La Journée mondiale des espèces menacées se célèbre tous les ans le 11 mai. L’occasion cette année, de faire un petit point de la situation. Dans la fameuse Liste rouge de l’UICN, sortie en septembre 2016, quatre grands singes – sur six ! – étaient classés dans la catégorie « En danger critique d’extinction ». Chimpanzés et bonobos sont mieux lotis : ils ne sont « qu’en danger »… Dix espèces emblématiques ont ainsi changé de statut, venant s'ajouter à celles que l'UICN avait présentées lors du sommet de Copenhague, en 2009, comme victimes du réchauffement climatique.

au sommaire


    Article paru le 08/09/2016

    Sur les 82.954 espèces, animales et végétales, suivies par l'UICNUICN (Union internationale pour la conservation de la nature), 23.928 sont, en septembre 2016, « menacées d'extinction », selon la terminologie de la fameuse Liste rouge, un suivi réalisé depuis 1964. Soit 29 %. C'est le constat de la dernière édition, parue le 4 septembre 2016.

    Comme le montrait une étude de 2015, les grands herbivores terrestres sont en mauvaise posture. Alors que l'UICN tient à Hawaï son congrès mondial 2016, c'est la situation des grands singes qui est désignée comme préoccupante, avec quatre espèces dont les effectifs se sont considérablement réduits.

    Le Gorille de l’est

    Gorilla beringei, jusque-là « En danger », est désormais inscrit dans la catégorie « En danger critique d'extinction ». En 20 ans, affirme l'UICN, la population a diminué de plus de 70 %, pour se réduire aujourd'hui à moins de 5.000 individus. Une sous-espèce, le Gorille de Grauer, ou Gorille des plaines orientales (G. b. graueri), ne serait plus représentée que par 3.800 individus (en 2015), contre 16.900 recensés en 1994. C'est la réduction de leurs territoires qui affecte ces grands singes, mais aussi le braconnage. Mieux protégée, le Gorille de montagne, une autre sous-espèce (G. b. beringei), a, elle, vu ses effectifs augmenter mais la population connue n'est que de 880 individus.

    <a href="//www.futura-sciences.com/magazines/nature/infos/actu/d/zoologie-singes-ne-parlent-pas-mais-nen-seraient-pas-si-loin-59388/" title="Les singes ne parlent pas... mais n’en seraient pas si loin" target="_blank">Koko</a>, femelle gorille en captivité qui a participé durant de longues années à des expériences sur le langage et le comportement. On la voit ici avec Smoky, un chat qui était son compagnon. C'est le cadeau qu'elle avait demandé pour son quarante-quatrième anniversaire, après la mort de son précédent chat, qu'elle avait elle-même surnommé All ball. Alors que l'on connaît si mal le comportement de cette espèce, les congénères sauvages de Koko sont apparemment voués à disparaître. © <em>Gorilla Foundation</em>

    Koko, femelle gorille en captivité qui a participé durant de longues années à des expériences sur le langage et le comportement. On la voit ici avec Smoky, un chat qui était son compagnon. C'est le cadeau qu'elle avait demandé pour son quarante-quatrième anniversaire, après la mort de son précédent chat, qu'elle avait elle-même surnommé All ball. Alors que l'on connaît si mal le comportement de cette espèce, les congénères sauvages de Koko sont apparemment voués à disparaître. © Gorilla Foundation

    Le Gorille de l’ouest et les orangs-outans

    Installées à l'ouest de l'Afrique centrale, les populations de Gorille de l'ouest (Gorilla gorilla) sont en décroissance. L'espèce est désormais « au bord de l'extinction », selon l'UICN, et pour les mêmes raisons que le Gorille de l'est. L'Orang-outan de Bornéo et l'Orang-outan de Sumatra le sont également. Dans l'édition du 4 septembre 2016 de la Liste rouge de l'UICN, ces deux grands primates asiatiques sont classés « En danger critique d'extinction ». À Bornéo et à Sumatra, la réduction drastique des surfaces de forêts où ils vivent est la première cause de la raréfaction des orangs-outans.

