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Mais que faisaient-ils là ? C'est la question posée par la découverte de traces de pas de deux types de dinosaures au centre de l'Alaska. Dans la formation Cantwell, au sein du parc régional Denali, Anthony Fiorillo (Perot Museum of Nature and Science, Dallas, Texas) et ses collègues ont en effet identifié dans le calcaire des traces à trois doigts et d'autres à quatre doigts.
Les premières ont été attribuées à des hadrosaures, ces grands dinosaures herbivores à bec de canard et à la puissante mâchoire, connus par des fossiles exhumés en Amérique du Nord, en Asie et en Europe. Les traces de ces géants sont nombreuses en Alaska. Les secondes seraient la signature de thérizinosaures, de bien curieux théropodesthéropodes (le groupe des tyrannosaurestyrannosaures) principalement retrouvés en Mongolie. Ils ne sont connus que par des membres fossilisés, représentant quelques genres, et leur aspect reste en partie mystérieux.
Mesurant plusieurs mètres de hauteur, ils se tenaient sur leurs pattes arrière. Leurs pattes avant, puissamment musclées et longues de deux mètres, étaient armées de trois énormes griffes de 70 centimètres de longueur, en forme de faux (ce qui leur a valu leur nom, thérizinosaure signifiant à peu près reptilereptile faucheur). Considérés comme herbivores, ils s'en servaient peut-être pour couper les branches et les feuilles des végétaux, ou bien pour fouiller le sol comme l'ont suggéré certains auteurs. Ces couteaux, qui évoquent le héros de Edward aux mains d'argentargent, ne leur étaient sans doute pas inutiles face à un prédateur.
Un troupeau de dinosaures à bec de canard, au premier plan, se promène, voisinant des thérizinosaures, comme celui visible à l'arrière-plan à gauche. © Karen Carr, Nature
Une autoroute à dinosaures
La formation Cantwell date du Crétacé supérieur, vers 70 millions d'années avant le présent. C'est donc à cette époque qu'ont marché là des troupeaux d'hadrosaures et de thérizinosaures. Les auteurs de l'étude ne sont pas certains de l'exacte contemporanéité du passage des deux groupes, dont les effectifs ne sont d'ailleurs pas connus. Mais la seule présence de thérizinosaures en Alaska est en soi intéressante car assez rarement documentée alors que c'est au cœur de l'Asie qu'ont surtout été retrouvés des fossiles de ce cladeclade de théropodes.
La proximité des deux traces sur le même socle rocheux est, elle, en revanche, une première dans cette région, comme les auteurs l'expliquent dans un article de Scientific Reports (publications en accès libre de la revue Nature). En Mongolie, rapporte Anthony Fiorillo, des restes ou des traces de ces deux familles ont été trouvées mais c'est la première fois qu'une telle coexistence est démontrée en Alaska et même dans toute l'Amérique du Nord.
Selon les auteurs, cette présence plaide pour la similarité, à l'époque, des écosystèmesécosystèmes entre ce qui est aujourd'hui l'Alaska et le cœur de l'Asie, occupé actuellement par la Mongolie. La région, pensent-ils, devait être humide et marécageuse. Ce milieu convenait à chacun de ces deux grands herbivores, ce qui suffit à expliquer leur coexistence, rendant inutiles des hypothèses sur des interactions écologiques complexes entre espècesespèces. À cette époque, concluent-ils, la région, avec le détroit de Bering, devait donc représenter une importante jonction entre l'Amérique et l'Asie pour les dinosaures.
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Ce qu’il faut
retenir
- Des empreintes de pas dans une roche calcaire formée au Crétacé supérieur montrent la coexistence de deux groupes de dinosaures, les hadrosaures et les thérizinosaures, en Alaska.
- Cette coexistence suggère que le milieu ressemblait alors à celui du centre de l'Asie.
- Elle indique aussi que l'Alaska a constitué un pont important entre Amérique et Asie pour les populations de grands dinosaures.