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Dans le monde, les villes accueillent un million de personnes de plus chaque semaine. Les citadins sont aujourd'hui 3,6 milliards et seront 6,3 milliards en 2050, passant ainsi de la moitié aux deux tiers de la population mondiale. Les chiffres énoncés au début de ce documentaire, premier volet d'un triptyque sur les villes du futur, sont implacables et font froid dans le dosdos.
« Le monde s'urbanise à un rythme sans précédent », confirme Carlo Ratti, architectearchitecte-ingénieur au MIT, au début du film. Face à cette évolution, des idées émergentémergent et des projets sans précédent voient le jour. Dans cette enquête, Frédéric Castaignède s'est intéressé aux « villes nouvelles », titre de cet épisode : celles qui naissent à partir de rien et qui prennent déjà en compte les problèmes énormes des mégalopoles. L'approvisionnement en eau, en nourriture et en énergieénergie, les déplacements, la pollution, le recyclage des déchets... deviennent de plus en plus difficiles à mesure que l'agglomération s'agrandit. Mais en la construisant sur un sol vierge, dans le désert, voire sur l'eau, alors les ingénieurs et les architectes peuvent imaginer des solutions durables.
Et ces cités du futur existent. « Nous avons choisi trois villes à des stades différents », explique Frédéric Castaignède à Futura-Sciences. Son documentaire de 52 mn nous emmène ainsi en Arabie Saoudite, à King Abdullah Economic City, dont la constructionconstruction débute ; en Chine, à Tianjin Ecocity, partiellement construite et où vivent déjà 6.000 personnes ; et enfin en Corée du Sud, à Songdo, un quartier de 610 hectares gagnés sur la mer, dans la ville d'Incheon.
King Abdullah Economic City, Tianjin et Songdo : trois exemples analysés de près de ces villes construites de toutes pièces et qui cherchent, dès leur conception, à résoudre les problèmes des grands centres urbains. Gestion de l’énergie, isolation des bâtiments, transport en commun, voies piétonnes, surveillances en tout genre : ces villes sont parfaitement organisées. Les enquêteurs ont voulu savoir comment leurs habitants vivent cette technologie omniprésente. © Arte France - Docside Production - Rare Media - France - 2014 (diffusion internationale : Zed)
Ces merveilles technologiques deviendront-elles de vraies villes ?
« J'ai cherché à savoir comment les habitants vivaient dans ces villes. J'ai été par exemple très surpris par la manière dont cette Coréenne s'est appropriée les technologies de son immeuble, comme son compteur intelligent qui lui fait faire des économies. » Car ces « nouvelles villes » sont hyperconnectées. Pour l'approvisionnement en énergie ou en eau, pour les déplacements ou l'évacuation des déchets, les réseaux ont été conçus en même temps que tout le reste. Les bâtiments sont économes en énergie et surveillés de près. Des caméras filment les rues en permanence et même la collecte des déchets est analysée. Tout est sous contrôle dans ce meilleur des mondes. « C'est précisément l'illustration de la "troisième révolution industrielle" décrite par Jeremy Rifkin », résume Frédéric Castaignède.
Les commentateurs du documentaire, sociologues ou architectes, mesurent bien l'écueil que cette hyperorganisation génère. « L'observation des habitants va bien au-delà de la vidéosurveillance, jusqu'au recueil d'informations personnelles, souligne le réalisateur. C'est vraiment Big Brother. Comme le dit Daniel Kaplan dans le film, la clé de l'avenir de ces villes sera leur conscience. Seront-elles acceptées ? Resteront-elles des laboratoires de nouvelles technologies ou deviendront-elles des vraies villes ? »
Le documentaire ne donne pas la réponse, mais pose bien les données du problème. Présenté au festival Pariscience, qui réunit des films scientifiques, il sera prochainement diffusé sur Arte. Suivront deux autres opus sur les villes du futur. L'un traitera des fermes urbaines, un sujet pour lequel Futura-Sciences avait rencontré l'architecte Vincent Callebaut pour ses étonnantes réalisations. L'autre (Les villes intelligentesvilles intelligentes) montrera comment des villes existantes évoluent grâce à des technologies en réseau.