'ailleurs ce que montre aussi le calculateur Mon Empreinte Eau. Au travers de cartes qui font ressortir les pays sur lesquels chacun pèse le plus en la matièrematière. Et bientôt peut-être avec des cartes qui donneront les variations de ressources selon les régions de France et selon les saisons.

    Des astuces pour réduire son empreinte eau

    Dernière fonctionnalité du calculateur Mon Empreinte Eau, quelques conseils pour réduire efficacement sa consommation. Chiffres à l'appui. Comme les 6 litres économisés chaque jour grâce à un pommeau de douche économe. Ou encore, les 11 litres économisés chaque jour en utilisant un lave-vaisselle.

    Concernant l'empreinte eau indirecte, les choses sont plus compliquées. Devons-nous arrêter de consommer des produits issus de zones où la disponibilité de la ressource est désormais faible ? « Tout est une question d'arbitrage. Quel que soit votre choix, il y aura toujours des conséquences moins positives que ce que l'on souhaiterait. Prenons l'exemple du Brésil. La forêt y est coupée pour laisser place, par exemple, à la culture du coton. Une culture largement irriguée -- à l'image de celle du maïsmaïs en France. Les agriculteurs sont vite devenus dépendants du système. Mais dans les conditions de sécheresse extrême que connait aujourd'hui la région... Il est difficile de trouver le bon équilibre », reconnait Valentin Odde. Mais comme c'est le cas pour l'empreinte carbone, le conseil que donne le cofondateur du cabinet Hydros, c'est d'opter pour du reconditionné à chaque fois que c'est possible.