Par différents calculs, des chercheurs sont parvenus à caractériser le nombre de tyrannosaures ayant parcouru l'Amérique du Nord. Durant les 2,5 millions d'années d'existence de l'espèce. S'ils contiennent des incertitudes, les chiffres obtenus sont peut-être un premier pas vers de plus amples estimations.


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    En 2,5 millions d'années d'un règne de terreur, quelque 2,5 milliards de Tyrannosaurus rex auraient arpenté la Terre. Puisque, selon les estimations d'une nouvelle étude, environ 20.000 tyrannosaures vivaient dans ce qui est aujourd'hui l'Amérique du Nord à un moment donné. Ce qui correspond à un total de 2,5 milliards d'individus durant l'existence de l'espèce. Celle-ci, la seule représentante du genre Tyrannosaurus, subsistait à la fin du Crétacé, entre -68 et -66 millions d'années. Avant que l'extinction du Crétacé-Paléogène, il y a 66 millions d'années, ne mette fin à ses ardeurs et à celles de tous les dinosaures -- à l'exception des oiseaux.

    « Quand je tiens un fossilefossile dans ma main, je ne peux m'empêcher de penser à l'improbabilité que cette créature était vivante il y a des millions d'années, et que je suis là à tenir une partie de son squelette », confie Charles Marshall, directeur du Musée de PaléontologiePaléontologie de l'Université de Californie et coauteur de l'étude. Pour définir cette « improbabilité », les chercheurs se sont lancés dans une série de calculs.

    Bien qu'imprécis, car de nombreux facteurs sont incertains, leurs résultats fournissent des ordres de grandeurordres de grandeur. Les scientifiques jugent probable que la population de TT-rex s'élevait à 20.000 individus, à l'instant T. Mais en considérant les incertitudes, ce nombre varie entre 1.300 et 328.000. Sachant que seuls les adultes sont comptabilisés. Ce serait donc 140 millions à 42 milliards de tyrannosaures adultes qui auraient foulé le sol de l'Amérique du Nord.

    Ce moulage d'un squelette de tyrannosaure est exposé au musée de paléontologie de l'Université de Californie. L'original est préservé au musée des Rocheuses, dans le Montana. Il est issu d'une fouille de 1990. © Keegan Houser, UC Berkeley
    Ce moulage d'un squelette de tyrannosaure est exposé au musée de paléontologie de l'Université de Californie. L'original est préservé au musée des Rocheuses, dans le Montana. Il est issu d'une fouille de 1990. © Keegan Houser, UC Berkeley

    Un chiffre, de nombreux zéros

    « Nos décomptes dépendent de la relation, pour les animaux vivants, entre leur massemasse corporelle et la densité de leur population, mais l'incertitude dans cette relation s'étend sur environ deux ordres de grandeur ! » Une incertitude importante, donc. Cette variable repose sur la nature exacte de l'écologieécologie du tyrannosaure. Charles Marshall a supposé que le T-rex, un prédateur, avait des besoins énergétiques entre ceux d'un lionlion et ceux d'un dragon de Komodo. Ces espèces étant encore vivantes, cela lui a donné de bonnes indications. Quant aux juvéniles, il n'est pas scientifiquement établi qu'ils chassaient les mêmes proies que les adultes. Pour simplifier l'exercice, les chercheurs ont écarté cette catégorie de population.

    Deux autres données ont été prises en compte :

    • la masse d'un individu moyen, soit quelque 5,2 tonnes ; 
    • l'espérance de vieespérance de vie, d'environ une trentaine d'années avec un seuil de maturité sexuelle autour de 15,5 ans.

    À partir de ces informations, les chercheurs ont pu déduire la densité de population et la duréedurée d'une génération. Chaque génération aurait perduré 19 ans. Ce qui, rapporté aux 2,5 millions d'années d'existence de l'espèce, se traduit par 127.000 générations de Tyrannosaurus rex. Avec un tyrannosaure présent tous les 100 km², et une aire de répartitionaire de répartition estimée de 2,3 millions de km²... Les 20.000 individus présents en permanence génèrent 2,5 milliards d'individus au total ! Nul doute que les chercheurs ont dégoté une petite migraine dans ces calculs.

    Ce schéma illustre la différence de taille entre un humain moyen et différents spécimens de tyrannosaures, révélés par des fouilles paléontologiques. © Matt Martyniuk, <em>Wikimedia Commons</em>, CC by-sa 3.0
    Ce schéma illustre la différence de taille entre un humain moyen et différents spécimens de tyrannosaures, révélés par des fouilles paléontologiques. © Matt Martyniuk, Wikimedia Commons, CC by-sa 3.0

    Rocky, où sont les os ?

    « De tous les adultes post-juvéniles qui aient jamais vécu, cela signifie que nous en avons environ un sur 80 millions », constate Charles Marshall. Seulement 32 fossiles de tyrannosaures adultes et relativement bien préservés sont entreposés dans les musées. D'autres, moins d'une centaine en tout, n'ont ressurgi à notre époque qu'avec quelques os. Parfois un seul.

    Le chercheur espère que ces chiffres, malgré la marge d'erreur qu'ils contiennent, seront un premier pas pour dénombrer les espèces manquantes dans les archives fossiles. « C'est peut-être une façon de commencer à quantifier ce que nous ne savons pas. »