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Dimanche, 192 délégations internationales arriveront à Cancun, une station balnéaire du Mexique, au sud-est du pays, à la pointe de la presqu'île du Yucatan. Elles viendront participer à deux grandes réunions : la seizième convention cadre de l'ONU sur les changements climatiqueschangements climatiques (CCNUCC), alias COP 16 (pour Conference of Parties), et la sixième conférence des parties du Protocole de Kyoto, ou CMPCMP 6, où travaillent les pays signataires du protocole dit de Kyoto.
On est bien loin de l'enthousiasme qui avait précédé COP 15, le précédent sommet à Copenhague. En décembre 2009, il avait suscité un immense intérêt de la part du public et la petite sirène de la capitale danoise avait vu défiler 45.000 personnes, y compris une kyrielle de chefs d'États qui avaient fait le déplacement à la fin de la réunion.
Cette fois, à deux jours du début des discussions, les commentateurs et les futurs négociateurs annoncent tous que le résultat sera, au mieux, modeste. « Nous pouvons atteindre un accord partiel qui nous donnera une feuille de route jusqu'au prochain sommet de Durban [COP 17, NDLRNDLR] et pour l'après-Kyoto [le protocole de Kyoto prendra fin en 2012, NDLR] » nous explique Brice Lalonde. Ambassadeur chargé des négociations sur le changement climatique (depuis 2007), il s'apprête à partir pour le Mexique pour défendre les positions françaises, qui se veulent, nous dit-il, « pragmatiques ».
En décembre 2009, la petite sirène de Copenhague a réalisé que, oui, le niveau des océans allait monter... © elv / Flickr - Licence Creative Commons (by-nc-sa 2.0) - Montage Futura-Sciences
Après Rio et Kyoto, un duel Chine-États-Unis
À Copenhague, on attendait un accord global d'envergure mais les négociations ont vite patiné. Il a fallu une série finale d'entretiens entre chefs d'États pour parvenir à plusieurs engagements : limiter la hausse des températures mondiales à 2 °C et financer à la fois la lutte contre les déforestations et les adaptations imposées aux pays qui subiront le plus les effets du réchauffement (30 milliards de dollars pour trois ans et 100 milliards d'ici à 2020).
Le Sommet de la Terre, en 1992, a scellé un engagement international en faveur de la protection de l'environnement.
Face aux attentes, cet accord minimaliste a été perçu comme un échec et, aujourd'hui, les négociateurs du COP 16 tempèrent les optimismes. « La situation est vraiment complexe, témoigne Brice Lalonde, surtout parce qu'il existe aujourd'hui deux cadres : celui de la convention cadre sur le climat, né à Rio en 1992, et le protocole de Kyoto. » C'est pourquoi il y a deux réunions à Cancun, COP 16 et CMP 6, et c'est aussi pourquoi tous les pays ne sont pas concernés de la même manière. En 1992, les discussions ont démarré en faisant la distinction entre deux catégories de pays : développés et en voie de développement. Aujourd'hui, les seconds sont devenus « émergentsémergents » et leur activité économique, donc leur contribution à l'effet de serre, est considérable, à l'instar de la Chine, de l'Inde ou du Brésil. Du côté du protocole de Kyoto, les États-Unis refusent toujours de le ratifier.
Or, en matièrematière d'émissionsémissions de gaz à effet de serre (GES), les deux champions sont désormais la Chine (qui a ratifié Kyoto mais qui n'est pas concernée par Rio), juste devant les États-Unis (qui étaient à Rio mais qui ne veulent pas de Kyoto). Et c'est entre ces deux géants que se joue le principal enjeu de la réunion mexicaine...
La Chine : + 60 % de gaz à effet de serre en 2020 ?
Les deux s'engagent déjà, de fait, dans la réduction de leurs émissions de GES. « La Chine a planté un nombre considérable d'éolienneséoliennes et elle est le premier producteur mondial d'électricité d'origine photovoltaïque, souligne Brice Lalonde. Mais le pays est premier en tout... y compris pour l'électricité produite avec des centrales à charboncharbon. » En tant que pays émergent, la Chine n'est pas tenue de respecter les 2 % de baisse d'émission de GES. Elle n'annonce que des réductions rapportées à l'unité de PIB (produit intérieur brutproduit intérieur brut). « Avec les valeurs actuelles, cela conduirait pour la Chine à augmenter ses émissions de GES de 60 % en 2020... » rapporte Brice Lalonde.
Le centre d'exposition et de conférences CancunMesse, à Cancun, accueillera les 192 délégations prêtes à discuter climat. © DR
Alors que faut-il attendre de Cancun ? Rien ? Plus que cela, sans doute, heureusement... Malgré les efforts réels consentis à l'échelle de la planète, les émissions humaines de gaz à effet de serre n'ont jamais été aussi élevées, selon le dernier rapport de l'Organisation météorologique mondiale. Les inquiétudes sont réelles : pour la première fois, la semaine dernière, s'est tenue une réunion mondiale des grandes villes de la planète. Elle s'est déroulée à Mexico, justement, et 135 délégations y ont discuté d'initiatives à prendre pour s'adapter aux futurs changements de climat, inscrites dans le pacte de la ville de Mexico. « L'absence d'accord global à Copenhague, en la présence de plus de 150 chefs d'État, nous annonce clairement qu'il ne faut pas attendre la même ambition de Cancun » y a déclaré Michel Delebarre, député-maire de Dunkerque.
On a vu plus motivant comme prélude à une grande réunion mondiale... « Il faut déjà confirmer les engagements pris à Copenhague, estime Brice Lalonde. Et transformer en vraies décisions ceux qui peuvent être mis en pratique. La France poussera également à ce qu'on rende justice aux pays qui, comme en Afrique, subissent déjà les effets du réchauffement. » « La politique est clairement en retard, concède l'ancien militant écologiste. Après le choc pétrolier des années 1970, nous n'aurions pas dû relâcher l'effort sur les économies d'énergieénergie quand le prix du pétrolepétrole a baissé. À Cancun, il faut obtenir un effet de cliquet, pour continuer ensuite. Je pense qu'on peut se mettre d'accord... »
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