L’antibactérien triclosan fait régulièrement parler de lui. Soupçonné de perturber les fonctions musculaires chez l’Homme, il est également extrêmement nocif pour l’environnement. En taux croissant dans les eaux usées, cet antibactérien s’accumulerait en masse dans les lacs environnants. À quand l’interdiction totale d’utiliser ce composé ?

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    Connu pour être irritant et perturber le système hormonal, le triclosan, un antibactérien est pourtant utilisé dans un grand nombre de produits cosmétiques, lessives, savons et dentifrices. Si son rôle dans la prévention des gingivitesgingivites est avéré, la Food and Drug AdministrationFood and Drug Administration américaine n'a jusqu'à présent jamais réussi à prouver qu'un savon contenant cet antibactérien est plus performant qu'un autre.

    L'été dernier, un article des Pnas mentionnait en outre que le triclosan pouvait altérer les fonctions musculaires et en particulier la fonction cardiaque. De nombreux fabricants de cosmétiques avaient alors promis le retrait de l'antibactérien dans leurs produits, mais il subsiste dans de nombreuses lotions. Largement pointé du doigt pour la santé humaine, le rôle néfaste du triclosan sur l'environnement est en revanche tristement ignoré du grand public.

    Un exemple de polychlorodibenzo-p-dioxine (PCDD) : la 2,3,7,8-tétrachlorodibenzo-p-dioxine, dite dioxine de Seveso.<em> </em>Elle est l'une des plus nocives des PCDD. Ces dernières sont constituées de deux noyaux de benzène, de deux atomes d'oxygène et d'atomes de chlore, de fluor ou de brome. © Kelson, GNU 1.2

    Un exemple de polychlorodibenzo-p-dioxine (PCDD) : la 2,3,7,8-tétrachlorodibenzo-p-dioxine, dite dioxine de Seveso. Elle est l'une des plus nocives des PCDD. Ces dernières sont constituées de deux noyaux de benzène, de deux atomes d'oxygène et d'atomes de chlore, de fluor ou de brome. © Kelson, GNU 1.2

    Lorsque l'on se lave les mains, les eaux uséeseaux usées se charge en triclosan. Elle rejoint ensuite les canalisationscanalisations, puis finit dans les rivières ou les lacs environnants. Une nouvelle étude, menée par une équipe de l'université du Minnesota, a montré que dans les lacs où les eaux usées étaient rejetées, des taux croissants en triclosan étaient constatés.

    Les dérivés du triclosan toxiques pour la faune et la flore

    Ce n'est pas directement le triclosan qui est nocif pour l'environnement. Les eaux usées sont traitées au chlorechlore avant d'être rejetées dans les lacs, et c'est la combinaison des deux qui pose problème. Une fois exposés au SoleilSoleil, les dérivés formés du chlore et du triclosan créent à leur tour des polychlorodibenzo-p-dioxinesdioxines (PCDD). Ces dernières sont hautement toxiques pour la faune et la flore.

    Publiée dans Environmental Science and Technology, l'étude se base sur l'expertise de huit lacs distincts qui ont reçu différents taux d'eau usée. Dans chaque lac, des carottes d'un mètre de sédiments ont été extraites. Elles fournissent ainsi l'historique d'un siècle d'activité chimique des lacs. Les analyses montrent que dans ceux où il existe de nombreuses sources de rejets d'eaux usées, les concentrations de triclosan, des dérivés chlorés et des PCDD ont largement augmenté peu après 1964, année où le brevet pour le triclosan a été déposé.

    En revanche, dans les plus petits lacs où il n'y a qu'une seule source de rejet d'eaux usées, l'utilisation des UVUV pour traiter l’eau est largement préférée au chlore. Les dérivés chlorés du triclosan dans les sédiments ont clairement diminué depuis l'utilisation des UV. Dans les lacs où il n'y avait pas d'eaux usées rejetées, le triclosan n'a pas été détecté. Des études concernant l'impact du triclosan sur l'environnement ont déjà été réalisées, mais c'est la première fois qu'une telle comparaison est fournie. Elle permet de comprendre l'impact direct de l'antibactérien et des méthodes de traitement des eaux usées.