    Le Zèbre des plaines

    Longtemps, les grands troupeaux de zèbres (Equus quagga) ont abondé en Afrique mais les populations ont régressé de 24 % en 14 ans, de 660.000 à 500.000 individus. L'UICN, qui classait ce grand mammifère dans la catégorie « Préoccupation mineure », le considère désormais comme « Quasi menacé », constatant la diminution dans 10 des 17 pays de son aire de répartitionaire de répartition. « Le Zèbre des plaines est menacé par la chasse, pour la viande de brousse et les peaux, en particulier quand les animaux sortent des aires protégées » explique l'UICN.

    Symboles des savanes africaines, les troupeaux de zèbres se font de moins en moins nombreux car leur viande est appréciée des humains. © Paul Maritz, cc by 2.5

    Symboles des savanes africaines, les troupeaux de zèbres se font de moins en moins nombreux car leur viande est appréciée des humains. © Paul Maritz, cc by 2.5

    Les antilopes céphalophes

    Comme les zèbres des plaines, trois espèces d'antilopesantilopes africaines, le Céphalophe à bande dorsale (Cephalophus dorsalis), le Céphalophe à ventre blanc (Cephalophus leucogaster) et le Céphalophe à dosdos jaune (Cephalophus silvicultor) en restaient jusque-là au statut « Préoccupation mineure ». Mais, en dehors des régions protégées, la chasse illégale et la réduction de leurs territoires en font des espèces « Quasi menacées ».

    Antilopes africaines, les céphalophes sont de petites tailles et vivent surtout dans les forêts, comme cette <em>Cephalophus silvicultor</em>. Leurs populations ont beaucoup diminué ces dernières décennies. © Raul654, CC BY NC-SA 3.0

    Antilopes africaines, les céphalophes sont de petites tailles et vivent surtout dans les forêts, comme cette Cephalophus silvicultor. Leurs populations ont beaucoup diminué ces dernières décennies. © Raul654, CC BY NC-SA 3.0

    Les dix espèces menacées par le réchauffement climatique

    Les dix espèces suivantes sont, elles, directement affectées par le changement climatiquechangement climatique - lequel est d'origine anthropique -, comme le démontrait le rapport de l’UICN présenté à l'occasion du sommet sur le climatclimat de Copenhague, en 2009. Sans surprise, ce sont les écosystèmesécosystèmes polaires qui soufrent le plus, mais les milieux tropicaux sont eux aussi touchés.

    Sans action décisive face au changement climatique, ces espèces qui font partie du patrimoine de notre société à travers les paysages, l'iconographie, les statues, les films, les logos d'entreprise ou encore les contes, risquent de disparaître.

    Le renard polaire

    Habitué des régions arctiquesarctiques, le renard polairerenard polaire (Vulpes lagopus) est adapté au froid. Le réchauffement de ce milieu, plus important et plus rapide qu'aux basses latitudeslatitudes, affecte la survie de la faunefaune.

    Un renard polaire, avec son pelage différent de celui du renard roux, qui lui permet de résister à des températures très basses. © Domaine public

    Un renard polaire, avec son pelage différent de celui du renard roux, qui lui permet de résister à des températures très basses. © Domaine public

    Le koala cendré

    Symbole de l'Australie avec le kangouroukangourou, le koala cendré (Phascolarctos cinereus) est menacé par l'évolution du climat et la réduction de son biotopebiotope.

    Le manchot empereur

    Comme le renard polaire, le manchot empereur (Aptenodytes forsteriAptenodytes forsteri) voit son milieu, sur la côte de l'AntarctiqueAntarctique, changé au fil des années.

