De plus en plus, nous manquons d’eau. En cause, le changement climatique. Mais pas seulement, nous signalent des chercheurs. Dans les villes, les crises de l’eau s’aggravent avec les inégalités sociales.
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Il y a des moments où il peut être intéressant de remettre l'« église au centre du village ». Et c'est un peu ce que proposent des chercheurs de l’université d’Uppsala (Suède). Ils posent la question de la guerre de l’eau qui pourrait rapidement opposer non pas agriculteurs et/ou producteurs d'énergieénergie et écologistes, mais bel et bien populations modestes et populations plus aisées.
Leurs travaux révèlent ainsi que celles qu'ils qualifient d'élites urbaines surconsomment de l'eau pour leurs loisirs. Pour arroser leur jardin, pour laver leurs voituresvoitures ou pour... remplir leur piscine. Alors même que plus de 80 grandes villes du monde - de Londres à Miami en passant par Barcelone, Tokyo, Pékin, São Paolo ou Moscou - ont déjà connu des pénuries d'eau plus ou moins importantes au cours de ces 20 dernières années, les projections des chercheurs montrent comment la crise pourrait s'amplifier dans de nombreuses régions. Sous l'effet du changement climatique et de l'accroissement de la population urbaine. Mais surtout, du fait des inégalités sociales qui semblent vouloir se creuser.
Limiter les surconsommations de loisirs
Les chercheurs ont notamment travaillé sur l'exemple du Cap, en Afrique du Sud. Là-bas, les élites - les personnes qui vivent dans des maisons spacieuses, avec de grands jardins et des piscines - ne comptent que pour 14 % de la population. Mais elles consomment jusqu'à 51 % de l'eau. Les « habitants informels », ceux qui vivent dans des demeures modestes en périphérie, constituent 62 % de la population de la ville, mais ne consomment que 27 % de son eau.
Résultat, pour éviter la multiplication des conflits autour de la ressource en eau dans les villes, les chercheurs recommandent non seulement de travailler sur des solutions techniques - comme le développement d'infrastructures plus efficaces -, mais surtout sur une approche plus proactive visant à limiter la surconsommation d'eau parmi les élites.