    Des manchots empereurs en Antarctique, excellemment adaptés au froid, par leur physiologie mais aussi par leur comportement. © Sandwichgirl, Flickr, cc by-nc-nd 2.0

    Des manchots empereurs en Antarctique, excellemment adaptés au froid, par leur physiologie mais aussi par leur comportement. © Sandwichgirl, Flickr, cc by-nc-nd 2.0

    Le poisson-clown

    L'amphiprion, ou poissonpoisson-clown (alias Nemo), vit sur les récifs coralliensrécifs coralliens. Tout ce qui affecte les coraux a donc une influence directe sur la vie des populations de cette espèce. Les activités humaines et le réchauffement des eaux superficielles de l'océan constituent pour lui une menace.

    Le béluga

    Ces grands cétacés blancs, qui affectionnent l'océan Arctique et ne descendent jamais à moins de 50° de latitude, préfèrent les eaux froides et sont donc sensibles au réchauffement des eaux superficielles. Ils souffrent, directement, des activités humaines, comme la pollution sur la côte atlantique du Canada.

    Le béluga fréquente les régions littorales mais aussi la haute mer des régions arctiques et subarctiques. Les effectifs sont peu nombreux. © Steve Snodgrass, Flickr:Beluga, CC BY 2.0

    Le béluga fréquente les régions littorales mais aussi la haute mer des régions arctiques et subarctiques. Les effectifs sont peu nombreux. © Steve Snodgrass, Flickr:Beluga, CC BY 2.0

    Le saumon

    La huitaine d'espèces que les humains appellent saumonssaumons sont presque toutes en régression, avec des causes diverses et mal estimées. La surpêchesurpêche, le réchauffement des eaux et la pollution des rivières par les pesticidespesticides sont des facteurs fortement soupçonnés.

    Le phoque marbré

    Bien connu en baie de Somme, le phoque marbré (ou annelé) est malmené par les modifications du climat dans les régions arctiques.

    La tortue luth

    Avec des effectifs en baisse, la tortue luth (Dermochelys coriaceaDermochelys coriacea) est considérée par l'UICN comme une espèce « vulnérable ». Ces reptilesreptiles sont piégés (et meurent noyés) dans les grands filets de pêchepêche et voient se raréfier les endroits de la côte où elles peuvent pondre sereinement. L'espèce, cependant, est protégée.

    La protection de l'espèce depuis de nombreuses années porte ses fruits. Mais les effectifs sont toujours en diminution, d'après les données de l'UICN. © Brian J. Hutchinson

    La protection de l'espèce depuis de nombreuses années porte ses fruits. Mais les effectifs sont toujours en diminution, d'après les données de l'UICN. © Brian J. Hutchinson

    Le corail acropore

    Acropora est le corailcorail le plus abondant dans les récifs de la planète. Son état de santé global est donc celui des récifs : déclinant. Les causes (activités humaines sur le littoral et réchauffement des eaux superficielles) sont bien documentées.

    Le kokerboom

    Cet aloèsaloès de Namibie, encore appelé arbrearbre carquois (Aloe dichotoma de son nom scientifique), supporte mal l'élévation des températures de sa région. Depuis plusieurs années, il opère une migration vers le nord, à la lente vitessevitesse dont sont capables les populations de végétaux.

    Le kokerboom (soit arbre carquois en français) est endémique de l'Afrique du Sud et de la Namibie. Il peut vivre jusqu'à 350 ans. © Wendy Foden

    Le kokerboom (soit arbre carquois en français) est endémique de l'Afrique du Sud et de la Namibie. Il peut vivre jusqu'à 350 ans. © Wendy Foden

    Que faire pour protéger le futur de ces espèces ?

    Voici les conseils de l'UICN :

    1. Au niveau personnel : réduire sa consommation d'énergieénergie ;
    2. Au niveau politique : s'assurer que les dirigeants politiques adhèrent à un engagement fort de réduction des gaz à effet de serregaz à effet de serre dès maintenant ;
    3. Au niveau social : faire circuler l'information sur les effets du changement climatique sur les espèces ;
    4. Au niveau social, toujours : trouver un moyen de soutenir la conservation des espèces près de chez soi et soutenir les organisations qui travaillent à la sauvegardesauvegarde des espèces menacées par le changement climatique.